Avec sa technologie WPC (Watt Pulse Communication), Watteco souhaite apporter une contribution significative à la mise en place de solutions d’efficacité énergétique dans l’habitat. Eric Berthaud, son président, nous donne sa vision de ce marché naissant. Le réseau électrique intelligent ou smart grid est au cœur d’énormes enjeux industriels. Comment appréhendez-vous ce marché ?
Eric Berthaud: Sous l’impulsion des gouvernements, notamment aux Etats-Unis, les plus grands acteurs du monde des réseaux, Cisco en tête, investissent aujourd’hui dans le smart grid qui a vocation à combiner intelligemment les réseaux électriques et les réseaux informatiques avec, notamment, un objectif de maîtrise et d’optimisation de la consommation d’énergie. Dans ce cadre, l’efficacité énergétique de l’habitat – c’est-à-dire la manière dont va être concrètement contrôlée la consommation des équipements tels que chauffe-eau, climatiseurs, systèmes d’éclairage, volets, etc. – est un sujet brûlant. Et chacun de faire assaut de propositions techniques en vue de relier, soit par voie radio soit par le fil électrique, un point d’accès dit “Energie ”, installé au sein même de l’habitat, et les divers appareils disséminés dans un foyer. C’est sur ce créneau que Watteco s’implante avec la technologie de communication WPC. Ceci dit, tout le monde s’accorde sur un point : le réseau électrique intelligent sera tout IP. C’est l’une des raisons d’être de l’alliance Ipso [Internet for Smart Objects] créée en 2008 par des ténors comme Cisco, EDF, Emerson, Freescale, SAP ou Sun et dont nous sommes membres. D’ailleurs, l’alliance ZigBee a annoncé sa volonté d’ajouter le support natif du protocole IP au profil ZigBee “ Smart Energy ”, permettant d’intégrer la connectivité Internet dans tout type de produit !
Quel aspect peut revêtir le point d’accès Energie ?
Eric Berthaud: Pour ma part, je distingue trois points d’accès Energie différents, susceptibles de réceptionner des ordres de contrôle/commande en vue d’améliorer l’efficacité énergétique de l’habitat : la box ou le modem/routeur ADSL, le compteur d’énergie communicant, et le récepteur radio numérique – via, par exemple, un canal de type RDS. Dans le cas du compteur communicant, on peut imaginer que vienne prendre place, côté consommateur, une “ Energy Box ” du type de celle qu’a récemment présentée SagemCom. Reliée à des capteurs périphériques, cette plate-forme pourrait collecter des informations, les transmettre et déclencher diverses actions en fonction d’ordres retransmis par le compteur, comme l’extinction d’un climatiseur par exemple. Il est clair que différents acteurs – distributeurs d’énergie, fournisseurs d’accès Internet, diffuseurs, équipementiers issus du monde télécoms ou du secteur électrique, etc. – ont leur mot à dire en matière de réseau électrique intelligent, et ce, alors que le modèle économique afférent est loin d’être stabilisé. Le marché est tout à la fois attractif et difficile et les opérateurs hésitent encore à faire des annonces concrètes sur le smart grid. Je fais néanmoins le pari que ce sont les fournisseurs de services Internet qui donneront l’impulsion attendue pour le décollage du marché.
Qu’en est-il des standards en matière de smart grid ?
Eric Berthaud: Il n’y aura pas de smart grid s’il n’existe pas de standards en la matière. Le gouvernement américain en particulier est très clair là-dessus. Sur le créneau précis de la connexion des appareils aux points d’accès Energie de l’habitat, l’alliance HomePlug et l’alliance ZigBee travaillent de concert sur un profil “ Smart Energy ” commun qui puisse fonctionner aussi bien sur une couche physique CPL bas débit que sur une couche radio 802.15.4. Ce profil devrait être standardisé dans les tout prochains mois. La technologie CPL de Watteco, qui est à la fois très peu consommatrice d’énergie, d’intégration extrêmement simple et très peu onéreuse (*), est en bonne voie d’être adoptée dans ce standard. Notre technologie a d’ores et déjà été retenue par Cisco qui compte en équiper ses routeurs ADSL résidentiels, et par le fabricant de compteurs électriques communicants GCP. Celui-ci doit en livrer 6 millions d’unités en Chine, pays qui s’est donné l’objectif d’installer 200 millions de compteurs communicants d’ici à 2015. Nous devrions livrer quelques dizaines de milliers de puces Watteco cette année et entre… trois et cinq millions de pièces dès l’année prochaine.
(*) Voir EI n° 683
