Couverture ElectroniqueS n°127

Dans un climat plutôt optimiste, l'édition 2004 du salon RTS a confirmé l'ancrage de Linux comme système d'exploitation incontournable pour les systèmes embarqués et la montée en puissance de la plate-forme de développement en Open Source Eclipse. Cette année, sur le salon RTS qui s'est tenu du 30 mars au 1 er avril derniers au parc des expositions de la porte de Versailles, ce sont incontestablement les annonces du ralliement de la plupart des éditeurs de systèmes d'exploitation temps réel à la plate-forme d'accueil en Open Source Eclipse, dédiée au développement d'applications logicielles, qui ont retenu l'attention. Rappelons qu'Eclipse, qui est à l'origine un projet d'IBM, est une plate-forme logicielle ouverte conçue pour accueillir divers outils de conception, de débogage, de compilation… et faciliter leur intégration dans un cadre commun.Parmi les éditeurs d'OS temps réel, le canadien QNX fait figure de pionnier puisqu'il fut le premier à s'impliquer dans le développement de cette plate-forme au sein du consortium Eclipse. Il est notamment un des acteurs principaux du projet CDT (C/C++ development tools) qui permet à la plate-forme Eclipse écrite en Java d'accueillir des projets écrits en C/C++ (Electronique n° 145, p. 38). QNX fait aussi partie des membres dits « développeurs stratégiques » de la nouvelle organisation d'Eclipse qui passe du statut de consortium à celui de fondation, ce qui devrait encore renforcer son pouvoir d'attraction (voir « Tribune », p. 3). La version 6.3 de l'environnement de développement Momentics de la société, entièrement basé sur Eclipse, était présentée à l'occasion du salon. Celle-ci intègre le support natif des applications 3D et la capacité de gérer plusieurs applications graphiques réparties sur plusieurs écrans. Des caractéristiques adaptées notamment au marché de la télématique embarquée dans les automobiles que vise le canadien. Cette nouvelle mouture de Momentics possède en outre pour la première fois un logiciel d'analyse de couverture de code, ainsi qu'un outil de création automatique d'images de l'OS.Pentium M et Crusoe à l'honneur sur les cartesCôté cartes, cette année pas de nouveauté en termes de formats ou d'architectures. Concernant les modules processeurs (ou computer on modules), chacun défendait ses solutions ; ETX, X-Board et le dernier venu E2 Brain chez Kontron Elektronik, les Smart Modules chez Digital Logic et le format ESM chez Men Mikro Elektronik (Electronique n° 139, p. 48).A noter, toutefois, que le consortium en charge des spécifications PC/104 a annoncé, lors de l'Embedded Systems Conference qui se tenait à San Francisco aux mêmes dates que RTS, la spécification PCI/104, qui recouvre un format identique à celui du PC/104 Plus mais dans laquelle le connecteur Isa a été supprimé, d'où un gain d'environ 10 % en surface sur le module. De plus, l'abandon du bus Isa va permettre d'utiliser sans restriction sur le format PC/104 aussi bien les processeurs Arm, PowerPC, XScale, etc., que les FPGA qui proposent pour la plupart des blocs IP de connexion au bus PCI. En outre, le consortium PC/104 a pris à sa charge le format de carte EBX, initialement introduit par Motorola et Ampro en 1997, et qui est un format de carte processeur pour les applications embarquées (5,75 x 8 pouces).Dans le domaine des télécommunications, après plusieurs années difficiles, il semble que les investissements reprennent, ce qui devrait profiter en termes d'architecture au format Advanced TCA, conçu pour ce type d'applications (Electronique n° 134, p. 56). Les produits sur étagères commencent à arriver et, sur le salon, la société Schroff montrait sa gamme complète de châssis Advanced TCA, entièrement conforme au standard en matière de ventilation et de gestion système.Par ailleurs, les annonces sur le salon ont montré la généralisation de l'utilisation des processeurs Crusoe et Pentium M. Ainsi chez Men, la carte au format ESM (Embedded system module) EM05 intègre le processeur TM59000 Crusoe de Transmeta cadencé à 800 MHz. Pour les applications embarquées, les avantages sont multiples : la taille du processeur est réduite, ce qui permet par exemple à la carte EM05 d'intégrer un FPGA pour la gestion personnalisée des interfaces. De plus, ce processeur incorpore de manière native un circuit North-bridge, ce qui permet de réaliser un PC complet sur une carte, fonctionnant sous Linux ou Windows. Enfin son prix, inférieur à celui du Pentium M, et sa capacité à travailler en température étendue le rendent très attractif pour les systèmes embarqués. Erim propose une carte au format PC/104 bâtie sur le même processeur, le TM 59000. Sur cette carte, la très basse consommation du processeur évite la mise en place d'un ventilateur, le refroidissement se faisant de manière passive.Sur les cartes processeurs de plus grande puissance, au format CompactPCI, par exemple, le Pentium M se généralise. Ainsi, chez ADLink, représenté par Ecrin Systems, la carte CPCI 6840 au format 3U ou 6U intègre ce processeur, cadencé ici à 1,7 GHz. Entièrement compatible x86, le Pentium M présente l'avantage d'offrir une puissance élevée équivalente à un Pentium 4 à 2,4 GHz, tout en dégageant beaucoup moins de chaleur ; le refroidissement se fait ici de manière passive pour les modèles à 1,1 GHz, et avec un radiateur étudié pour les modèles à 1,6 GHz. A noter que la société Ecrin propose sur ces cartes sa propre distribution Linux, qui comprend un noyau 2.4, l'extension RTAI pour les applications temps réel, un débogueur GDB et le compilateur Gnu C/C++. La société introduisait aussi sur le salon la carte Compact PCI 6240 d'AD-Link, basée sur le processeur réseau IXP 2400 d'Intel, qui commence à être supporté par des environnements de développement indépendants comme celui de Green Hills, ce qui devrait faciliter la diffusion des applications basées sur ces processeurs.Chez SBS Technologies, le choix du Pentium M se retrouve aussi bien sur des cartes CompactPCI 3 et 6U (modèles CT9, CP9 et CR9) dédiées aux applications de communications et aux systèmes de contrôle de commande industriels, que sur des cartes VME (modèles VR9 et VP9). Enfin, Digital Logic est la première société au monde à avoir intégré Pentium M à la fois sur ses propres modules processeurs (les Smart Modules) mais aussi sur le format PC/104 (« Actualité », p. 18).

Eclipse, Linux et les processeurs Crusoe et Pentium M en vedette à RTS

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