Couverture ElectroniqueS n°127

Les industriels réunis au sein de Screlec (Société de collecte et de recyclage des produits électroniques) estiment pouvoir tenir les objectifs européens sur le recyclage en électronique à la date prévue et dans les quantités énoncées par la directive. Le bilan à mi-parcours de l'opération “ Initiative Recyclage ”, l'opération pilote de collecte, de tri et de recyclage de produits électroniques en fin de vie lancée à Nantes en juillet 2002, est encourageant. Screlec, la société qui en a la responsabilité (et qui regroupe la plupart des fabricants de produits électroniques présents sur le marché français), précise que 1 260 tonnes de déchets électroniques ont été collectées au cours des 11 premiers mois de cette opération, passant ainsi de 1,6 à 2,6 kg par an et par habitant au cours de cette période. « Compte tenu de l'ouverture de nouveaux points de collecte en mai dernier, qui sont désormais au nombre de 140, nous serons enmesure de collecter 2 100 tonnes supplémentaires d'ici juillet 2004, date à laquelle doit prendre fin “ Initiative Recyclage ”. Cela nous permettra de dépasser l'objectif de 4kg par an et par habitant de la directive européenne sur les produits électroniques en fin devie», souligne Philippe Oudeyer, directeur général de Screlec.Pour que le succès soit complet, il reste néanmoins à transposer cette opération pilote sur le plan national. La directive, qui a été adoptée en janvier dernier, devrait être transposée en droit français dans le courant de l'année 2004. Le décret qui en résultera devrait tenir compte des enseignements acquis au cours de l'expérience pilote de Nantes. Selon le texte de la réglementation européenne, les industriels et les collectivités locales ont jusqu'à fin 2005 pour mettre en place conjointement les systèmes de collecte et de traitement des produits électroniques en fin de vie, et jusqu'à fin 2006 pour collecter au minimum 4 kg de déchets électroniques par an et par habitant. « Lorsque le décret paraîtra, il nous faudra 12 à 18 mois pour réaliser un déploiement des points de collecte à l'échelle nationale », estime Philippe Oudeyer.Le coût des opérations n'est pas encore connuEn attendant, Screlec va devoir procéder dans les mois qui viennent à une optimisation des méthodes de recyclage, à une sélection de prestataires de collecte et de recyclage, et va devoir mener une étude sur les coûts de ces opérations de manière à ce que cette activité, rendue obligatoire par la réglementation, ne vienne pas grever les marges de ses adhérents (153 fabricants ont rejoint Screlec à ce jour). La tâche ne sera pas simple partout, reconnaît la société. En effet, toutes les agglomérations françaises ne réunissent pas nécessairement les avantages de la communauté urbaine de Nantes: forte densité de population, bonne implantation de la grande distribution, présence du réseau Envie(*) et infrastructures significatives de déchetteries et “ d'éco-points ”.Jusqu'à présent, ce sont les appareils de gros électroménager qui ont fait l'essentiel de la collecte, puisqu'ils représentent à ce jour 50 % du flux de produits collectés en nombre d'appareils (et donc bien plus en poids). Ce chiffre important s'explique par l'antériorité du service de reprise de ce type d'appareils offert par la grande distribution et par la contribution d'Envie 44, qui sont deux partenaires importants de Screlec dans le cadre de cette opération. Désormais, la montée en puissance d'Initiative Recyclage, permettant d'atteindre 4kg par an et par habitant d'ici juillet 2004, va davantage provenir des autres appareils (audio, vidéo, hi-fi, petit électroménager, téléphonie, informatique), la collecte du gros électro-ménager ayant probablement atteint un régime de croisière.Par ailleurs, l'opération de Nantes ne concerne pour le moment que les produits détenus par les ménages; Screlec étudie ainsi actuellement la mise en place d'une offre de prestations de services destinée aux professionnels.(*) Envie est une entreprise d'insertion qui a un savoir-faire dans la récupération pour remise en état et recyclage des appareils de gros électroménager.Les principaux fabricants de piles quittent ScrelecLes principaux fabricants de piles (Varta, Duracell, Energizer…) réunis au sein du Spap (Syndicat des fabricants de piles et d'accumulateurs portables) ont décidé de quitter Screlec pour créer leur propre structure, baptisée Corepile. Ils souhaitent en effet contrôler leurs propres flux de déchets et gérer eux-mêmes la collecte des piles. Fin 1998, ils avaient créé Fibat dans ce but, avant de jeter l'éponge ; il semble que Corepile soit une émanation de Fibat avec un nouveau nom. Un accord a toutefois été conclu entre Screlec et Corepile pour assurer la continuité du service de collecte, notamment auprès des collectivités locales. Ce départ ne concerne pas les accumulateurs intégrés dans les produits électroniques, mais uniquement les piles et accumulateurs vendus directement auprès des particuliers. S'ils détiennent l'essentiel du marché des piles, les fabricants quittant Screlec représentent moins de 10 % du marché des accumulateurs, affirme cette société. Depuis la publication du décret sur le recyclage des piles et accumulateurs, en 1999, Screlec affirme avoir traité 5500 tonnes de déchets de ce type, dont 4 083 tonnes de piles et 1 467 tonnes d'accumulateurs.

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