Le Snese (Syndicat national des entreprises de sous-traitance électronique), par la voix de son président Eric Burnotte, a rappelé l’omniprésence de l’électronique dans notre quotidien et nos industries, mais pas seulement…
« La crise du Covid a rappelé, s’il en était besoin, que l’électronique était un secteur clé à plus d’un titre. Il n’y a plus aucun domaine où la performance du produit fini quel qu’il soit ne se retrouve intimement liée à des solutions électroniques. En particulier dans la recherche de baisse des consommations, d’alternatives plus durables et de décarbonation, les apports de systèmes électroniques en évolution constante sont devenus incontournables. Que l’on cite l’électromobilité, pour employer un mot à la mode, ou l’aéronautique, la défense, le médical ou la communication, l’électronique est partout et améliore directement la performance des produits. Il en est de même pour les objets du quotidien qui sont de plus en plus connectés et sobres en énergie. »
Le Snese déplore également le manque d’investisseurs français, une situation fortement préjudiciable à l’industrie de l’électronique mais aussi à la souveraineté économique du pays : « les entreprises du secteur, à l’image des produits innovants qu’elles conçoivent et fabriquent dans des sites hautement performants, peinent à trouver des investisseurs ou des repreneurs français. Cette situation est pour le moins irrationnelle, voire dangereuse pour l’ensemble de nos industries, car sans électronique, pas d’activité industrielle de pointe, sans parler de souveraineté ou d’indépendance économique. Récemment encore, plusieurs entreprises ou groupements d’entreprises emblématiques du secteur sont passées sous pavillon étranger, malgré les alertes du Snese, et les tentatives d’action des services de l’Etat. Le cédant, souvent fondateur historique, explique fréquemment qu’en désespoir de cause, il n’avait pas d’autre choix. Pourtant, la filière (malgré la délocalisation massive de la production des appareils grand public) est en croissance continue depuis une bonne décennie – même si on constate une baisse de la demande depuis un an, qui est liée à l’écoulement lent des surstocks produits en sortie de période Covid, ainsi qu’aux circonstances géopolitiques récentes. Il semble que les financiers étrangers perçoivent mieux les opportunités d’investir dans ce domaine. Trop d’industriels, considérant toujours l’électronique comme « commoditisée » malgré son impact fort dans la performance de leur produit, négligent les investissements (en matériel et surtout en compétences) et se retrouvent dépendant de tiers, alors même que c’est souvent grâce à l’électronique qu’ils peuvent prendre de l’avance sur leurs concurrents. Il n’y a qu’à regarder du côté de l’automobile, où Tesla s’est fait sa place en changeant de paradigme, c’est-à-dire en commençant par construire une plateforme électronique autour de laquelle ont été posées une carrosserie, des sièges et quatre roues. On a même vu certains s’émouvoir d’une forte dépendance étrangère pendant la dure période Covid qui a généré des pénuries, mais ne rien changer dans leur stratégie aujourd’hui. ».
Par ailleurs, le syndicat attire l’attention sur l’électronique hardware – hélas ! trop souvent délaissée alors qu’elle constitue un rouage essentiel à l’ensemble de la chaîne de valeur de l’électronique : « A l’heure où toutes les attentions se portent sur l’intelligence artificielle, il est nécessaire de rappeler que tout système informatique ou logiciel ne peut exister sans électronique hardware. Toutes les études convergent vers un doublement de la consommation de semi-conducteurs dans les années qui viennent (source : Acsiel), il est donc indispensable de développer des investissements orientés sur tous les maillons de la chaîne de valeur, depuis la conception des composants jusqu’à l’assemblage des produits finis. »
En conclusion, « plus que jamais, il est primordial que les industriels utilisateurs de systèmes électroniques participent à l’écosystème en investissant dans nos activités de fabrication afin d’assurer la résilience de leurs propres activités. C’est particulièrement vrai dans les secteurs qui renouent avec une forte croissance, comme l’aéronautique, où la quasi-totalité des systèmes sont confiés à de très petites entreprises qui ont du mal à investir ».