Couverture ElectroniqueS n°127

Le futur récepteur TV plat numérique devra pouvoir s'affranchir de la connexion à une prise antenne sans que la qualité de l'image en soit affectée : il serait souhaitable pour cela d'exploiter la possibilité de faire arriver le signal vidéo par la prise… électrique. Il est maintenant quasi certain que la plus grande application susceptible de remplacer le PC pour tirer les marchés de l'électronique dans les années à venir sera le récepteur de télévision plat. Des chiffres commencent timidement à être avancés : par exemple (voir notre dernier numéro), le marché des récepteurs pourrait passer de 140 millions d'unités par an actuellement avec les tubes CRT, à 250 millions par an vers 2007 avec des écrans plats et des fonctions innovantes. Des chiffres d'autant plus impressionnants que le prix moyen des téléviseurs pourrait bien augmenter d'au moins 50 % pendant de nombreuses années, avant que les nouvelles technologies ne se banalisent. Face à ces perspectives, les Français se sentent pour l'instant désemparés : nous ne fabriquons pas de grands écrans plats en Europe ; l'industrie française des téléviseurs s'est réfugiée dans des niches, ce qui, vu de l'extérieur, ressemble plus à des positions de repli qu'à des stratégies offensives. Bref, rien ne semble indiquer que les Français s'apprêtent à prendre une part du gigantesque gâteau qui se trouve devant nous. Démissionner à l'avance serait pourtant pour le moins prématuré : ces téléviseurs à écran plat seront pendant plusieurs années des produits chers, donc adaptés à des savoir-faire que nous maîtrisons : à savoir apporter des petits plus technologiques qui font emporter la décision des clients ; modifier rapidement les modèles en fonction de la réaction de la clientèle européenne ; assembler ces récepteurs au centre de l'Europe pour réduire les coûts logistiques (le coût de la main-d'&oelig;uvre d'assemblage à partir de sous-ensembles, qui devrait pouvoir tomber à “ 20 minutes ” de travail ouvrier, est en effet négligeable devant le coût logistique moyen pour l'Europe d'un récepteur à grand écran, de l'ordre de 80 euros). D'un pur point de vue marketing, nous distinguerions volontiers quatre phases dans le développement du marché des récepteurs à écran plat : tout d'abord, comme nous l'avons déjà évoqué dans ces colonnes, apparaîtraient des téléviseurs secondaires LCD, de 17 pouces de diagonale au maximum, à placer dans une cuisine, une buanderie, une salle de bains, ou éventuellement un bureau. Deuxième phase : le remplacement partiel des téléviseurs actuels, à diagonale inférieure à 82 cm. Troisième phase (à partir de 2005) : premiers pas pour des téléviseurs plats de plus de 1,05 m de diagonale. Dernière phase : décollage vers 2007 d'un marché d'écrans de type TVHD dont la diagonale pourra monter, au-delà de 2010, jusqu'à 1,6 m (limite pratique pour bénéficier d'une image nette avec un récepteur TVHD de 1 080 x 1 900 pixels regardé à 2,5 m). Première manche : maintenant A court terme, le défi est donc de faire accepter les petits téléviseurs secondaires précités à un prix de l'ordre de 450 euros. Une condition totalement marketing : qu'il n'y ait pas “ d'antenne à brancher ” puisqu'il n'y a pas de prise antenne dans les lieux d'installation visés. Jusqu'ici, nous n'avons eu de cesse dans ces colonnes de pester contre le choix technologique fait en France (contrairement à l'Allemagne) d'une télévision numérique terrestre non compatible, dans plus de 70 % des cas, avec une réception sur antennes intégrées au téléviseur (comme les antennes des GSM, désormais intégrées aux boîtiers). Nous nous sommes depuis (un peu) calmés en apprenant que des liaisons radio de type Wi-Fi pourraient bientôt transporter de la vidéo. Cela impliquera la présence d'un tuner démodulateur déporté près de la prise antenne habituelle et une partie réception spécifique Wi-Fi sur le téléviseur (voir page 1) ; il y aura par ailleurs risque d'interférences si plus de deux voisins optent aussi pour cette technologie, mais on en a vu d'autres… Puis, il y a quelques semaines, vous avez pu découvrir (dans ces colonnes) que plusieurs sociétés se déclaraient capables de transmettre plusieurs dizaines de mégabits par seconde sur les réseaux électriques domestiques des foyers. La vidéo se contente largement de tels débits mais elle a aussi besoin d'absence totale de coupure (ce que l'on appelle la qualité de service), une performance qui n'est pas encore, aujourd'hui, suffisamment rodée. Spécialistes, donc, au travail : les clients seront sûrement ravis d'apprendre que les téléviseurs secondaires plats que l'on va leur proposer se contentent de leur prise électrique pour fonctionner !

Récepteur TV plat sans antenne : au travail !

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