D’après le Nikkei, Micron aurait décidé d’agrandir son usine de mémoires d’Hiroshima pour y produire davantage de puces à large bande passante HBM. Le montant de l’investissement avoisinerait les 9,6 milliards de dollars, dont 3,2 Md$ seraient pris en charge directement par les contribuables nippons par l’intermédiaire du ministère japonais de l’Economie.
Ce ratio d’un tiers de subventions peut paraître choquant pour les entrepreneurs anonymes : quiconque veut ouvrir une boulangerie, un atelier de réparation de vélos ou même un site de production de cartes électroniques ne verra sans doute pas un tiers de ses investissements financés sur deniers publics. Mais dans le secteur « stratégique » des semi-conducteurs, c’est un ratio qui n’a rien d’extraordinaire. On se rappelle ainsi qu’Intel avait d’abord réclamé 6,8 milliards d’euros aux pouvoirs publics allemands pour son projet d’usine à 17Md€ de Magdebourg, puis exigé une rallonge de trois milliards face à l’inflation des coûts de construction… avant d’abandonner le projet. Pour attirer sur le sol européen une usine américaine fabriquant des processeurs expédiés ensuite en Chine, ce qui ne présente pour l’Europe qu’un intérêt très indirect, le ratio avoisinait, dans ce cas, les 50%. Et l’usine de puces SiC que ST construit à Catane bénéficie de deux milliards de soutien de l’Etat italien (dans le cadre du Chips Act européen) sur un budget global de cinq milliards, soit un ratio de 40%.
Même s’il interpelle forcément, il faut rappeler que cet assistanat est vieux comme le monde (du moins, le monde industrialisé) et peut se comprendre dans une concurrence mondiale en forme de cercle vicieux : comme les autres pays s’y adonnent, il est difficile de ne pas y succomber, que ce soit pour ne pas défavoriser ses entreprises domestiques ou pour tenter d’attirer des fabricants étrangers sur son sol.