Une nouvelle approche pour la planification et la gestion des programmes dans le secteur Aéronautique et Défense

Le 08/10/2021 à 9:28 par La rédaction

Le secteur Aéronautique et Défense (A&D) se trouve à un tournant important de son histoire. Alors que nous commençons à sortir de la crise provoquée par la pandémie de coronavirus, les entreprises cherchent à retrouver leurs niveaux d’activité d’avant celle-ci. Parallèlement, le secteur bouillonne d’innovations et d’avancées fantastiques, qui s’inscriront certainement dans les livres d’histoire.

Le secteur Aéronautique et Défense (A&D) se trouve à un tournant important de son histoire. Alors que nous commençons à sortir de la crise provoquée par la pandémie de coronavirus, les entreprises cherchent à retrouver leurs niveaux d’activité d’avant celle-ci. Parallèlement, le secteur bouillonne d’innovations et d’avancées fantastiques, qui s’inscriront certainement dans les livres d’histoire.

C’est peut-être le bon moment pour les entreprises du secteur de se livrer à un examen critique de la manière dont elles gèrent leurs programmes, afin non seulement de les réaliser mais aussi de booster l’innovation tout en gérant le changement et la complexité dans toutes les étapes du cycle de développement, de la construction et de la certification de leurs produits. Ces 20 dernières années, j’ai eu la chance de diriger différents programmes, et qu’il s’agisse d’un avion d’affaire, d’une navette spatiale ou d’un nouvel avion de combat, nous cherchions toujours à accélérer le développement, la certification, les essais en vol et le lancement en production. Aujourd’hui comme hier, diriger un programme est un combat permanent pour respecter le budget alloué et les délais, tout en respectant le cahier des charges.

Aujourd’hui, les programmes sont beaucoup plus complexes et les clients veulent davantage de fonctionnalités pour un prix réduit de moitié. Un grand nombre des approches traditionnelles de la gestion des programmes sont dépassées. Pour s’en convaincre, il suffit simplement de penser aux nouveaux niveaux d’électrification atteints par les plateformes et à la quantité croissante de logiciels qu’elles embarquent. Comment gérer et exécuter tout cela ?

Une gestion des programmes en lien avec les attentes actuelles

Aujourd’hui, quand on fait l’état des lieux de la gestion des programmes dans le secteur A&D, il ne fait aucun doute que les choses doivent changer, et vite (figure 1). Ce que j’appelle le syndrome du « système caché » en est un exemple flagrant. Au début d’un programme, les équipes fournissent des informations pour permettre d’élaborer le budget et le calendrier. Les vrais problèmes commencent lorsque le programme démarre : invariablement, des données-clés ou des processus cruciaux se retrouvent dispersés dans des systèmes hétérogènes, les silos de travail cloisonnés tant redoutés. Résultat, le responsable du projet n’a qu’une visibilité partielle du périmètre réel du programme. Pire encore, quand un problème survient, le directeur du programme n’en est informé qu’après coup, lorsqu’une échéance majeure n’a pas été atteinte.

Figure 1 : Les causes actuelles d’échec des programmes aéronautiques – de nombreuses faiblesses tout au long du programme.

Il est nécessaire d’adopter une approche radicalement nouvelle du cycle de vie des programmes : un processus qui débute tôt dans la procédure de réponse à l’appel d’offres et qui se poursuit tout au long du développement, de la certification, du déploiement et du maintien en service. Cette approche de la planification des programmes doit être beaucoup plus intégrée, regroupant de façon centralisée tous les domaines et disciplines pour permettre de surveiller aisément les principaux indicateurs durant chaque phase. Lorsque tout cela est combiné dans un système unique englobant l’ensemble des tâches, ressources et processus, les équipes peuvent plus facilement gérer les principaux indicateurs et automatiser la mise à jour du calendrier du projet.

Une approche plus intégrée de la planification des programmes

Comment fonctionne une telle approche ? Tout commence par un environnement unique où le cahier des charges des exigences du produit, les coûts et les ressources sont intégrés.

L’un des principaux défis auxquels j’ai été confronté dans le domaine du développement de produits consistait à élaborer un planning et un budget précis pour chaque étape du programme en quantifiant les risques et leur impact sur le calendrier et les coûts associés. Nous ne disposions pas toujours d’une base d’estimation fiable, car les domaines fonctionnels clés travaillaient en silos – en échangeant très peu d’informations – et nous ne pouvions donc pas utiliser les enseignements tirés des programmes précédents pour mettre à jour cette base.

