Guerre commerciale sino-américaine : UMC mis en cause dans une affaire d’espionnage

Le 02/11/2018 à 14:17 par Jacques zzSUEAYGhcIE

Le Chinois Fujian Jinhua Integrated Circuit, le fondeur taïwanais UMC et trois ressortissants taïwanais sont inculpés par la justice américaine pour avoir tenté de voler des secrets industriels de Micron Technology.

La justice américaine a annoncé l’inculpation de Fujian Jinhua Integrated Circuit, société contrôlée par le gouvernement chinois ainsi qu’une entreprise taïwanaise – le fondeur UMC – et trois ressortissants taïwanais pour avoir tenté de voler des secrets industriels de l’entreprise Micron Technology afin de permettre à la Chine de développer une industre des Dram à la pointe de la technologie.

« Comme cette affaire et d’autres cas récents l’ont montré, l’espionnage économique chinois contre les Etats-Unis augmente, et augmente rapidement », a affirmé le ministre américain de la Justice, Jeff Sessions, et a annoncé des poursuites, indique l’AFP.

Micron, basée dans l’Idaho (nord-ouest des Etats-Unis) est le quatrième fabricant mondial de semi-conducteurs avec une part de marché de 20 à 25% de l’industrie des Dram, « une technologie que ne possédait pas les Chinois jusqu’à récemment », a précisé M. Sessions, évaluant le préjudice pour la société américaine à 8,75 milliards de dollars.

« Si les Etats-Unis sont véritablement préoccupés, ils devraient présenter des preuves tangibles », a rétorqué Lu Kang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse.

Des ex-employés taïwanais de Micron

Trois ressortissants taïwanais dont Chen Zhengkun, alias Stephen Chen, ancien directeur d’une filiale taïwanaise de Micron, MMT, seraient impliqués. Selon l’acte d’accusation, M. Chen a démissionné de son poste en juillet 2015 pour rejoindre UMC. Là, il a « négocié un accord de coopération entre UMC et Fujian Jinhua selon lequel, grâce au financement de Fujian Jinhua, UMC transfèrerait la technologie des Dram à Fujian Jinhua en vue d’une production de masse », précise encore l’AFP. Il aurait aussi débauché deux salariés de MMT qui auraient « volé et amené à UMC plusieurs secrets commerciaux de Micron liés au design et à la fabrication des Dram ».

La Chine a créé Fujian Jinhua en février 2016 pour fabriquer à terme des circuits électroniques, et plus particulièrement des Dram, composants pour lesquels elle ne souhaite plus être dépendante des fabricants américains ou coréens (Micron, Samsung, SK Hynix). Pékin avait alors investi 37 milliards de yuans (5,34 milliards de dollars) pour construire une ligne de production avec le soutien technologique d’UMC.

La justice a également annoncé une action au civil pour empêcher les deux sociétés visées de transférer leur technologie et pour empêcher leurs produits d’entrer sur le territoire américain.

Le ministère américain du Commerce a interdit récemment aux entreprises américaines de vendre leurs produits sans autorisation préalable à Fujian Jinhua, estimant que le fabricant chinois était en passe de produire en masse des Dram sans doute basées sur de la technologie américaine, et qu’il présente un risque important d’être impliquée dans des activités contraires aux intérêts des Etats-Unis en matière de sécurité nationale.

Suite à cette annonce, UMC va fermer temporairement ses activités de R&D avec son partenaire chinois Fujian Jinhua. “UMC respectera toutes les réglementations gouvernementales et réorganisera temporairement ses activités de R&D pour le compte de Fujian Jinhua jusqu’à ce que les autorités compétentes nous autorisent à les reprendre”, a déclaré la société taïwanaise, a déclaré Richard Yu, responsable de la communication chez UMC, à Reuters.

C’est la deuxième action d’envergure entamée contre un fleuron de la technologie chinoise après celle intentée à ZTE qui a été mis en difficulté depuis qu’elle a été coupé des relations commerciales avec ses fournisseurs américains.

 

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