Couverture ElectroniqueS n°127

Les sous-traitants en électronique consacrent couramment de 10 à 15% de leurs achats de composants aux circuits imprimés. Ils commandent une très grande variété de circuits imprimés, des plus simples aux plus complexes, soit en direct à des fabricants français, européens ou de pays «low cost» comme la Chine, soit à des importateurs. Ils sont demandeurs d'une qualité sans faille et d'une grande ponctualité pour les livraisons. E n France, la consommation de circuits imprimés représente entre 600 et 650 millions d'euros par an. Rien qu'en sous-traitance en électronique, les entreprises consacrent de 10 à 15% de leurs achats de composants à se fournir en circuits imprimés. Elles achètent soit en direct à des fabricants français, européens ainsi que de pays low cost (Chine, Tunisie), soit à des importateurs comme Icape, Eurocircuits, NCAB Group ou TX Cube. Plusieurs sous-traitants ont déclaré aussi faire appel au fabricant allemand Würth. Nous mentionnons ce fait car, notre dossier traitant des fabricants français de circuits imprimés ainsi que des achats réalisés dans ce domaine par les sous-traitants de l'Hexagone, nous n'aurons pas l'occasion de revenir sur Würth pas plus que sur les autres fournisseurs européens. « Nous achetons surtout en direct à des fabricants français et européens », a déclaré Tronico (75,6 M€ de CA 2012, 7 e français). Lacroix Electronics (171 M€ de CA 2012, 4 e français) annonce, quant à lui, « réaliser 75% de ses achats de circuits imprimés en pays low cost ; ce sont principalement des composants de complexité inférieure à 6 couches ». Eolane (360 M€ de CA 2012) s'adresse en direct à des fabricants français et européens de circuits imprimés, et passe par Eolane Sourcing, une de ses deux filiales chinoises, pour ses achats en Chine. « Nous achetons à des fabricants français pour des réalisations spéciales, et à des d'importateurs ou des fabricants asiatiques pour le reste », indique-t-on chez Altrics (14,2 M€ de CA 2012). Alliansys (7,5M€ en 2012) annonce se fournir à hauteur de 75% en Asie et à hauteur de 25% en France, en Italie et en Allemagne. « Pour des fabrications en aéronautique, nous nous fournissons en France; pour les petites séries –notamment du médical et de l'industriel – nous faisons appel à des fabricants allemands, et pour nos séries les plus importantes, à un importateur », confie à son tour Jean-Pierre Leboeuf, directeur général de Micronique (4,7M€ de CA 2013). chez lacroix electronics, les commandes concernent tant des petites séries que des volumes représentant plus de 800 m 2 .eolane achète des petites et moyennes séries –comprises entre 100 pièces et 50000 pièces par an– en plus de grands volumes (plus de 100000 pièces). le réseau icape s'étend continûment dans le monde «icape ouvre des bureaux de ventes dans les pays stratégiques pour y apporter un support de proximité, dans la langue du pays », annonce thomas chea, directeur marketing du groupe. icape a ainsi créé un bureau en chine en 2004 puis, en 2010, icape usa (Kokomo, indiana) et icape Brazil (sao Paulo). l'an passé, trois autres filiales ont vu le jour: icape india (Bangalore), icape russia (moscou) et icape Germany (Francfort). cette année, les 150 personnes des bureaux de ventes et du centre de services de chine viennent d'emménager dans de nouveaux locaux (2800 m 2 ) à dong Guan, un emplacement stratégique proche des sites des fournisseurs. en 2012 et 2013, les ventes d'icape ont progressé de 35% pour dépasser 60 m € . Tous ces sous-traitants procèdent à des contrôles qualité dès la réception des pièces: vérification des certificats de fabrication et contrôles par prélèvement, par exemple, chez Tronico. « Le contrôle d'entrée s'applique quel que soit le lieu de fabrication du circuit imprimé et quel que soit le canal d'approvisionnement », souligne-t-on chez Lacroix. Dans le même esprit, Eolane déclare : « le circuit imprimé étant un élément stratégique, nous lui appliquons les mêmes procédures de contrôle quels que soient les fournisseurs et les domaines d'activité ». Chez ce sous-traitant, dans la majorité des cas, les circuits imprimés sont contrôlés par