Couverture ElectroniqueS n°127

L’adoption du Lean et une diversification des fabrications ont eu raison des difficultés financières du site. Alors qu’en 2008 Saint-Nicolas d’Aliermont alignait 2 millions d’euros de pertes, le site est revenu à l’équilibre en juillet dernier. L’usine Epiq de Saint-Nicolas d’Aliermont respire. Alors qu’elle finissait 2008 sur une perte de 2 millions d’euros après, il est vrai, huit années de bénéfices, en 2009, elle a redressé la barre et navigue à l’équilibre depuis juillet. Cela s’est fait grâce à des améliorations successives. La venue, en avril 2009, d’un nouveau directeur, Pascal Aubois, puis, quelques mois plus tard, d’un ingénieur spécialiste des procédés de fabrication CMS fort de 35 années d’expérience a ainsi permis de faire un check-up complet des forces en présence sur le site et, ensuite, de démarrer une démarche Lean en production. Les 140 employés se sont donc lancés dans des propositions d’amélioration et la productivité a ainsi progressé. « De 200 avertisseurs radars réalisés par une équipe de quatre personnes en huit heures, nous sommes passés avec une personne de plus et une réorganisation Lean de la ligne de fabrication, à 405 avertisseurs en huit heures », indique M. Aubois. Il le fallait, car à la commande initiale de 50 000 exemplaires de ces matériels pour 2009, est venue se greffer, en juillet, une commande supplémentaire de 80 000 produits ! De la même façon, l’usine a boosté sa production de matériels pour AutoLiv (capteurs dédiés aux airbags), qui atteint désormais les 280 000 pièces par semaine. « Nos collaborateurs qui n’ont pas encore expérimenté le Lean nous demandent quand ce sera leur tour », précise M. Aubois. Bref, la démarche Lean a remporté un franc succès auprès de l’ensemble des employés, un ensemble qui regroupe deux tranches d’âges : les plus de cinquante ans, qui ont suivi l’usine depuis son appartenance à Alcatel, et les jeunes qui se forment sur le site. Quant à la productivité, elle a augmenté de 50 % à 200 % suivant les fabrications. « Nous automatisons la production : là où, en Chine, le sous-traitant emploie communément trois personnes, nous n’en avons qu’une », souligne M. Aubois. En outre, cette amélioration n’a pas empêché Epiq de conserver ses effectifs et même de faire appel à l’intérim (trente personnes actuellement). Une diversification réussie Pour monter en puissance, Saint-Nicolas d’Aliermont, qui a pour vocation les petites et moyennes séries, a su identifier des marchés porteurs. Le site va ainsi produire des détecteurs de fumées, appareils qui seront rendus obligatoires au premier trimestre 2010 dans les habitations. Les modèles qui seront fabriqués chez Epiq (la commande est de 100 000 pièces) répondent à la norme NF, ce qui n’est pas le cas de tous ces détecteurs, ainsi que l’a montré un test portant sur un échantillon de huit de ces produits, test réalisé par le magazine 60 millions de consommateurs. Parmi les autres clients de la société, citons Lectra Systèmes, fabricant de lasers, de découpes de tissus et d’airbags, Jabil et Nexo, équipementier et société de services qui fait fabriquer chez Epiq un système audio à processeurs destiné à équiper le stade de France. Pour dénicher toujours plus de commandes, Saint-Nicolas d’Aliermont a d’ailleurs recruté, en septembre dernier, un ingénieur commercial. Preuve de la réussite de sa diversification, le site ne fabrique aujourd’hui qu’à hauteur de 30 % pour l’automobile, alors que l’ensemble du groupe Epiq réalise, quant à lui, 70 à 80 % de son chiffre d’affaires grâce à ce secteur. En particulier, la part des centrales électroniques de détection d’intrusion réalisées pour Honeywell a baissé et ne représente plus aujourd’hui que 25 % du chiffre d’affaires de l’usine contre 50 % auparavant. D’une manière générale, les fabrications de Saint-Nicolas d’Aliermont sont constituées, en automobile, comme dans les autres secteurs, par des équipements innovants et/ou à fort potentiel de croissance. Ainsi, le site fabrique, par exemple, des éclairages à DEL pour piscines. Il devrait terminer l’année avec un chiffre d’affaires de 27 à 28 millions d’euros et envisage pour 2010 un montant équivalent mais “ sans pertes ”. A l’usine Epiq de Saint-Nicolas d’Aliermont, une automatisation intelligente reposant sur une démarche Lean et une action commerciale pertinente ont permis de maintenir les effectifs tout en augmentant la productivité. Le groupe Epiq en chiffres Spécialisé en électronique automobile, Epiq s’appuie sur des usines en France, en Allemagne, en république Tchèque, en Bulgarie, au Mexique et en Chine. Au premier semestre de l’an passé, son chiffre d’affaires par secteurs d’activité se répartissait ainsi : l’électronique automobile représentait 77,3 % des ventes, l’électroménager, 14,4 %, l’industriel, 8 % et les divers, 0,3 %. Le groupe a souffert des difficultés ayant affecté l’automobile. Ainsi, au premier semestre 2009, le chiffre d’affaires d’Epiq a-t-il reculé de 26,1 % sur un an à 79,1 millions d’euros. Son bénéfice d’exploitation a atteint 2 millions d’euros contre 4 millions l’an dernier à la même époque. Quant à son bénéfice net, il a représenté 0,8 million d’euros (2,2 millions au 1er semestre de l’an passé). D.G.

Epiq Saint-Nicolas d’Aliermont renoue avec les bénéfices

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