L’approche dont je parle repose sur un processus en boucle fermée et un environnement dans lequel toutes les données du programme sont gérées via une interface unique où les équipes ont accès à ces données tout au long du programme. Toutes les équipes connaissent les processus ainsi que le travail à accomplir pour chaque tâche. En outre, dans cet environnementtous les membres sont avertis chaque fois qu’une modification est apportée et ils en comprennent l’impact sur le cycle de développement du produit. Qui plus est, à chaque étape, un processus en boucle fermée capture aussi bien les connaissances institutionnelles que celles apprises de façon organique et les enregistre pour les projets futurs.

La transformation numérique de la gestion des programmes

Ce processus en boucle fermée peut être mis en place lorsque l’entreprise se transforme numériquement. Notre approche de l’entreprise numérique inclut le jumeau numérique le plus complet du marché, ce qui aide les équipes à mieux comprendre leurs systèmes grâce à la connectivité et à la traçabilité, mais aussi à l’intégration et à l’interopérabilité parfaites de leurs propres solutions logicielles. Autre élément-clé de l’entreprise numérique, la continuité numérique permet à plusieurs processus de se dérouler en parallèle, du début du cycle de vie du produit jusqu’à l’étape finale de maintien en service. La continuité numérique gère un ensemble de logiciels et de solutions de développement, et à mesure que des données sont produites et validées elle permet d’apporter visibilité, collaboration et automatisation dans un domaine-clé tout en assurant la connexion avec les autres domaines numérisés.

Gros plan sur la continuité numérique de l’IPP&E

Il est important de comprendre que la continuité numérique de la planification et de l’exécution intégrées des programmes (IPP&E) adaptée à la gestion des programmes actuels relie entre eux les cinq domaines fonctionnels impliqués aujourd’hui dans la plupart des opérations dans le secteur Aéronautique & Défense : ingénierie, gestion des programmes, chaîne d’approvisionnement, production et support aux produits. L’intérêt de cette continuité c’est la façon dont elle permet de garantir la transmission parfaite et sécurisée des données pertinentes entre ces différents domaines.

Voici les principales caractéristiques de cette continuité numérique :

Partage des processus entre l’élaboration des offres et des propositions et le développement de produits
Il peut s’agir là de l’un des aspects les plus frustrants du processus. Il y a généralement deux équipes : celle qui est chargée des offres et des propositions, et celle qui hérite du programme et doit commencer à l’exécuter. Avec notre solution de continuité numérique, nous avons connecté le processus d’élaboration des offres et le processus de gestion des programmes. Le passage de relais entre les deux équipes est ainsi plus efficace, car ce qui est proposé dans la réponse à l’appel d’offres est utilisé comme point de départ dans le système de gestion des programmes. Fini les transmissions approximatives et les fichiers égarés ou difficiles à retrouver.

Au début d’un programme, l’équipe de conception peut utiliser comme point de départ les données du processus d’élaboration des propositions et des offres. Exécuter un processus signifie notamment apprendre au fur et à mesure et capitaliser. Ce sont ces connaissances apprises de façon organique que les entreprises doivent partager, qu’elles doivent collecter à la fin du programme précédent (y compris les informations des offres et des propositions) et utiliser comme point de départ du programme suivant. Dès lors, les équipes ont une meilleure chance que leur produit corresponde à ce qui a été promis dans la réponse à l’appel d’offres.

Suivi d’une exigence ou d’une demande de modification d’un domaine à un autre

Lorsque la continuité numérique existe, une exigence peut être reliée à toutes les fonctions affectées situées en aval. Il s’agit là de bien plus que la simple gestion des données CAO 3D. Avec cette approche de gestion, les équipes peuvent établir un lien entre chaque exigence et la répartition du travail associée, les éléments à tester, la planification des essais et tous les livrables sur lesquels elles doivent travailler. Tout étant lié, elles disposent pour chaque exigence d’une traçabilité de bout en bout.

Que se passe-t-il en cas de demande de modification de dernière minute ? Lorsqu’une modification est effectuée, les équipes n’ont plus besoin d’envoyer des courriels et de téléphoner pour en avertir les personnes situées en aval. La solution IPP&E peut les en avertir automatiquement. Grâce à la continuité numérique, toutes les données sont connectées et visibles par tous, et le chef de projet dispose de davantage d’informations pour décider des actions les plus appropriées.

