François Kurek, président du SPDEI – «La crise favorise une réflexion sur la filière électronique»

Le 15/10/2009 à 15:00 par La rédaction

La distribution vit des moments difficiles liés au tassement de son marché ainsi qu’à la crispation des fabricants de composants sur une politique de prix aujourd’hui inadaptée à la structure des marchés d’Europe de l’Ouest. François Kurek, président du SPDEI et du distributeur indépendant DEL, fait le point sur ces problèmes. Les délais d’obtention des composants semblent en augmentation. Qu’en est-il réellement ?

François Kurek : Depuis le début de la crise, les fabricants d’équipements obtiennent les composants qu’ils commandent dans des délais anormalement courts, rendus possibles par les surstocks. Aujourd’hui, c’est moins le cas. Les délais, qui diffèrent suivant les familles de produits, redeviennent égaux aux normes qui sont comprises entre quelques semaines et quatre mois. Davantage même, en semiconducteurs, la diminution des stocks a conduit plusieurs distributeurs à sonner l’alarme. Toutefois, c’est la nature de la reprise qui décidera, in fine, de l’évolution des délais. Si elle s’avère rapide, nul doute que ces derniers s’allongeront et que des pénuries feront leur apparition.

A quand la reprise ?

François Kurek : Je ne veux pas jouer les devins d’autant que notre vision à long terme est intrinsèquement difficile, puisque notre activité participe de l’ajustement du marché. Comme beaucoup de nos clients nous demandent d’adapter nos stocks de façon à faire face à une reprise des commandes, nous avons tendance à miser sur une fin 2009 et un premier trimestre 2010 “ convenables ”.

Comment vit la distribution dans ce contexte difficile ?

François Kurek : Il n’y a pas eu de reprise au 3e trimestre. Au contraire, nous constatons un recul de nos ventes. C’est une situation favorable à la mise en concurrence par les clients, mais, à l’inverse, défavorable à notre engagement dans des immobilisations de stocks, cet engagement devenant alors plus risqué. Nous en débattons avec notre partenaire, le Snese [le syndicat de la sous-traitance]. Nous avons conscience du rôle clé d’ajustement qui est le nôtre au sein de la supply chain, mais, que nous soyons filiale de grand groupe ou distributeur indépendant, l’immobilisation financière que représentent les stocks est toujours un enjeu capital et les garanties offertes par les fabricants, quand elles existent, ne couvrent pas suffisamment le risque que nous prenons. Le comportement opportuniste du client qui joue la mise en concurrence systématique doit aussi évoluer.

Comment évoluent les relations entre clients et distributeurs ?

François Kurek : Les délocalisations de production, ainsi que les achats de composants à l’étranger, ont pour conséquence une diminution de notre marché, comme en témoigne sa baisse régulière depuis plus de deux ans [- 20 % prévus pour 2009 après – 15 % en 2008]. Toutefois, la crise favorise le rapprochement de certains maillons de la filière électronique. Ainsi, le SPDEI et le Snese ont-ils présenté lors du Forum de l’électronique, le projet d’un guide des bonnes pratiques réalisé conjointement. Il y a prise de conscience d’une nécessité de renforcement de la filière. Car les clients ne trouvent pas chez les fabricants de composants tout le service nécessaire à leur approvisionnement. Le métier de la distribution n’est donc pas remis en cause. Sans compter qu’aujourd’hui, nous accordons des délais de paiement raisonnables à des sociétés lâchées par leurs banques.

Quelles sont les relations entre fabricants de composants et distributeurs ?

François Kurek : Alors que le marché est de plus en plus demandeur de petites quantités de composants, il est toujours difficile pour le distributeur d’obtenir un prix adapté autrement qu’en augmentant son stock. Aussi, ce sont souvent les spécialistes de la distribution par correspondance qui voient leur part augmenter. Toutefois, la progression de la demande de petits volumes de pièces favorise la distribution dans son ensemble. D’une manière générale, le réseau de distribution gagne en importance auprès des fabricants, même pour le suivi des designs. Cependant la délocalisation des productions entraîne une augmentation de nos coûts logistiques en même temps que nous constatons une disparité des prix pratiqués auprès des différents distributeurs dans le monde. Nous souhaitons la mise en place d’une stratégie de prix adaptée à la nouvelle donne ouest-européenne. Nous rencontrerons nos fournisseurs à l’occasion des quatorzièmes Trophées du SPDEI, le 24 novembre prochain, et nous aurons là encore l’occasion d’en débattre.



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