Volker Prüller, directeur du marketing pour l’activité « Low Power RF » de Texas Instruments : ”Le standard ZigBee n’a jamais été aussi dynamique”

Le 11/10/2010 à 0:00 par La Rédaction

ZigBee a aujourd’hui atteint la maturité suffisante pour assurer son déploiement sur une vaste échelle, explique M. Prüller. Et parmi les opportunités de croissance, le smart grid et les télécommandes avec ZigBee RF4CE figurent en bonne place. Quel est le statut actuel de ZigBee et comment voyez-vous les perspectives de croissance à court et à long terme ?

Volker Prüller : Le déploiement d’un nouveau standard, surtout si celui-ci autorise un niveau d’interopérabilité équivalent à celui de ZigBee, prend un certain temps. C’est dans la nature des choses. ZigBee a aujourd’hui atteint la maturité suffisante pour assurer son déploiement sur une vaste échelle. Les applications Smart Energy, Home Automation et Remote Control RF4CE sont certifiées. Les profils pour Health Care, Retail Services et Telecom vont de leur côté se traduire par le lancement d’une seconde vague de produits basés sur ZigBee. Pour répondre à la seconde partie de votre question, une opportunité à court et à long terme est en rapport avec le comptage intelligent. Les desiderata déjà exprimés en matière de suivi de la demande en énergie et d’amélioration du service se transformeront en exigences dans quelques années. Le « smart grid » (les réseaux de distribution d’électricité « intelligents ») est en marche et va devenir une réalité. Pour permettre au « smart grid » de s’imposer, l’Europe des 25 présente certaines particularités qui font que plusieurs technologies sont adaptées aux besoins et aux structures des réseaux existants. TI propose ainsi, d’un côté des solutions de communication par voie filaire exploitant les courants porteurs, de l’autre différentes alternatives basées sur des standards sans fil comme le Wireless M-Bus, 6LowPAN, ZigBee ou autres. L’avantage de ZigBee réside dans son niveau d’interopérabilité, sa flexibilité, la sécurité des transmissions et le fait de ne pas être un héritage national, mais un standard global. Alors pourquoi ne pas l’accepter aussi comme un standard européen ? Une opportunité à plus court terme, mais tout aussi importante, concerne les télécommandes avec ZigBee RF4CE. A la maison, combien de télécommandes avez-vous qui font exactement la même chose mais ne pilotent qu’un seul appareil ? Autour de votre téléviseur, combien de boîtiers aimeriez-vous dissimuler dans un tiroir sans perdre la fonction de télécommande ? RF4CE répond à ces questions. Les premiers systèmes vont arriver sur le marché dès cette année, alors que la production de masse est prévue pour 2011.

Dans nombre d’applications, ZigBee est en concurrence avec de multiples protocoles, souvent propriétaires. Quels critères vont guider le choix de l’ingénieur de conception ?

Volker Prüller : Pour la plupart des technologies existantes, je ne suis pas sûr que l’on puisse vraiment parler de standards. Cela ne veut pas dire que les solutions ne sont pas intéressantes pour les domaines d’applications envisagés. Mais je crois que les premières questions qu’un ingénieur doit se poser au début de la phase de développement d’un système de communication sans fil sont les suivantes : – combien de connexions doivent être assurées et quelle est la structure du réseau (point à point, en étoile, topologie maillée) ? – quel débit de données est en jeu et quelle distance entre les points de connexion doit être couverte par la liaison RF ? – quelles sont les sources d’alimentation pour tous les noeuds de connexion ? – le système ou réseau sera-t-il ouvert ou fermé aux produits élaborés à partir d’une ou plusieurs autres plates-formes ? Au niveau des ressources mémoire, la taille de la pile ZigBee est fonction de la complexité du réseau et de l’architecture du microcontrôleur utilisé. Si la pile ZigBee Pro, qui est la version la plus actuelle du standard, tourne autour de 100 Ko, cela s’explique par la flexibilité et les fonctionnalités accrues. Mais l’industrie du semi-conducteur est là pour résoudre un tel problème. A l’instar du CC2530, des circuits intégrés avec RF & microcontrôleur, sont aujourd’hui proposés à moins de 3 € l’unité, tandis que certains de nos partenaires commercialisent des modules certifiés et prêts à l’emploi à des prix très avantageux. Comparé à cela, un protocole propriétaire peut certainement être encore plus optimisé en coût ou en consommation, mais en perdant le bénéfice de l’interopérabilité. Pour descendre en dessous de la barre des 2 €, TI a développé SimpliciTI, un protocole sans paiement de licence pour nos clients. Il requiert moins de 10 Ko en mémoire et concerne, de surcroît, différents produits exploitant la bande des 2,4 GHz, mais aussi celles des 433 et 868 MHz.

Des microcontrôleurs 32 bits se trouvent désormais embarqués dans des systèmes sur puce dédiés ZigBee. Cela répond-il à un réel besoin ?

Volker Prüller : De nombreux progrès ont été réalisés dans le domaine des outils de développement et des compilateurs C. De telle sorte qu’il est aujourd’hui plus facile d’utiliser des processeurs 16 ou 32 bits sans avoir à entrer dans le détail des architectures. Cela étant dit, pour une solution RF du style ZigBee, la puissance de ces coeurs, si elle ne sert pas à développer une application allant au-delà de la fonction de communication proprement dite, peut-être considérée comme un peu « de luxe » pour l’ingénieur informatique. Dans le système sur puce CC2530, nous utilisons un coeur 8 bits de type 8051 qui si l’on prend en compte le succès rencontré par le circuit dans les applications ZigBee, s’avère suffisant.

Propos recueillis par Philippe Corvisier

Copy link
Powered by Social Snap