La couleur de l’argent

Le 20/10/2025 à 6:20 par Frédéric Rémond

En exhumant une loi datant de la Guerre froide, le gouvernement néerlandais entend reprendre le contrôle de Nexperia, propriété du Chinois Wingtech Technology depuis 2017. Née après NXP de l’externalisation de Philips Semiconductors, Nexperia, basé à Nimègue, n’est pas une mince affaire : la société produit la bagatelle de 110 milliards de puces chaque année pour un chiffre d’affaires d’environ 2 milliards d’euros. Elle est notamment l’un des gros pourvoyeurs de composants pour l’industrie automobile européenne, laquelle, par les temps qui courent, n’a pas vraiment besoin d’un souci supplémentaire.
Les Pays-Bas, qui s’alignent généralement sur Washington dans la géopolitique des semi-conducteurs, évoquent la sécurité nationale pour justifier ce coup de force – alors même que Nexperia n’est guère impliqué dans les composants sensibles relevant du militaire ou de l’intelligence artificielle. C’était même l’idée justifiant sa création : NXP conservait les bijoux de la couronne dont les processeurs et microcontrôleurs, tandis que les circuits standards, diodes et transistors discrets étaient revendus aux plus offrants, en l’occurrence des investisseurs chinois. A l’époque, on ne se préoccupait guère de la couleur de l’argent provenant de Pékin.

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