La puissance de calcul des ordinateurs utilisée comme radiateur

Le 31/01/2014 à 14:15 par Jacques zzSUEAYGhcIE

Qarnot Computing, une start-up franilienne, a eu l’idée du concept de radiateur-ordinateur. Les calories dégagées par le calcul des processeurs peuvent ainsi permettre de chauffer des habitations, des bureaux, des écoles.

Un ordinateur, ça consomme de l’énergie, ça chauffe et ça fait du bruit. C’est en essayant de supprimer ces « nuisances » que Paul Benoit, ingénieur X Télécom, a inventé le Q.rad, un radiateur numérique. Le concept est simple : les résistances du radiateur sont remplacées par des ordinateurs réduits à leur plus simple expression, c’est-à-dire essentiellement des processeurs capables d’effectuer des calculs. L’utilisateur branche le radiateur sur une prise Internet et règle le thermostat à la température souhaitée. Cette invention a donné naissance à la start-up Qarnot Computing, basée à Montrouge, près de Paris, qui se charge d’envoyer des calculs à effectuer pour atteindre, puis maintenir la température des radiateurs.

Les résistances électriques qui transforment chaque watt d’électricité en chaleur dans un radiateur électrique traditionnel sont remplacées par des processeurs de calcul. Ils produisent la même quantité de chaleur, tout en effectuant une opération intelligente. Plus l’utilisateur monte le chauffage, plus les microprocesseurs pourront effectuer des calculs, tous les radiateurs étant reliés à Internet.

Cette capacité de calcul est vendue par Qarnot Computing aux entreprises et aux centres de recherche. Selon la société, les calculs que réclame la réalisation d’un film d’animation en 3D permettraient de chauffer plusieurs milliers de logements pendant un an. La société vend cette puissance de traitement à des entreprises. Toutes les entreprises ont en effet besoin de calculs et de stockage de données. Elles s’appuient d’ordinaire sur de puissants serveurs informatiques hébergés le plus souvent dans des data-centers.

Dans les datacenters, les calculs dégagent une énorme quantité de chaleur, dont le refroidissement représente 80% du coût du bâtiment. A l’inverse, Qarnot Computing propose une solution de calcul distribuée, répartie dans des radiateurs qui possèdent la puissance de 4 PC. « Cela revient moins cher aux entreprises que lorsqu’elles font appel à un data center puisqu’il n’y a pas de datacenter à construire, à alimenter enénergie, à gérer, à refroidir. De plus, cela produit de la chaleur gratuitement », explique Paul Benoit. Et les clients ne manquent pas ! « Toutes les entreprises ont besoin de calcul intensif, que ce soit pour de l’animation en 3D, de la simulation scientifique, de l’analyse de risque bancaire, de la recherche pétrolière, etc. »

La plate-forme Qarnot computing fonctionne tout au long de l’année. S’il fait très froid et que la demande de calcul ne suffit pas, la société met sa puissance de traitement gratuitement au service de réseaux associatifs ou propose à des chercheurs d’utiliser ses ressources. Quand le temps se réchauffe, les habitants peuvent passer en mode « basse consommation » ou couper leurs radiateurs.

Pour conserver un minimum de puissance de calcul tout au long de l’année, en particulier en été, Qarnot computing privilégie les lieux les plus adaptés : les régions « froides », les écoles ou les universités fermées en été, les logements étudiants, les bâtiments de montagnes, etc.

Le Centre Francilien de l’Innovation a accompagné l’entreprise dans la structuration de son projet d’innovation. Soutenue financièrement dès le début du projet par la Région Île-de-France, une première subvention AIMA (Aide à la maturation de projets innovants) de 20 000 euros a financé l’étude de faisabilité technique. En 2011, le projet a été validé et la société a été créée. Qarnot computing a reçu une Aide à l’Innovation Responsable (AIR) pour un montant de 80 000 euros.

Paul Benoit estime que d’ici à cinq ans, 100 000 radiateurs correspondant à 20 000 logements, pourront être opérationnels. A l’été 2014, la start-up inaugurera 300 radiateurs dans un logement social, en partenariat avec la régie immobilière de la Ville de Paris. « Ce projet est non seulement innovant, mais il a une vraie dimension sociale puisqu’il apporte du chauffage gratuitement dans des logements sociaux ! », conclut Frédéric Duriez, conseiller du Centre francilien de l’innovation.

 

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