Martin Reichle, p-dg de R & M : «La fibre optique jusqu’à l’abonné n’est pas une chimère»

Le 01/02/2010 à 11:31 par La Rédaction

Martin Reichle, p-dg de R & M, fournisseur suisse de solutions de câblage pour réseaux de communication, estime qu’après l’explosion de l’ADSL, l’équipement des bâtiments en fibre optique représentera le prochain marché de masse en Europe. Cela fait des années que l’on parle de la fibre optique chez l’abonné [FTTH]. Où en est-on actuellement, en particulier en Europe ?

Martin Reichle : 2009 marque le début d’une nouvelle ère pour la fibre optique en Europe. La Commission européenne a en effet récemment adopté les lignes directrices concernant le financement public des réseaux haut débit. Et avant cela, nombre d’opérateurs réseaux et de collectivités locales avaient lancé, ces derniers mois, une vague d’investissements pour équiper les bâtiments résidentiels et professionnels avec des connexions en fibre optique. Car, malgré ses progrès, le câblage cuivre ne suffira bientôt plus à supporter les réseaux d’accès compte tenu de la multiplication des services multimédias en ligne. Au-delà de 50 Mbit/s, la fibre optique est nécessaire jusque chez l’abonné. Nous sommes convaincus que l’équipement des bâtiments en fibre optique représentera le prochain marché de masse, après l’explosion de l’ADSL. Une étude de Heavy Reading estime que le nombre de foyers européens connectés en FTTH [Fiber To The Home] va quintupler en quatre ans pour dépasser 20 millions en 2013. Le FTTH n’a rien d’une chimère.

En quoi l’Europe peut-elle tirer profit du FTTH ?

Martin Reichle : Les particuliers en seront les premiers bénéficiaires, car ils pourront utiliser Internet avec davantage d’efficacité et de confort. Mais les bienfaits du FTTH ne se limitent pas à l’abonné. Une étude Ovum récente indique que le FTTH et les infrastructures à très hauts débits peuvent également être bénéfiques aux secteurs de l’éducation, de la santé, et du logement, au télétravail et aux services publics. Le FTTH est aussi une opportunité unique pour l’Europe en termes d’emplois. Une autre étude réalisée en 2008 pour le compte de la Commission européenne note que l’extension des réseaux à hauts débits en Europe pourrait créer deux millions d’emplois d’ici à 2015.

Sur le papier, tout ceci est très séduisant. Mais en pratique, comment apporter une réponse à la diversité des topologies réseau ?

Martin Reichle : En effet, chaque pays, région ou agglomération présente des projets de développement spécifiques. Les fournisseurs de câblage doivent donc être capables de proposer une technologie polyvalente en mesure de répondre aux besoins de l’ensemble des protocoles actuels de transmission à très hauts débits. Les solutions proposées doivent en particulier couvrir les besoins d’installation de nouveaux réseaux optiques et hybrides, mais aussi la migration progressive des réseaux cuivre et coaxiaux existants vers l’optique.

La solution n’est-elle pas plutôt dans la normalisation ?

Martin Reichle : A l’heure actuelle, il n’existe effectivement pas de normes nationales concernant le point d’entrée des services dans les foyers. Parmi les obstacles figurent également les questions réglementaires non résolues à l’échelle nationale et européenne. Pourtant, en Suisse, la connexion FTTH à quatre fibres optiques chez l’abonné fait figure de modèle au plan international. Les opérateurs réseaux peuvent réduire leurs coûts en matière d’interfaces et de prises grâce à une coopération sur le câblage et à des standards communs. Les utilisateurs peuvent ainsi facilement changer de FAI dès lors que des câbles multiples sont présents. On pourrait également citer d’autres exemples comme les Pays-Bas où la croissance des réseaux optiques est importante. C’est pourquoi nous nous attendons à une explosion du FTTH dans les cinq ans à venir en Europe et en particulier en France.

Le prix n’est-il pas le dernier obstacle à la démocratisation du FTTH ?

Martin Reichle : Nous considérons l’Internet à très haut débit comme un service qui doit être accessible sans restriction au domicile des consommateurs, au même titre que l’eau, le chauffage et l’électricité. Ce qui implique effectivement que les coûts d’installation baissent. Cela dit, ces coûts sont devenus raisonnables. Il est possible aujourd’hui d’installer un réseau domestique multimédia pour quelques centaines d’euros.

Propos recueillis par Pascal Coutance

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