prélèvements. « Nous auditons nos fournisseurs deux fois par an », indique, pour sa part, Altrics. Notre enquête montre que les sous-traitants considèrent que le nombre de défauts demeure faible compte tenu des quantités achetées. Ce qui n'empêche pas les récriminations. « Nous enregistrons régulièrement des problèmes très divers », lance un sous-traitant. « L'an passé, outre des défauts mineurs classiques (rayures, manque de vernis…), nous avons dû refuser trois lots pour des raisons plus sérieuses : un problème de délamination, une métallisation insuffisante et un problème de soudabilité », note un autre. « Mauvaise tenue du vernis, tolérances non respectées pour le perçage et le détourage, épaisseurs non conformes à la demande, documentations incomplètes ou non conformes font partie des défauts constatés », énonce un troisième. Le stockage des circuits imprimés est aussi générateur de problèmes. « Nous rebutons régulièrement des circuits arrivant à leur date de péremption », avoue un sous-traitant. « Il arrive qu'un stock soit périmé du fait d'un changement de commandes du client », explique une autre société du domaine. Dans le cas de péremptions du fait du stockage, les fournisseurs de circuits imprimés et les donneurs d'ordres peuvent être sollicités. « Les coûts liés à un problème survenu lors du stockage sont pris en charge par le fournisseur s'il en est la cause », annonce aussi une entreprise interviewée. Dans la pratique, la durée du stockage dépend de la finition choisie, du type de circuit imprimé et des exigences du client. « Nous fixons pour limites: 12 mois pour les finitions Enig ( nickel-or chimique ) et Hal (nivelage à air chaud) et 6 mois pour l'OSP (cuivre passivé), l'étain chimique et l'argent chimique », précise Lacroix. « Toutefois, nos règles d'approvisionnement nous conduisent à ajuster nos commandes de façon à ne stocker qu'au maximum 1 mois », tempère ce sous-traitant. Altrics indique qu'il stocke au maximum 4 mois sous emballage spécifique. L'ensemble des réponses convergent vers une durée de stockage comprise entre 1 et 10 mois. Les sous-traitants français de l'électronique achètent toutes sortes de circuits imprimés: des rigides, des flex-rigides et des circuits flexibles. Ils se fournissent en modèles allant du simple face au multicouche classique à trous métallisés (PTH ou Plated Throuh Hole ) et au multicouche séquentiel. Leurs réponses mettent en évidence un pic de demande pour les circuits double face et les multicouches jusqu'à 10 couches. ncaB france Fête ses 3 ans d'existence ncaB France a vu le jour en juin 2011. aujourd'hui, l'équipe française compte 8 personnes parmi lesquelles le responsable qualité du groupe ncaB. au plan international, ncaB regroupe 230 personnes disséminées dans des agences partout dans le monde: en suède, en Pologne, en russie, en macédoine, en allemagne, en espagne et en chine –où ncaB vend des circuits imprimés à des sociétés ayant peur de prendre le risque d'acheter en direct. en chine, ncaB dispose d'un service de facility management chargé de contrôler la qualité des produits et des opérations (délais…). ncaB inclut aussi trois laboratoires d'études et d'analyses. «dès la conception des matériels, nous optimisons avec nos clients la fiabilité et les coûts», précise carol ouchakoff, directeur général de la filiale française. en 2012, ncaB a acquis une société américaine de même profil qu'elle, P.d. circuits, basée à Boston. Grâce à ce rachat, le chiffre d'affaires du groupe est passé de 68 m€ en 2012 à 83 m€ en 2013. Une demande éclectique Nombre de ces entreprises utilisent aussi des circuits à semelle métallique (SMI) servant à dissiper l'énergie thermique en particulier dans les applications de type éclairage public et éclairage automobile, et des circuits hyperfréquences. Ils commandent surtout de petites séries ainsi que des séries moyennes : « des lots compris entre quelques dm 2 et plus de 800 m 2 », indique Lacroix. Les achats de ce sous-traitant concernent des lots de tailles inférieures à 30 m 2 (un tiers des achats), des lots de tailles comprises entre 30 et 100 m 2 (un tiers) et des tailles supérieures à 100 m 2 (un tiers