L’Europe à la traîne

Le 05/02/2024 à 6:41 par Frédéric Rémond

A l’occasion des résultats annuels du fabricant d’équipements de production de semi-conducteurs, le CEO d’ASML, sur le départ au printemps prochain, a rappelé une évidence qui ne semble avoir échappé qu’aux instances politiques nationales et européennes : l’Europe échouera à atteindre son objectif consistant à produire 20% des puces mondiales d’ici 2030 – en fait, vu les lourds investissements en cours aux Etats-Unis et en Asie, l’Europe serait déjà heureuse de maintenir sa « part de marché » qui tutoie aujourd’hui les 8%. Peter Wennink a rappelé à l’occasion qu’il avait fallu trente ans aux fabricants des puces pour bâtir une machine industrielle capable de générer 500 milliards de dollars de chiffre d’affaires ; pour que ce marché mondial double de taille comme attendu d’ici 2030, un effort considérable devrait être accompli. En sous-investissant comme elle le fait depuis des décennies, l’Europe prend le risque de dépendre encore un peu plus de fournisseurs implantés dans des pays sinon ennemis, du moins concurrents. Ce qui handicapera davantage ses velléités de « souveraineté » que ses fabricants, qui sont eux implantés dans le monde entier. Il en va de même pour l’embauche de talents, souligne Peter Wennink : si les lois anti-immigration continuent de se durcir sur le Vieux Continent, son entreprise, et d’autres, iront s’installer là où ils trouveront les ressources humaines nécessaires à leur croissance.

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