Couverture ElectroniqueS n°127

Acheter des services est une opération complexe qui nécessite de tenir compte à la fois de l’organisation industrielle du fournisseur et de ses technologies de production. Acheter sans rien connaître des produits et de leur fabrication, c’est faire entièrement confiance au fournisseur et s’en remettre totalement à lui pour sa satisfaction. Or, le fournisseur aura tendance à faire davantage d’efforts et donc à mieux servir l’acheteur qui pourra comprendre son offre ainsi que le travail réalisé pour la mise en place de celle-ci. En tout cas, l’acheteur ignorant qui serait mal servi aura davantage de mal qu’un expert à faire entendre ses récriminations. C’est un peu ce qui arrive aujourd’hui à certains acheteurs de matériels, sous-ensembles et services électroniques, confrontés trop jeunes à des achats trop complexes. « Plusieurs débutants qui travaillent avec des sous-traitants sollicitent nos avis », affirme ainsi Elisabeth Partouche, présidente du groupe électronique de la CDAF (Compagnie des acheteurs de France). « Acheter des services suppose en effet de pouvoir comprendre et évaluer l’organisation industrielle d’une entreprise, la qualité de sa chaîne d’approvisionnements ainsi que la qualité de ses produits », précise-t-elle en concluant : « Dans la pratique, il faut à l’acheteur un minimum de cinq ans d’expérience pour acheter des services à la sous-traitance. » Il y a donc une difficulté croissante entre les achats de composants, accessibles à tous, et les achats de services, réservés aux professionnels chevronnés. Entre les deux, se situent les achats de composants passifs multisources, sur lesquels les débutants se font les dents, et les achats de semiconducteurs qui nécessitent un minimum de savoir technique. Fort de son savoir en négociation, adepte de l’axiome “ coût-qualité-délai ”, le diplômé de l’école de commerce devenu acheteur doit donc commencer par se former à la technique auprès du bureau d’études et de la production, ainsi qu’en assistant à des réunions de projet. Cette démarche est toujours perfectible. « Le but d’une coopération entre la technique et les achats est de pouvoir donner le maximum de précisions au fournisseur », précise, pour sa part, Xavier Benoît, directeur technique chez Adetel Group, un sous-traitant qui a mis sur pied, au début de l’été dernier, une formation interne pour ses acheteurs de façon à améliorer les compétences des achats au plan technique. « Au regard de l’acheteur qui met l’accent sur la triade “ coût, pérennité de la relation et délais ”, s’ajoutent celui d’un spécialiste de la technologie utilisée et celui d’un expert en qualité pour le fournisseur considéré », ajoute-t-il. Le sourcing en Asie ne s’improvise pas Les acheteurs ont en particulier besoin de connaissances techniques et en production lorsqu’ils font du sourcing* notamment en Asie. Or, ils sont amenés à en faire de plus en plus pour que leurs produits demeurent compétitifs et, dans le cas des sous-traitants, pour aider leurs clients à baisser leurs prix. Au préalable, ces sous-traitants doivent toutefois procéder à une étude pour déterminer si acheter des produits dans des pays à faible coût de la main-d’œuvre est financièrement rentable pour l’équipement envisagé par leur client. Il leur faut en particulier évaluer les besoins en quantité et en réactivité du donneur d’ordre : si la réactivité est le besoin primordial du client, mieux vaut ne pas envisager un sourcing en Chine, puisque le transport entre ce pays et l’Europe se fait par bateau. Quant au choix des fournisseurs, il se fait après audits et qualifications. En outre, une fois retenus, ceux-ci sont audités régulièrement. « Il y a de très bons fournisseurs chinois au plan de la qualité », précise d’ailleurs Mme Partouche. Les sous-traitants de l’Hexagone vont chercher en Chine des pièces en aluminium, des circuits imprimés, des composants passifs (notamment des bobinages) et des connecteurs. Et de plus en plus ! Adetel Group a, par exemple, créé, en 2007, une filiale chinoise dédiée à ces opérations, avec deux personnes. Ouverte aux clients de la société, cette dernière s’appuie aujourd’hui sur quatre employés sous la responsabilité d’un directeur à mi-temps entre la Chine et la France. « Nous faisons en permanence de l’évaluation de fournisseurs asiatiques pour la connectique et les composants passifs », précise, quant à elle, Mme Partouche. * cf lexique page 42 Elisabeth Partouche, présidente du groupe électronique de la CDAF, et directrice des achats d’Asteel-Flash pour l’Europe : « Un fournisseur est aussi important qu’un client. Son choix est fait en commun par les achats, la R&D, la qualité, la production et les finances »

L’achat de services requiert des connaissances techniques

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