Contrôle des risques
L’interface unique permet aux équipes d’accéder à toutes les données tout au long du programme ; elles peuvent ainsi savoir ce qui a été dit et fait pour le faire avancer, connaître les événements qui se sont produits pendant son déroulement et qui ont peut-être entraîné des modifications, et comprendre l’impact de celles-ci sur l’ensemble du programme. Lorsqu’une équipe démarre un nouveau programme, elle n’avance plus à l’aveugle. Elle dispose des analyses et des enseignements tirés des programmes précédents, de données historiques qui permettent à chacun de mieux évaluer les risques, et d’une meilleure compréhension de l’impact de ces derniers sur le programme.

 

Passage de la conception du produit aux essais et à la certification

La complexité des produits suscite de nouvelles contraintes réglementaires. Cela augmente la charge que constitue pour les entreprises la nécessité de tester et certifier leurs produits, charge qui peut aisément entraîner des dépassements de coûts et de délais. Le coût de la certification représente désormais jusqu’à 75 % du coût total de développement d’un produit. De toute évidence, il est devenu indispensable de disposer d’une continuité numérique fiable en matière de planification des programmes. En effet, une continuité entre la conception des produits, les essais et la certification permet aux entreprises d’instaurer une relation de coopération avec les autorités de réglementation, ce qui est absolument crucial aujourd’hui en raison du grand nombre de nouvelles technologies utilisées. Cette continuité numérique peut impliquer ces autorités dans le processus de planification, d’exécution et de contrôle tout au long du processus de développement et d’essai des produits.

Gestion des essais, de la certification et de la production

Alors que les entreprises cherchent à optimiser leur processus de production afin d’améliorer la qualité et de réduire leurs coûts, les environnements de production doivent permettre de partager les connaissances basées sur les données générées par les processus actuels et de les transformer en informations exploitables à l’aide d’un jumeau numérique. Les entreprises ont désormais besoin d’une continuité numérique pour gérer des ressources et des processus de fabrication de plus en plus coûteux, accélérer le démarrage de la production, et les aider à intégrer plus vite les nouveaux concepts ou technologies de fabrication.

Automatisation des tâches – la clé pour tirer profit de l’innovation

Avec une méthode de gestion de programmes traditionnelle, les données d’ingénierie sont entrées dans un système, et les calendriers du programme, dans un autre. Comme je l’ai dit précédemment, ces systèmes sont hétérogènes et non connectés entre eux, ce qui fait que la gestion des données prend beaucoup de temps pour les équipes. En revanche, lorsque tout est centralisé sur un seul système dans le cadre d’un processus en boucle fermée, la saisie des données est plus rapide. Votre ingénieur ou technicien en chef peut désormais consacrer tout son temps à résoudre des problèmes complexes et à être plus créatif, au lieu de devoir gérer un planning ou s’acquitter des tâches administratives.

Tout est connecté
En plus de se connecter à la totalité du cycle de vie de leurs produits, les entreprises du secteur Aéronautique & Défense peuvent aussi se connecter aux principaux partenaires de leur chaîne d’approvisionnement. Cela aussi améliore la façon dont les données et les calendriers sont partagés, et, en fin de compte, la façon dont la production d’un produit est finalisée. Grâce à la continuité numérique de l’IPP&E, les équipes disposent d’une visibilité complète, ce qui permet à chacun d’être impliqué dans l’échange de données, que ce soit en interne entre les équipes ou entre les fournisseurs.

Conclusion

Une approche intégrée de la planification et de l’exécution des programmes permet de transformer la manière dont les entreprises du secteur aéronautique démarrent de nouveaux programmes, soumettent des offres pour tenter d’obtenir de nouveaux contrats, et réalisent leurs projets (figure 2). En adoptant cette approche, les entreprises peuvent achever leurs programmes en respectant le budget et le délai, livrer des fonctions innovantes à leurs clients, et augmenter leur chiffre d’affaires.

 

Figure 2 : La continuité numérique de l’IPP&E développée par Siemens intègre trois domaines cruciaux afin de permettre aux entreprises d’atteindre à coup sûr tous les objectifs de leurs programmes – en respectant les budgets et les délais.

Tout cela devient possible lorsque l’entreprise effectue sa transformation numérique. La plupart des technologies numériques mentionnées dans cet article font partie de Siemens Xcelerator, une gamme complète et intégrée qui inclut des logiciels, des services et une plateforme de développement d’applications.

L’une des devises de Siemens est «  Where today meets tomorrow  ». Grâce à notre expérience dans les domaines de la gestion des programmes et de la transformation numérique, nos clients bénéficient dès aujourd’hui de plateformes collaboratives intégrant des technologies innovantes.

Dale Tutt, Vice President of Aerospace and Defense Industry, Siemens Digital Industries Software

POUR EN SAVOIR PLUS

 

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