Cleurie, charmante bourgade vosgienne de 650 habitants à proximité de Remiremont, avait déjà une originalité : disséminée le long de la rivière du même nom, elle n’a pas d’église, ni de véritable centre. Bientôt, elle n’aura plus non plus son usine Asteelflash.
Le fabricant de cartes électroniques a en effet annoncé à sa centaine de salariés, au moyen de quatre slides Powerpoint, que le site Asteelflash Lorraine allait cesser sa production en fin d’année et fermer ses portes en février 2026. Sans doute après avoir déménagé son matériel de production vers un autre site du groupe, tel que celui qui a récemment ouvert ses portes près de Wroclaw en Pologne. Détenu par le groupe taïwanais USI depuis 2020, Asteelflash aurait justifié sa décision en invoquant la rentabilité insuffisante de cette usine lorraine créée en 1977 sous le nom d’Enrulec, et dont l’essor avait favorisé la croissance de 40% de la population locale observée entre 1975 et 1982.
Le discours officiel d’Asteelflash passe mal auprès des futurs chômeurs, qui évoquent plutôt une reprise de l’activité. A Cleurie, le maire et les travailleurs entendent bien demander des comptes à la direction du sous-traitant, et le député local, Christophe Naegelen (groupe Liot), a dénoncé à l’Assemblée « le comportement hautain et l’irrespect » de ses responsables. Le premier piquet de grève a été planté sur un rond-point de la commune voisine, qui se nomme… Le Syndicat.
PS : dans un communiqué transmis après la publication de cet éditorial, Asteelflash France assure de sa volonté de « maintenir la compétitivité et la pérennité des activités en France en consolidant les productions sur les sites de Duttlenheim et Soissons. Les sites en question disposent d’un savoir-faire équivalent à celui de Cleurie et seraient en mesure de servir les clients concernés avec un niveau de service et de qualité similaire ».