Reprise des sites français et italiens de Jabil : entre promesses et doutes

Le 18/06/2010 à 16:20 par Didier Girault

D’un côté, Mercatech, le repreneur, promet des investissements importants pour le site italien et assure aux salariés brestois qu’il maintiendra les conditions de sortie négociées avec Jabil en 2008 en cas de licenciements. De l’autre, il veut boucler l’opération d’ici fin juin…

Après l’annonce faite aux employés par la direction de Jabil, le 10 juin dernier, d’une reprise des sites français de Brest (200 employés) et de Gallargues (Gard, 25 salariés), ainsi que des usines italiennes de Marcianise (Campanie) et de Cassina de Pecchi (Milanais) par le fonds américain Mercatech, les communications se multiplient entre les salariés, la direction de Jabil et le repreneur.
Actuellement, à Brest, les négociations entre les syndicats et la direction portent sur le montant de la prime de transfert des salariés du site brestois de Jabil à Compétence, filiale de Mercatech repreneuse des usines françaises et italiennes de Jabil.
La solidité financière de Compétence, notamment quant à sa capacité à offrir les mêmes conditions de départ que Jabil Brest en cas de suppressions d’emplois, est aussi en question. Car, point positif, Compétence garantit le maintien des conditions de sortie négociées avec Jabil Brest en 2008.
Enfin, la volonté de la direction de Jabil et Mercatech de boucler l’opération avant fin juin pose aussi problème aux salariés de Brest.

La stratégie de Mercatech

Le fonds privé américain Mercatech, qui a réalisé 210 millions de dollars d’investissements en fonds propres, souhaite ainsi que l’opération soit menée tambour battant. Son projet repose sur une diversification des fabrications actuelles des sites français et italiens (assemblage de cartes électroniques et intégration d’équipements) dans la production de panneaux solaires.
Mercatech a déjà racheté à Electrolux, le site italien Scandicci qui s’est engagé sur cette voie. A Brest, Mercatech prévoit d’investir dans l’installation d’une ligne de production de panneaux solaires pour laquelle des employés seraient envoyés en formation à la fin de cette année.

Quel avenir pour le site de Brest?

Toutefois, pour vendre à Mercatech le site de Brest, la direction de Jabil doit auparavant obtenir l’aval des salariés. En effet, en octobre 2008, elle a signé un accord interdisant la cession de ce site au cours d’une période de deux ans après l’accord, sauf si 80 % des salariés acceptent la proposition d’acquisition de leur site.
Dans la pratique, si le projet de Mercatech est accepté, le site de Brest prendrait le nom de Compétence, filiale du fonds américain, et ses salariés passeraient sous la tutelle de Compétence. Le scénario serait le même pour les trois autres sites français et italiens de Jabil.
Dino Saiani, actuel directeur financier de Jabil Europe, deviendrait le Pdg de Competence Europe, et Sylvain Gros, ex-directeur de Jabil Meung sur Loire, actuel responsable commercial de Jabil Brest, serait nommé responsable des opérations de Competence Europe.

Petit historique des sites concernés

L’usine Jabil de Brest emploie aujourd’hui quelque 200 personnes alors qu’elle en comptait 700 au moment de sa reprise à Alcatel, en 2002. Récemment, elle a été recapitalisée à hauteur de 23 millions d’euros de façon à gommer ses pertes. Elle travaille notamment pour Alcatel, Etrali-Orange, Mentor et IBM.
Les usines de Marcianise (Campanie) et de Cassina de Pecchi ont, elles, été rachetées à Nokia Siemens Networks en octobre 2007. En 1998, Jabil avait également repris l’usine italienne de Bergame à HP. Il a ensuite fusionné les activités de Bergame et de Cassina de Pecchi.

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