Couverture ElectroniqueS n°127

Les répercussions de l'épidémie sont nombreuses : baisse de la demande de composants électroniques due au chômage partiel ou total dans les usines de fabrication électronique, résultats plus mauvais que prévu pour beaucoup d'entreprises, salons professionnels reportés et échanges commerciaux nettement moins importants. C omme d'autres pays avant nous, la France a adopté à la mi-mars une série de mesures visant à freiner l'accélération de l'épidémie du Covid-19 parmi la population, avec pour objectif de réduire l'impact du virus en matière de santé publique, mais aussi l'impact économique sur tous les secteurs d'activité, et notamment sur le secteur industriel. Une industrie très dépendante de la Chine Les répercussions sur l'industrie électronique, très dépendante de la Chine, se sont fait sentir dès les premières semaines de la propagation du Coronavirus. Le 10 février, Fox-conn annonçait un « risque élevé d'infection » dans ses installations chinoises, impactant des dizaines de milliers de travailleurs dans ses sites de production en Chine. Trois des sites de Foxconn, à Zhengzhou, Shenzhen et Kunshan, qui fabriquent notamment les iPhone d'Apple, ont mis en place des mesures de prévention et de contrôle de l'épidémie due au Covid-19. Cela a eu un gros impact sur la production et les livraisons à de nombreux clients de Foxconn, y compris Apple qui annonçait, dans un communiqué, à peine une semaine plus tard, que ses prévisions initiales de revenus (63 à 67 milliards de dollars) pour le trimestre qui sera clos fin mars ne seront pas atteints. La baisse de la production électronique ne manquera pas d'ébranler toute la supply chain, notamment les fabricants de composants. Dès le début du mois de février, Qual-comm avait tiré la sonnette d'alarme, et STMicroelectronics, par exemple, en sera certainement impacté puisque c'est l'un des fournisseurs d'Apple. Le cabinet d'études Omdia ajoutait, dès la mi-février, que l'industrie électronique serait confrontée à de sérieux défis à l'approche du deuxième trimestre. En fait, les répercussions négatives se sont produites dès le début du mois de mars sur l'industrie des semi-conducteurs qui représente une composante très importante de l'économie mondiale, générant un chiffre d'affaires estimé à 424,8 milliards de dollars rien qu'en 2019, souligne Omdia. Interruptions de production Le principal danger qui plane sur l'industrie des semi-conducteurs est l'interruption de la production dans les entreprises de fabrication électronique (sous-traitants) et de conception (ODM). « Ces sociétés sont les principaux acheteurs de semi-conducteurs, représentant 29 % des achats mondiaux cette année », a précisé le cabinet d'études. « Pour les sociétés étrangères de semi-conducteurs implantées en Chine, en particulier les entreprises sans usine, le plus grand défi est la logistique d'importation et d'exportation », a déclaré Omdia. Cependant, l'impact de ce ralentissement logistique est atténué par le fait que le premier trimestre est la période la plus faible de l'année pour le secteur de l'électronique. Pour les fabricants de puces, l'impact a été plus grave dans le domaine du packaging et des tests. Par ailleurs, les usines de semi-conducteurs sont intrinsèquement propres et hautement automatisées, créant un environnement qui n'est pas propice à la propagation des maladies. En conséquence, les fonderies opérant en Chine – y compris SMIC, TSMC et UMC – ont pu maintenir des conditions de production normales sans aucun changement. Les taux d'utilisation de la capacité de ces usines sont restés élevés. Par contre, au deuxième trimestre, il faut s'attendre à des répercussions plus importantes en raison de la diminution de la demande de la part des entreprises les plus consommatrices de composants électroniques. De nombreuses sociétés du secteur des semi-conducteurs ont déjà averti de baisses de revenus à prévoir. L'ÉTAT PROPOSE UN ACCOMPAGNEMENT POUR LES ENTREPRISES IMPACTÉES > Des mesures d'accompagnements ont été annoncées par l'État. Leur mise en œuvre et leur suivi sont coordonnés par la DGE (Direction générale des entreprises) : report d'échéances sociales et/ou fiscales (Urssaf, impôts) ; le cas échéant, plan d'étalement de créances avec l'appui de l'État et de la Banque de France ; obtention ou maintien de crédit bancaire via Bpifrance ; financement des salariés par le mécanisme du chômage partiel ; appui au traitement d'un conflit