des achats). Son volume d'achat annuel dépasse 100 000 m 2 avec plus de 800 références. Eolane, quant à lui, achète surtout « des séries comprises entre 100 pièces et 50 000 pièces par an ». Pour quelques projets, ce groupe se fournit en grands volumes (plus de 100 000 pièces). La demande diffère également en fonction du domaine adressé : « nous commandons de petites séries (jusqu'à 100 pièces) pour le médical et l'aéronautique, et des séries de 5 000 pièces pour l'industriel », mentionne une PME. les sous-traitants français de l'électronique achètent toutes les sortes de circuits imprimés: rigides, flex-rigides et flexibles; simples faces, multicouches, hdi, circuits à semelle métallique (smi) pour les applications d'éclairage public, circuits hyperfréquences… D'après notre enquête, les sous-traitants semblent plutôt satisfaits de leurs fournisseurs de circuits imprimés. Même si certains indiquent des efforts à faire au plan de la qualité et de la ponctualité. « Nous avons constaté des dérapages dans les livraisons lors des fêtes de l'année chinoise du Cheval », a déclaré une PME de sous-traitance. « Nous souhaitons une meilleure réactivité et un meilleur respect des délais de livraisons de la part des fabricants français », pointe un autre sous-traitant. « Nos souhaits vont à une amélioration des services, à une plus grande transparence dans l'élaboration des prix et à davantage d'investissements en développement et en innovation », insiste un troisième. Lacroix, quant à lui, nous a rappelé qu'en avril 2013, il a présenté un «Plan fournisseurs» qui insiste sur la qualité, la réactivité, la diminution des coûts et le support au client pour toutes les opérations (cotation, production…). La fabrication française de circuits imprimés représentant 147,2 M€ en 2012 (données Data4PCB, société d'études spécialisée en circuits imprimés), et la demande comptant pour 600 à 650M€, une place importante est laissée aux importateurs. D'autant plus que sur les 147 millions d'euros produits dans l'Hexagone, une partie non négligeable est exportée : 20 % chez Systronic, 35 % chez Cimulec qui vise 50%. Cimulec livre en Allemagne et en Inde –à des entreprises travaillant pour la défense de ce pays– et, cette année, a commencé à prospecter au Canada. Les importateurs prennent du galon De fait, les importateurs « profitent ». En 2012 et en 2013, Icape a affiché des croissances de chiffre d'affaires de 35 % pour dépasser les 60 M€ l'an passé. « Notre portefeuille de clients est passé de 450 entreprises en 2011 à plus de 800 en 2013 », remarque aussi Thomas Chea, directeur marketing du groupe. en France, la fabrication de circuits imprimés représentait 147,2 m € en 2012 (données data4PcB). la demande, elle, est de l'ordre de 600 à 650 m € . ce qui laisse une grande place aux importateurs comme icape, tx cube, ncaB Group et eurocircuits. la qualité est sévèrement contrôlée. chez icape, qui dispose de 135 personnes en chine, les circuits imprimés sont contrôlés deux fois: par les fournisseurs puis par les inspecteurs d'icape. cette société exige en standard un niveau de qualité de 400 ppm. Installé en France depuis 2011, NCAB Group y monte rapidement en puissance. Ces importateurs proposent une gamme complète de circuits imprimés. « Nous fournissons toutes les technologies, du simple face aux multicouches complexes en passant par le HDI, les flex-rigides et les flexibles, sans compter les circuits à semelle aluminium – utilisés par l'éclairage à Led –, les circuits imprimés à cuivre épais dédiés aux applications de puissance, les circuits en téflon prisés des hautes fréquences, et les circuits imprimés Hard Gold pour contacts rotatifs –qui équipent notamment l'automobile », détaille M. Chea. « Nous proposons tous les types de circuits imprimés en toutes quantités », renchérit Carol Ouchakoff, directeur général de NCAB France. Parmi les circuits spéciaux, NCAB France propose des circuits imprimés à composants enterrés « qui intéressent des applications automobile et télécoms ». Icape et NCAB achètent leurs circuits imprimés à des fabricants asiatiques. « Nous nous appuyons sur un réseau de 25 fournisseurs chinois et taïwanais