Bruno Lo-Ré, président-directeur général de MainTag: «En matière de RFID, il y a encore des verrous à faire sauter»

Le 16/03/2006 à 11:00 par La rédaction

2006 sera l’année du décollage du marché de la RFID, mais il subsiste quelques verrous en UHF. Un constat de Bruno Lo-Ré, Pdg de la société française MainTag, focalisée sur le développement et l’intégration de systèmes RFID complets, notamment en environnement sévère. Comment définiriez-vous l’état actuel du marché de la RFID ?

Bruno Lo-Ré: Le marché a dépassé le stade de l’évangélisation et est désormais convaincu des bénéfices apportés par la RFID. 2006 sera donc une année charnière pour l’identification radiofréquence, surtout que les acteurs du secteur ont dorénavant besoin de gagner rapidement des parts de marché. Les différents projets pilotes menés ici ou là à travers le monde ont permis d’identifier les avantages et les limites de chacune des technologies, ainsi que les métiers auxquels elles s’adressent en priorité. Ainsi, l’usage de la HF à 13,56 MHz s’avère adapté aux applications de monétique, de télépaiement et de sécurité. Ces applications exigent un minimum d’intelligence et de mémoire dans la puce ainsi qu’une très faible distance de lecture – et, donc, un geste conscient de l’utilisateur. La HF à 13,56 MHz suffit également largement pour l’identification d’objets à l’unité ou par petits lots. Quant aux fréquences UHF, entre 860 MHz et 960 MHz, leur usage est adapté aux distances de lecture importantes et à l’interrogation simultanée de plusieurs étiquettes électroniques, comme c’est le cas dans des applications de suivi d’unités logistiques de type cartons ou palettes.

Existe-t-il encore des problèmes techniques à régler ?

Bruno Lo-Ré: La RFID, en elle-même, n’est qu’une technologie. La notion importante, c’est l’échange rapide, automatique et fiable des données que permet la RFID. Or, dans la plupart des applications de lecture en masse sous portique, notamment en logistique, on ne peut pas accepter un taux de lecture inférieur à 100 %. C’est notamment le problème des ondes UHF, très sensibles à l’environnement. Les difficultés peuvent être liées à la qualité des portiques, à celle des tags RFID et même aux objets étiquetés, tant au niveau du contenant que du contenu. La présence de boîtes métalliques, de liquides, de feuilles d’aluminium sont autant d’entraves à l’obtention d’un taux de 100 %. L’une des parades consisterait à recourir à des étiquettes semi-actives, mais celles-ci sont de dix à vingt fois plus chères que les tags passifs… On est encore face à une sorte de verrou technologique, d’autant que la mise au point d’un portique RFID UHF réellement efficace est complexe, et que sa mise en place n’est pas vraiment à la portée de tous les installateurs. L’association française GS1 tente néanmoins de mener des campagnes de tests exhaustifs pour connaître avec exactitude les taux de lecture attendus dans les diverses configurations possibles. Par ailleurs, les lecteurs portables UHF, à la différence de leurs homologues HF, ont encore de gros progrès à faire. Les produits disponibles sont encore bien trop lourds et trop consommateurs d’énergie…

Les questions réglementaires sont-elles toutes réglées ?

Bruno Lo-Ré: Pour la HF, une bande de fréquences a été allouée à l’échelle mondiale et la norme d’interopérabilité ISO 18000-3 fait référence. Pour l’UHF, les choses sont moins claires. Côté norme d’interopérabilité, il semble que les promoteurs du standard EPC Gen2 soient suffisamment puissants pour l’imposer partout. Les spécifications EPC sont d’ailleurs en cours d’intégration à la norme ISO 18000-6. Mais l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie disposent de régulations différentes en la matière. Sur le Vieux Continent, de nombreux pays ont déjà avalisé une norme Etsi qui autorise l’utilisation de systèmes de lecture RFID dans la bande 865,6-867,6 MHz avec une puissance de 2 W. Ce n’est pas encore le cas de la France, car cette gamme de fréquences est occupée par les militaires. Seule est autorisée une puissance de 500 mW autour de 869,5 MHz (*). La différence n’est pas négligeable car, avec 2 W, les taux de lecture sous portique peuvent être très nettement améliorés. Certes, des dérogations temporaires sont possibles, mais on a clairement affaire à un frein technologique, lorsqu’il faut raisonner localement. 

(*) La France devrait faire évoluer la réglementation actuelle d’ici à l’été 2006.

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