Une Darpa à la française ou à l’européenne ?

Le 24/09/2018 à 10:24 par Frédéric Rémond

 

La tentation était grande, évidemment, de comparer la toute nouvelle Agence pour l’innovation de défense hexagonale et la vénérable Darpa (defense advanced research projects agency) américaine. Toutes deux ont vocation à orchestrer la recherche et le développement de nouvelles technologies à usage militaire, un rôle qui revenait jusqu’ici en France à la Délégation générale de l’armement (DGA). DGA qui, d’ailleurs, reste partie prenante de cette AID et lui fournira l’essentiel de ses troupes, du moins dans un premier temps tant on sent poindre une certaine défiance envers cette DGA suspectée d’être coupée du monde civil et de privilégier essentiellement des filières purement militaires. Plutôt qu’une création, il s’agit donc plutôt d’une redistribution des cartes.

Le parallèle avec la Darpa peut en outre faire sourire quand on compare les moyens alloués – l’agence américaine fonctionne avec un budget annuel de plus de trois milliards de dollars, sa petite soeur française devra faire avec 730 millions d’euros – et le prestige d’une Darpa que l’on retrouve à l’origine d’Internet, du GPS et d’une foule d’autres innovations. Dans les deux cas pourtant, il s’agit ni plus ni moins de fonds d’investissement publics chargés de booster la compétitivité nationale en matière d’équipements militaires afin de gagner des parts de marché, et, eu égard aux poids économiques et militaires des deux pays, les moyens alloués à l’AID sont loin d’être ridicules.

La coopération entre cette AID et le futur Fonds européen de la défense, réponse de la Commission européenne aux attaques de Donald Trump sur les investissements militaires jugés insuffisants des européens, ne manquera pas d’intérêt. L’Union européenne est en effet prompte à condamner les subventions plus ou moins déguisées d’industriels nationaux au sein de l’Europe.

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