avec des clients ou fournisseurs. > Par ailleurs, les donneurs d'ordres ont été invités à faire preuve de solidarité en n'appliquant pas de pénalités de retard à leurs fournisseurs victimes de difficultés d'approvisionnement. > Au-delà de ces mesures d'accompagnement immédiat, Bruno Le Maire a annoncé le lancement d'une réflexion sur la sécurisation des approvisionnements pour certaines filières stratégiques, en particulier l'électronique. Le 10 février, Foxconn annonçait un « risque élevé d'infection » dans ses installations chinoises, impactant des dizaines de milliers de travailleurs dans ses sites de production en Chine. En effet, les industries situées en aval des semi-conducteurs, telles que l'industrie des smart-phones, ne pourront pas éviter une baisse de leur production. Leur production mondiale pourrait chuter de 12 % par rapport à la même période de l'an passé selon TrendForce, avec 275 millions d'unités produites, ce qui représente le plus bas niveau de production de smart-phones jamais atteint au premier trimestre sur les cinq dernières années. Aggravation au second semestre Heureusement, les premiers trimestres ont toujours été des saisons faibles pour la production de smartphones. De plus, les fabricants maintiennent généralement des stocks importants avant le nouvel an chinois. Par conséquent, l'épidémie de Covid-19 ne devrait pas provoquer une interruption immédiate de la chaîne d'approvisionnement, une fois que le travail reprendra dans les sites de production des sociétés d'assemblages de smartphones. Compte tenu de la situation actuelle, les chiffres du 2 e trimestre 2020 n'augurent rien de bon, mais la plupart de la demande est repor-tée plutôt qu'éliminée et TrendForce n'envisage donc pas une perspective trop pessimiste sur l'ensemble de l'année 2020. Autre effet de l'épidémie : les reports de salons professionnels, pourtant vecteurs de développement commercial pour les entreprises industrielles, tant en France que dans le reste du monde. La GSMA a annulé le MWC Barcelona 2020 (anciennement Mobile World Congress) qui devait se tenir du 24 au 27 février dans la capitale catalane (comme c'est le cas depuis 2006). Groupe Solutions - Birp a annoncé le report du salon IoT World + MtoM Embedded qui devait se tenir les 18 et 19 mars à Paris Expo Porte de Versailles les 23 et 24 septembre. GL events Exhibitions, organisateur de Global Industrie, a reporté ce salon du 23 au 26 juin à Paris Nord Villepinte. Embedded World 2020, qui s'est tenu à Nuremberg, en Allemagne, est l'un des rares salons professionnels de l'électronique à avoir été maintenu en février, mais il a dû essuyer les annulations de participation de plus d'une centaine de sociétés (parmi lesquelles Infi-neon, Texas Instruments et Wind River) et les visiteurs ne s'y sont pas déplacés en grand nombre. Autre facteur qui devrait aussi ralentir les échanges commerciaux à travers le monde, la fermeture de nombreuses frontières, et tout récemment l'interdiction d'accès au territoire américain pour tous les voyageurs en provenance d'Europe, à l'exception de ceux du Royaume-Uni, décidée le 12 mars par le président américain Donald Trump pour une période de 30 jours minimum. Augmentation des délais de livraison Concernant le marché français de l'électronique, la Fieec et les syndicats de la filière électronique ont été relativement timides en commentaires à propos de cette crise, se bornant à indiquer que « des ruptures généralisées d'approvisionnement n'ont pas été détectées, mais seulement des augmentations de délais ». Bercy a convoqué tous les présidents des Comités stratégiques de filières (CSF) pour une réunion sur le sujet qui pourrait aboutir à des actions à mener. Le Snese a précisé être à l'initiative de la mise en place d'une cellule de veille, avec les autres syndicats de l'électronique que sont Acsiel et le SPDEI (et notamment leurs adhérents présents en Chine) .

L’épidémie du Covid-19 ébranle l’industrie électronique

Couverture ElectroniqueS n°127

IBM grave les premières puces en 2 nm en abandonnant les FinFET

Zeta, le protocole LPWAN made in China, arrive en Europe

Harting invente le connecteur électronique sur mesure

L’épidémie du Covid-19 ébranle l’industrie électronique

Dans la même rubrique

Couverture ElectroniqueS n°127

IBM grave les premières puces en 2 nm en abandonnant les FinFET

Zeta, le protocole LPWAN made in China, arrive en Europe

Harting invente le connecteur électronique sur mesure