De prime abord, le rachat du Britannique Alphawave Semi par Qualcomm n’est qu’un épisode de plus dans la quête (onéreuse) aux compétences liées à l’intelligence artificielle – Alphawave détient un important savoir-faire en interfaces réseaux et contrôleurs mémoires à très haut débit. Mais cette acquisition reflète un autre phénomène : la dépréciation de la place financière de Londres, qui régnait autrefois sans partage sur l’Europe, et dont la domination est aujourd’hui remise en cause.
Depuis le Brexit, les investisseurs se font plus rares dans la City, les entreprises britanniques hésitent elles-mêmes à la choisir pour leur introduction en Bourse… et les grandes compagnies américaines viennent y faire leur marché à moindre prix. Simultanément au rachat d’Alphawave, la start-up Oxford Ionics, spécialisée dans l’informatique quantique, passait sous le contrôle de son rival Américain IonQ, tandis que le Londonien Spectris, fournisseur d’équipements de test, était la cible du fonds d’investissement Advent. La semaine précédente, Deliveroo était tombé dans l’escarcelle de DoorDash, et DarkTrace, spécialiste de la cybersécurité et de l’IA basé à Cambridge, acceptait l’offre du fonds Thoma Bravo.
Tous ces rachats américains de sociétés britanniques se chiffrent en milliards de dollars. Isolé, le Royaume-Uni a-t-il encore la force de frappe financière nécessaire pour soutenir une Bourse majeure à l’échelle mondiale, sans laquelle il lui sera difficile de conserver ses pépites technologiques ?