Tom Enders, président d’EADS, veut accélérer l’innovation dans l’aéronautique

Le 07/03/2013 à 22:41 par Jacques zzSUEAYGhcIE

Lors de la cérémonie d’ouverture du CeBIT, à Hanovre, Tom Enders a souligné que les exigences élevées en matière de sécurité dans l’aéronautique ralentissent l’adoption des dernières avancées en matière de composants électroniques et de logiciels.

“Un véhicule martien de haute technologie fonctionne avec des processeurs datant du siècle dernier. N’importe quelle console de jeu est plus moderne”. C’est à cette image que Tom Enders, président exécutif d’EADS, a confronté les participants lors de la cérémonie d’ouverture du CeBIT 2013, qui se tient en ce moment à Hanovre.

Il a présenté le rover martien “Bridget”, fruit d’une collaboration entre Astrium, filiale d’EADS, et l’Agence spatiale européenne. “Si ce bijou de technologie est non seulement apte à escalader les rochers et creuser le sol, mais aussi capable de définir son chemin sur la planète Mars en toute autonomie, le cœur de son processeur date toutefois des années 1990”, a-t-il souligné.

Tom Enders observe dans le domaine de l’innovation un fossé croissant entre l’industrie informatique et l’industrie de transformation, qui serait lié aux cycles de vie et d’innovation différents des produits. “Quand Bridget s’envolera vers Mars en 2018, la puissance des ordinateurs aura été multipliée par trois par rapport à aujourd’hui”, a-t-il indiqué. “Son calculateur aura alors 30 ans”.

Selon Tom Enders, l’industrie informatique a contribué à améliorer la sécurité et à réduire l’empreinte écologique de l’aviation. Mais si l’industrie de transformation imposait à l’origine sa cadence au secteur des microcontrôleurs et logiciels, les rôles sont aujourd’hui inversés. C’est l’industrie informatique, et plus particulièrement l’informatique grand public, qui mène désormais la danse. Les innovations réalisées dans ces domaines offrent aux autres secteurs des processus de production et des perspectives entièrement nouveaux.

“La durée de vie totale d’un avion, des premiers travaux de recherche au retrait du service, peut s’étendre sur 90 ans”, a déclaré Tom Enders. Les coûts de lancement d’un nouvel appareil s’élèvent à plus de dix milliards d’euros. Près de trois millions de pièces doivent fonctionner sans faille du premier au dernier jour. La vie de plus de trois milliards de personnes dépend chaque année du bon respect des normes de sécurité. C’est ce qui distingue l’aéronautique des secteurs où les modèles sont fréquemment remplacés.

Aujourd’hui, la certification d’un nouveau type d’appareil par les autorités de contrôle implique également le gel des composants logiciels selon l’état de la technique au moment de la certification. Ainsi, quand les compagnies aériennes mettent l’aéronef en service, les logiciels sont d’ores et déjà obsolètes. “Aux quelque 200 millions d’euros d’investissement nécessaires au développement informatique d’un nouveau type d’appareil s’ajoutent des coûts bien plus élevés de maintenance, car on a affaire dès le départ à des systèmes obsolètes”, a déclaré Tom Enders.

Il a invité à “révolutionner les processus d’innovation sans nuire à l’industrie. Nous devons accélérer l’innovation sans faire de compromis sur la sécurité”. Il a appelé l’ensemble des acteurs du secteur à coopérer afin de réduire ce retard en matière d’innovation. “Shareconomy est la devise du CeBIT 2013. A nous de la mettre en pratique en nous asseyant autour d’une table et en unissant nos efforts pour combler ce fossé”, a-t-il poursuivi. Et de conclure qu’une telle coopération profiterait non seulement au secteur aéronautique et spatial, mais également à toutes les industries de transformation.

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