Couverture ElectroniqueS n°127

L’édition 2009 du salon IBC a fait la part belle aux démonstrations de diffusion TNT au standard DVB-T2, avalisé par l’Etsi en septembre. Tout est prêt pour que la Grande-Bretagne lance en fin d’année des émissions de programmes TVHD à la nouvelle norme. Amsterdam. Le DVB-T2 n’avait fait qu’une apparition timide en 2008 sur le salon IBC (1), le rendez-vous européen annuel du secteur du broadcast. Mais, en l’espace d’un an, la donne a changé et le dernier-né des standards de diffusion TV numérique terrestre du groupement DVB était évoqué, d’une manière ou d’une autre, sur plus d’une vingtaine de stands lors de l’édition 2009 qui s’est tenue mi-septembre à Amsterdam. Il faut dire que le temps presse : la Grande-Bretagne compte démarrer officiellement la diffusion de premiers programmes TVHD à la norme DVB-T2 le 2 décembre prochain, pour un lancement national (et une couverture d’environ 50 % de la population) prévu en juin 2010. La Finlande – via l’opérateur DNA – est aussi sur les rangs pour donner, l’année prochaine, le coup d’envoi commercial aux services DVB-T2, avec l’ambition de couvrir 60 % de la population du pays d’ici à la fin 2011. Les équipements professionnels sont prêts Dans les deux cas, c’est quatre programmes TVHD codés MPEG-4 AVC minimum qu’il est envisagé de diffuser dans un canal hertzien de 8 MHz de bande passante. Et pour cause : le standard DVB-T2, qui a vocation à satisfaire les besoins des diffuseurs terrestres soucieux de proposer des services numériques inédits lors de l’extinction de la TV analogique, est censé doper le débit par canal hertzien de 30 % à 50 % par rapport au DVB-T (toutes choses étant égales par ailleurs). Le DVB-T2 a accédé au statut envié de norme Etsi début septembre sous le label EN 302 755. Dans ces conditions, il est évident que les industriels sont dans les starting-blocks, comme ont pu le constater les nombreux visiteurs d’IBC qui ont déambulé dans les allées du centre d’expositions RAI d’Amsterdam, couvert par un signal DVB-T2 diffusé depuis un émetteur voisin et transportant quatre programmes TVHD. De fait, côté modulateurs, le néerlandais DekTec, l’allemand Rohde & Schwarz et les français Enensys et TeamCast semblent dès aujourd’hui en mesure de proposer des produits industriels compatibles avec la nouvelle norme. Enensys, dont le modulateur était au cœur de la démonstration “ live ” de diffusion DVB-T2 sur l’ensemble du site de la manifestation, présentait aussi sur son stand l’une des toutes premières T2-Gateways. Amenés à venir se placer entre les multiplexeurs statistiques et les modulateurs dans la chaîne de diffusion, ces équipements vont s’avérer indispensables au déploiement de réseaux DVB-T2 isofréquences SFN* et à l’implantation des modes de fonctionnement dits “ multi-PLP ” (2) (voir EI n° 689). De son côté, TeamCast, dont le modulateur ainsi que le démodulateur profes-sionnel ont été récemment retenus par l’opérateur suédois Teracom pour un projet pilote DVB-T2, a enrichi sa gamme de produits avec un T2-Gateway du norvégien T-Vips, suite à un accord de partenariat signé entre les deux entreprises. Dans la démonstration de diffusion DVB-T2 de bout-en-bout visible sur le stand de la société bretonne, était notamment mis en œuvre le démodulateur professionnel de TeamCast, un appareil doté de fonctions de mesure et de supervision du signal et présenté comme le premier disponible dans cette catégorie. Côté récepteurs, les choses sont quand même moins avancées. Le britannique Pace a néanmoins dévoilé sur IBC un prototype fonctionnel de décodeur TV compatible DVB-T2 (l’appareil captant le signal émis sur le site de la manifestation). Selon son concepteur, ce décodeur sera l’un des premiers à être lancés de l’autre côté de la Manche pour la réception du service Freeview HD… et ce, dans le courant du premier semestre 2010. Côté fournisseurs de composants, c’est pour l’instant le silence radio, seul NXP ayant confirmé la sortie d’un circuit de démodulation DVB-T2 pour le premier trimestre 2010. *cf lexique page 43 (1) Voir EI n° 674. (2) En mode “ multi-PLP ”, un multiplex DVB-T2 peut être composé de plusieurs sous-multiplex codés chacun différemment et ce, afin d’adapter les caractéristiques de diffusion des différents flux transportés aux types de services transmis (TVHD, TV de définition standard, TV pour récepteurs embarqués mobiles, etc.). La Grande-Bretagne lancera ses premiers services DVB-T2 en mode “ mono-PLP ”. A Londres, la tour de Crystal Palace émet depuis février 2009 un signal DVB-T2 pilote qui doit permettre, entre autres, de vérifier la conformité des récepteurs TV grand public. Des royalties limitées à un euro maximum La firme italienne Sisvel a lancé début 2009 un appel aux détenteurs de brevets essentiels liés à la technologie DVB-T2, afin de mettre en place un programme de licences afférentes. > L’objectif de Sisvel est d’offrir, à travers un guichet unique, un « accès équitable, raisonnable et non discriminatoire » aux brevets DVB-T2. Suite à plusieurs réunions menées avec des sociétés comme la BBC, DirecTV, l’Etri, France Télécom, TDF, LG Electronics, Nokia, la RAI, Samsung, Sidsa et Télécom Bretagne, il a déjà été décidé de ne pas exiger de redevances d’usage pour la diffusion de signaux DVB-T2 et de limiter les royalties à un euro maximum par téléviseur ou décodeur compatible. Les réseaux câblés ont aussi leur nouvelle norme DVB En avril 2009, le groupement DVB a approuvé la spécification DVB-C2 pour la diffusion TV numérique sur réseaux câblés, spécification destinée à actualiser le standard DVB-C déjà vieux de quinze ans. Alors que le DVB-C définit un jeu de modulations monoporteuses comprises entre le 16 QAM et le 256 QAM, le DVB-C2 s’appuie sur la technologie multiporteuse COFDM avec, pour chaque porteuse, le choix de modulations comprises entre le 16 QAM et le 4 096 QAM. Le DVB-C2 fait par ailleurs appel à un codage correcteur d’erreurs beaucoup plus performant que son aîné (LDPC + BCH en lieu et place du traditionnel Reed Solomon). A conditions de déploiement identiques, le DVB-C2 affiche une efficacité spectrale de 30 % meilleure que celle du DVB-C. Après extinction de l’analogique, le gain de capacité dans la voie descendante de réseaux câblés hybrides optimisés pourrait être de plus de 60 %. La spécification DVB-C2 devrait être avalisée par l’Etsi d’ici à la fin de l’année. Certains câblo-opérateurs pourraient déployer cette technologie dès 2010, afin d’élargir leur offre de services (multiples chaînes TVHD, programmes de vidéo à la demande, services interactifs).

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