Couverture ElectroniqueS n°127

En décidant de déployer la technologie Edge pour accroître les performances de son réseau GSM, le groupe de Martin Bouygues choisit un palier intermédiaire. En attendant un meilleur rapport qualité-prix des équipements et terminaux UMTS. Fidèle à ses convictions et, en parfaite logique avec lui-même, Martin Bouygues, président du groupe, a annoncé le déploiement, dès l'an prochain, de la technologie de radiocommunications Edge en France. L'Edge baptisée également 2,75G constitue le deuxième palier technologique du GSM, après celui du GPRS (2,5G), liant les deux grands systèmes de radiocommunications mobiles : le GSM d'une part et l'UMTS (3G), d'autre part. En clair, cette évolution consiste à “ booster ” le réseau existant en changeant certaines cartes de modulation des émetteurs-récepteurs installés dans les stations de base tout en effectuant une mise à jour logicielle. Le débit net maximal passe alors de 115 kbit/s dans le cas du GPRS à 384 kbit/s dans le cas de la technologie Edge, rebaptisée pour l'occasion EGPRS. En réalité, le débit net de cette technologie devrait plutôt se situer, du moins dans un premier temps, dans une fourchette de 150 à 200 kbit/s. De tels débits étant particulièrement gourmands en énergie, les fabricants de téléphones mobiles et les opérateurs s'entendent en effet pour que les terminaux ne fonctionnent qu'avec des débits inférieurs (ainsi les terminaux GPRS existants offrent-ils des débits plus proches des 50 kbit/s que des 115 kbit/s).Il n'empêche. Avec un réseau Edge (ou EGPRS) offrant un débit de 150 kbit/s, nous sommes maintenant loin des 9,6 kbit/s disponibles sur le réseau GSM… mais encore à des lieues des 2 Mbit/s, apanage théorique de la 3G. Cette montée en puissance d'un facteur 3 par rapport à l'étape GPRS constitue évidemment le principal atout de la technologie Edge, ce d'autant plus que les investissements nécessaires à son évolution sont sans commune mesure avec ceux requis pour passer directement de l'univers GSM à la 3G. Martin Bouygues, qui juge d'ailleurs la chose « tout à fait raisonnable », chiffre cet investissement à près de 200 millions d'euros.Premiers terminaux en 2004Une enveloppe néanmoins substantielle si l'on considère que tous les grands fournisseurs d'infrastructures pour réseaux mobiles (Alcatel, Ericsson, Nokia…) commercialisent depuis 2001 des stations de base aptes à fonctionner aussi bien en GSM, GPRS ou Edge. « Le réseau peut potentiellement évoluer, mais certaines stations de base nécessitent des interventions », fait valoir Bouygues Telecom L'ensemble du déploiement devrait intervenir au cours des deux prochaines années et être « totalement indolore et même invisible pour nos clients », affirme le président de Bouygues. Bouygues Telecom, qui dispose d'ores et déjà d'un catalogue de près d'une trentaine de terminaux compatibles GPRS dont trois compatibles i-Mode, précise que les premiers modèles compatibles GPRS-Edge devraient être commercialisés l'an prochain. Mais à trois conditions : ces nouveaux terminaux devront répondre au cahier des charges de l'opérateur, le réseau EGPRS devra être déployé, et la palette de services enrichie. Par ailleurs, selon une information publiée par le quotidien japonais Nihon Keizai Shimbun et non démentie par l'opérateur, Bouygues Telecom s'apprêterait à compléter son catalogue pour les fêtes de fin d'année, avec l'arrivée de trois nouveaux terminaux i-Mode Mitsubishi, Matsushita et Samsung. Rappelons que rares sont les opérateurs qui, sur le Vieux Continent, ont fait le choix de la technologie Edge. L'opérateur italien Telecom Italia Mobile devait lancer une offre Edge au cours du second semestre 2003. Mais aucune annonce n'a, pour l'heure, été faite. Il n'en reste pas moins que l'hésitation ou même le désintérêt de certains d'entre eux pour cette technologie pourraient vite être balayés par la nécessité de proposer des services de qualité équivalente, dès lors que ces mêmes opérateurs avancent à reculons vers la 3G. Il est vrai que la facture liée à l'achat des licences UMTS, les investissements nécessaires pour renouveler les infrastructures réseaux et, d'une manière générale, la crise qui a frappé ces deux dernières années le secteur des télécommunications ne les ont guère encouragés à se lancer rapidement dans l'aventure. Si l'on ajoute à cela le retard technique accumulé par les équipementiers en matière de réseaux et terminaux et, in fine, la fragilité des modèles économiques conçus pour la 3G, la prudence de Martin Bouygues semble alors amplement justifiée. Reste que Bouygues a, lui aussi, acheté une licence UMTS et qu'il a donc des obligations en la matière…

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