dont les activités sont complémentaires en termes de technologies, de volumes de production et de certifications –certains étant certifiés pour l'automobile, d'autres pour le médical… », indique M. Chea. Le réseau NCAB repose pareillement sur 18 usines chinoises à profils également complémentaires, sélectionnées parmi quelque 800 fabricants chinois certifiés UL. « Nos fournisseurs chinois fabriquent des circuits complexes : des multicouches de 18 à 20 couches, des flex-rigides… », remarque le directeur de NCAB France. Le groupe NCAB fait aussi appel, ponctuellement, à des sites basés en Grande-Bretagne, en Suède et en Europe de l'Est ; leur contribution représente quelque 5 % des ventes de NCAB. Les importateurs contrôlent très sévèrement la qualité des produits : « Les circuits imprimés sont contrôlés deux fois: une première fois par les fournisseurs, et une seconde fois par nos inspecteurs – Icape compte 130 personnes en Chine– qui procèdent à des contrôles soit systématiques soit par prélèvements », indique Thomas Chea. Icape exige un niveau de qualité égal à 400 ppm en standard. Pour certaines applications (cas de l'automobile, par exemple), cet importateur hausse encore la barre. Pour maintenir la qualité exigée, elle multiplie les examens : chaque année, Icape audite l'ensemble de ses fournisseurs. En cas de dérapage par rapport au «400ppm» exigé, elle met immédiatement en place un plan de redressement ( 8 Days Report ). « A partir de notre base de Dong Guan en Chine du sud, nous pouvons rejoindre la plupart des usines de nos fournisseurs en deux heures ; nous y rencontrons les ingénieurs qualité et process, et mettons en place des solutions », ajoute le directeur marketing. Toutefois, « la quasi-totalité des problèmes rencontrés consistent en des défauts mineurs qui n'affectent pas le fonctionnement du circuit imprimé », tempère M. Chea. Pour contrôler la qualité, NCAB s'appuie sur 70 personnes en Chine. « Certains visitent régulièrement les sites des fournisseurs, d'autres y sont à demeure. Tous vérifient la conformité des process aux spécifications NCAB », remarque M. Ouchakoff. Ces inspecteurs contrôlent également la conformité aux règles environnementales –qui sont les mêmes que celles appliquées en Europe. Tous les mois, NCAB conduit de mini-audits sur des points particuliers (métallisation, vernis…). Le niveau de qualité exigé est fonction des secteurs: « l'automobile exige une qualité de l'ordre de 50 à 100 ppm », rappelle M. Ouchakoff. Tout comme Icape, en cas de problème, NCAB lève une cellule de crise qui intervient sur site. le nomBre de commandes auGmente, le volume moyen Par commande diminue l'hexagone est caractérisé par une fabrication de petites séries de matériels électroniques complexes –le high mix low volume. au niveau du circuit imprimé, cette typologie de fabrication se traduit par un accent mis sur la commande de petites et moyennes quantités de pièces. cette tendance semble aujourd'hui accentuée par une augmentationdu nombre de clients chez certains fournisseurs. en effet, traditionnellement, les nouveaux clients démarrent avec des commandes plus faibles que celles des clients confirmés. chez icape le nombre de clients est passé de 450 en 2011 à plus de 800 en 2013. Parmi les fabricants français de circuits imprimés, systronic nous a confirmé une augmentationdu nombre de clients. l'enquête que nous avons menée a montré une diminution du volume moyen de pièces par commande. Pour contrôler la qualité des circuits, ncaB s'appuie sur une équipe de 70 personnes en chine. les uns visitent régulièrement les sites des fournisseurs, d'autres y sont à demeure. tous vérifient la conformité des process aux spécifications édictées par ncaB. Les prix des circuits importés d'Asie sont évidemment fonction des technologies, des volumes commandés… D'après notre enquête, acheter via les importateurs ferait gagner de 5 à 50 % par rapport à des achats de circuits imprimés équivalents fabriqués en Europe de l'Ouest. Les importateurs savent aussi stocker : Icape et NCAB mettent en place des stocks de consignation pour leurs clients.

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