Couverture ElectroniqueS n°127

Malgré une visibilité à seulement trois mois, la sous-traitance française demeure confiante dans l’avenir, du fait de nombreux projets à l’étude ainsi que d’une augmentation probable de l’externalisation de la production des OEM. Beaucoup de sous-traitants de l’Hexagone devraient, cette année, enregistrer un recul de 0 à 30 % de leur chiffre d’affaires. Toutefois, pour la grande majorité d’entre eux, la baisse ne serait comprise qu’entre 0 et 15 %. « Nos clients ont subi une diminution plus ou moins forte de leur chiffre d’affaires en fonction de leur secteur d’activités, ainsi que de leur stratégie de gestion des stocks. La baisse moyenne est de l’ordre de 25 % », nous a ainsi confié le directeur d’une PME de sous-traitance qui estime que les ventes de sa société devraient demeurer stables cette année. « Le chiffre d’affaires réalisé avec nos cinq plus grands clients a chuté de plus de 50% », rapporte un cadre dont l’entreprise a licencié 17 % de ses effectifs en un an. Les ventes de cette dernière devraient reculer de 25 % en 2009. Néanmoins, une légère amélioration semble se dessiner. « Les quatre derniers mois ont été meilleurs que le début de l’année », estime ainsi le responsable d’une société de sous-traitance classée parmi les cinq premiers Français, et dont le chiffre d’affaires pourrait ne reculer que de 0 à 5 %. En effet, depuis juin, des OEM de l’industriel et de l’automobile reconstituent leurs stocks. Ce qui peut aussi avoir des répercussions ennuyeuses. Car en raison du très faible niveau de ces stocks chez l’ensemble des acteurs de la supply chain, toute demande appuyée risque de générer des pénuries en raison des temps de production incompressibles des produits. La crise n’a cependant pas systématiquement eu pour conséquence des diminutions de commandes auprès de la sous-traitance. Ainsi, alors qu’ils avaient initialement prévu un désengagement auprès de leurs sous-traitants, certains donneurs d’ordre ont maintenu leurs commandes en 2009, attendant une amélioration du paysage pour effectuer les changements prévus. Toutefois, ce scénario ne concerne que des sous-traitants jouissant d’une forte trésorerie. Car, soucieux de sécuriser leurs approvisionnements, plusieurs donneurs d’ordre ont aussi choisi de transférer leurs commandes à des sous-traitants à grande surface financière. Et quand ces sociétés utilisent des unités de production basées dans des pays à faible coût de main-d’œuvre, ça n’en est que mieux. « Certaines de nos productions étaient auparavant dans les mains de concurrents de l’Hexagone », indique ainsi le responsable d’une de ces entreprises. Toutefois, le même interlocuteur annonce une importante diminution de ses ventes dans l’Hexagone : « Notre carnet de commandes y est inférieur de 30 % à celui de l’an dernier à la même époque. » Cette concurrence pèse sur tous. Conjuguée à la pression des donneurs d’ordre cherchant à obtenir de meilleurs prix, elle est cause d’une érosion des marges qui risque de poser problème à une profession qui a sans cesse besoin d’investir. Un plan de charge à trois mois « Depuis le début de l’année, notre carnet de commandes à trois mois augmente, alors que les commandes à plus long terme demeurent stables », déclare le directeur d’une grande société de sous-traitance. « Nous avons une vision à trois mois de notre activité contre cinq mois et demi les années précédentes », confirme l’expert d’une PME du secteur. Ce manque de visibilité résume bien l’année. Toutefois, à plus long terme, la situation devrait s’améliorer. « Les projets à l’étude sont plus nombreux qu’avant », signale ainsi un dirigeant. De jeunes pousses développent de nouveaux produits et font même appel à la sous-traitance pour obtenir un soutien financier. « Nous sommes engagés avec trois start-up et attendons des retombées de ces partenariats avant d’en conclure d’autres », annonce le responsable commercial d’une société qui recrute aujourd’hui en études ainsi qu’en industrialisation de produits. « Les conceptions de produits sont de plus en plus nombreuses, ce qui augure d’un avenir meilleur », confirme le directeur commercial d’une PME. Outre la conception, les sous-traitants proposent de plus en plus à leurs clients, l’intégration de matériels. « Depuis trois ans, nous enregistrons une augmentation régulière des demandes des clients pour l’intégration d’équipements, une activité qui représente aujourd’hui la moitié de notre chiffre d’affaires », souligne le directeur commercial précédent. Sa société se charge d’ailleurs maintenant d’achats de composants mécaniques pour le compte de ses clients. Adetel Group vient, pour sa part, de mettre en place une activité d’équipementier de rang 2, de façon à améliorer son offre de produits clés en main. Ce département coopère avec les autres divisions de la société et assure des services en obsolescence des composants, maintien en conditions opérationnelles et SAV. Chez Lagassé Communications & Industries, l’activité de réparation monte en puissance. Par la suite, un atelier lui sera dédié. Et pour 2010 ? Les prévisions des experts consultés font état de progressions comprises entre 0 % et 15 %. L’intégration de matériels et la réalisation de projets clés en main gagnent en importance au fur et à mesure que les donneurs d’ordre se recentrent sur la conception, le marketing et la vente de leurs produits. Des situations différentes selon les marchés Alors que l’avionique est soumise à des reports, le militaire est un secteur assez serein, puisqu’il vit encore sur la lancée du précédent budget. Les choses ne se corseront pour lui qu’à partir de 2011 quand les coupes budgétaires seront effectives. Dans le ferroviaire, il y a des reports de deux à trois mois pour des raisons techniques et non pas économiques. Le médical se porte bien. Le photovoltaïque et l’éclairage à DEL progressent. L’Allemagne souffre beaucoup mais devrait très bien rebondir En Allemagne, la sous-traitance souffre davantage qu’en France, car les entreprises des biens d’équipements, un secteur clé dans ce pays, ont rapatrié leurs productions en interne de façon à maintenir la charge de leurs lignes de fabrication. Toutefois, la crise a été aussi l’occasion pour ces OEM de faire un bilan quant à leur stratégie de production. Or, ce bilan plaide pour davantage d’externalisation à l’avenir. Aussi, la sortie de crise devrait, outre-Rhin, être l’occasion d’un redémarrage de la sous-traitance beaucoup plus important qu’en France.

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