13 pays européens dont la France et l’Allemagne s’unissent en semi-conducteurs

Le 08/12/2020 à 13:13 par Jacques zzSUEAYGhcIE

Jusqu’à 20% des plans de relance européens, soit 145 milliards d’euros sur trois ans, pourraient être investis en commun dans la transition numérique, afin de renforcer la chaîne de valeur des semi-conducteurs et de réduire la dépendance de l’Europe aux fournisseurs américains et asiatiques, précise une déclaration commune publiée par la Commission européenne. L’Union européenne apportera son soutien à cette initiative, notamment à travers ses outils déjà en place comme le KDT, l’EuroHPC, la “Processor Initiative” et l’IPCEI.

La France, l’Allemagne et 11 autres pays européens vont unir leurs forces dans les semi-conducteurs. Alors que cette industrie constitue un enjeu de souveraineté face aux Etats-Unis et à l’Asie, l’Europe a pour objectif de réduire sa dépendance à travers l’initiative que viennent de lancer 13 Etats membres dont la France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et l’Espagne. Les 13 Etats signataires s’engagent à investir en commun dans les technologies avancées de semi-conducteurs “à travers toute la chaîne de valeur” avec l’appui de l’Union européenne, en mobilisant les principaux acteurs du secteur en vue d’une “future alliance industrielle”, selon une déclaration commune publiée sous l’égide de la Commission européenne.

Les 13 Etats membres signataires conviennent de travailler ensemble pour renforcer l’électronique européenne et la chaîne de valeur des systèmes embarqués. Cela comprendra un effort particulier pour renforcer la position de l’Europe dans le domaine des semi-conducteurs, notamment les processeurs, et d’étendre la présence industrielle européenne à travers la chaîne d’approvisionnement, afin de relever les principaux défis technologiques, sécuritaires et sociétaux. Ils entendent également travailler à l’établissement de standards communs pour des technologies électroniques sécurisées. L’objectif est “d’établir des capacités européennes avancées dans la conception et la production de puces”, ont-ils expliqué.

Etablir une industrie européenne des semi-conducteurs solide en termes de capacités de conception et de production

Cette coopération vise à établir une industrie européenne des semi-conducteurs solide en termes de capacités de conception et d’installations de production. Les semi-conducteurs étant intégrés dans de nombreuses applications comme l’automobile, les équipements médicaux, les téléphones portables, les réseaux de télécommunications, la surveillance environnementale, il convient pour l’Europe de rattrapper son retard. En tant que tels, ils sont les pierres angulaires de l’innovation et sont au cœur de la compétitivité industrielle dans le monde du numérique.

L’industrie des semi-conducteurs est une industrie mondiale basée sur des technologies très avancées à toutes les phases de la chaîne de valeur, depuis les équipements de fabrication de semi-conducteurs, la conception, la production, les tests, depuis le packaging jusqu’à l’intégration et la validation dans les produits finis.

Les dépenses de R&D en semi-conducteurs rapportés aux revenus sont parmi les plus élevées de toutes les industries – généralement entre 15 et 20%. En raison de ces dépenses élevées, la consolidation prévaut dans cette industrie, selon le texte de la déclaration commune. C’est une nouvelle réalité géopolitique, industrielle et technologique, soulignent les signataires.

La part de l’Europe n’est que de 10% du marché mondial

La plupart des grandes régions du monde ont déjà renforcé leurs écosystèmes locaux de semi-conducteurs en vue d’éviter des dépendances excessives aux importations. Mais l’Europe accuse un certain retard en la matière même si elle possède des atouts notables dans des domaines spécifiques de l’industrie des semi-conducteurs, tels que l’énergie, les radiofréquences, les capteurs intelligents pour l’Intelligence artificielle embarquée, les microcontrôleurs, les technologies faible consommation, les composants sécurisés et les équipements de fabrication de semi-conducteurs. L’Europe a également une forte position technologique dans les mobiles, les réseaux, y compris les technologies 5G actuelles et 6G émergentes. Cependant, la part de l’Europe dans le marché mondial des semi-conducteurs (évalué à 440 milliards d’euros) est de seulement 10%, bien en dessous de sa position économique globale. Aussi, l’Europe est de plus en plus dépendante des puces produites dans d’autres régions du monde – notamment celles utilisées pour les communications électroniques, le traitement des données et les tâches de calcul.

Afin d’assurer la souveraineté technologique et la compétitivité de l’Europe, ainsi que sa capacité à relever les principaux défis environnementaux et sociétaux et nouveaux marchés de masse émergents, il convient pour elle d’être présente dans le développement des prochaines générations de semi-conducteurs pour la connectivité haut débit, les véhicules automatisés, l’aérospatiale et la défense, la santé et l’agroalimentaire, l’intelligence artificielle, les centres de données, la photonique intégrée, le supercalcul et l’informatique quantique, dans le but de renforcer la valeur globale de l’électronique et des systèmes embarqués.

Utilisation des outils existants

La déclaration commune vise à créer des synergies entre les initiatives nationales de recherche et d’investissement et à assurer une approche européenne cohérente d’une échelle suffisante. Elle s’appuie sur des efforts collectifs déjà en cours (KDT, EuroHPC, Processor Initiative et l’IPCEI) dans le domaine de la microélectronique. Cela nécessitera des investissements à partir du budget de l’Union européenne et des budgets nationaux (y compris si possible par le biais des plans nationaux de relance et de résilience), ainsi que de la part des entreprises du secteur des semi-conducteurs. 20% des plans européens de relance et de résilience pourraient être consacrés à la transition numérique, soit 145 milliards d’euros sur les 3 prochaines années. 

Le commissaire européen en charge du Marché intérieur et du Numérique, Thierry Breton, a salué « un bond en avant important ». Cette initiative « va poser les bases d’une alliance industrielle », a-t-il déclaré dans un communiqué.

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