Couverture ElectroniqueS n°127

Alors que les technologies émergentes font tout pour se faire une place au soleil, la manifestation SID a une nouvelle fois montré que les écrans LCD, bien que devenus matures, restent les maîtres du jeu, y compris au niveau de l’innovation technologique. En 2003, suite à la manifestation SID qui s’était tenue à Baltimore, nous titrions “ Les écrans plats à la conquête de la télévision ” (voir EIH n° 520) et mettions en exergue l’ambition des fabricants qui n’était alors qu’une perspective : détrôner le maître tube cathodique. Que de chemin parcouru en six ans ! C’est le temps qu’il aura fallu aux écrans LCD-TFT pour remplacer les CRT sur ce créneau. Est-ce à dire que les technologies aujourd’hui émergentes (voir notre article en pages 6 et 7) vont faire subir aux LCD, dans les cinq ou six années à venir, le même sort que ces derniers ont imposé aux CRT ? Pas si sûr. Car, si les technologies dites émergentes ont une nouvelle fois marqué les esprits lors de l’édition 2009 de SID (rebaptisée Display Week depuis 2007), qui s’est déroulée du 2 au 4 juin dernier à San Antonio (Texas), les écrans LCD ont, eux aussi, montré qu’ils en avaient encore sous le pied en termes d’innovation technologique. Des images on ne peut plus naturelles En témoignent les quelques produits marquants que nous avons sélectionnés ici. A commencer par ce modèle Full HD (1 920 x 1 080 pixels) de 60,5 pouces signé Sharp, qui ne reste pour l’heure qu’un prototype, mais qui préfigure vraisemblablement ce que seront les LCD-TFT grands formats de demain dans le domaine des téléviseurs, mais aussi dans certains débouchés professionnels. Grâce à un filtre coloré à cinq composantes couleur au lieu de trois (des composantes cyan et jaune viennent s’ajouter aux traditionnelles composantes RVB) et à un algorithme de décodage qui convertit de manière optimale les images RVB standard en images à cinq composantes couleur, le fabricant japonais affirme pouvoir reproduire avec cet afficheur un spectre colorimétrique équivalent à 99 % du spectre couvert par les couleurs naturelles perceptibles par l’œil humain. Il permet en particulier d’afficher avec précision, même pour de grands angles de vue, des couleurs telles que le vert émeraude de la mer, le jaune du laiton ou le rouge cramoisi des roses, des couleurs difficilement reproductibles pour les LCD standard. Et pour cela, point de système de rétroéclairage complexe et onéreux, et c’est bien là le premier de ses avantages : seul le filtre coloré est modifié par rapport à la structure d’un LCD-TFT conventionnel, ce qui laisse augurer des prix raisonnables bien que le Japonais n’ait rien dévoilé à ce sujet. Nec fait également partie de ceux qui soignent la reproductibilité des couleurs de leurs LCD. Le Japonais en a fait la preuve en dévoilant un LCD-TFT SVGA (800 x 600 pixels) de 12,1 pouces capable de couvrir un spectre colorimétrique équivalent à 100 % du standard Adobe RGB. Ciblant comme à son habitude les applications professionnelles haut de gamme, Nec a combiné une nouvelle génération de filtres RVB avec un rétroéclairage à DEL spécifique. Ce dernier n’utilise ni DEL blanches conventionnelles (constituées en général d’une puce émissive bleue associée à des luminophores jaunes) car trop pauvres d’un point de vue colorimétrique, ni DEL RVB, certes compatibles avec le standard Adobe RGB mais jugées trop onéreuses. Nec a en effet opté pour des DEL blanches basées sur des puces émettant dans l’ultraviolet proche et des luminophores RVB. Des LCD toujours plus fins et moins gourmands L’exposition a également été marquée par le traditionnel affrontement entre les coréens Samsung Electronics et LG Display et la saine émulation qui en résulte une fois de plus. L’un comme l’autre ont essentiellement focalisé leurs efforts sur les écrans LCD peu gourmands en énergie, d’une part, et ceux très fins et légers, d’autre part. C’est ainsi que Samsung a présenté des modèles de 14 pouces pour PC portables, de 23 pouces pour moniteurs et de 55 pouces pour téléviseurs dont la consommation électrique est réduite de 40 % et le contraste dynamique grandement amélioré grâce à l’utilisation du procédé de local dimming* appliqué à un système de rétroéclairage à DEL de type indirect ou latéral (DEL positionnées en périphérie d’écran). Le modèle de 23 pouces du Coréen présente ainsi une consommation électrique de seulement 5,7 W, ce qui constitue un record de sobriété pour un LCD de cette taille selon Samsung. Une technologie de pixels apparents, baptisée PenTile et rachetée au printemps 2008 à la start-up américaine Clairvoyante (voir EI n° 616), a par ailleurs permis à Samsung de réaliser un LCD-TFT de 10,1 pouces dont la consommation a été réduite de moitié. C’est la première fois que cette technologie est appliquée sur un afficheur de cette taille. Côté finesse, le Coréen s’est également fait remarquer avec plusieurs modèles tous rétroéclairés par des DEL placées en périphérie d’écran : un premier de 12,1 pouces épais de seulement 1,7 mm pour un poids de 120 g, un deuxième de 24 pouces dont l’épaisseur ne dépasse pas 3,5 mm et, enfin, un troisième de 52 pouces d’à peine 10 mm d’épaisseur ! Du côté du stand de LG Display, la finesse était également au rendez-vous, en parti-culier grâce à des modèles de 42 et 47 pouces dotés eux aussi d’un rétro-éclairage à DEL périphériques et épais de seulement 5,9 mm, ce qui constitue là encore un record. La société a par ailleurs exposé un modèle de 32 pouces dont la consommation est réduite de 50 % par rapport à celle d’un LCD traditionnel grâce à une configuration de pixels à 4 sous-pixels (3 RVB + 1 blanc), une solution déjà utilisée par certains afficheurs petits formats. Enfin, LG Display a fait un effort tout particulier sur les LCD-TFT 3D dont le rendu en relief se rapproche de plus en plus de la réalité. Deux modèles de 47 pouces du Coréen utilisent ainsi deux procédés différents (matrice lenticulaire pour l’un, multiples angles de prise de vue pour l’autre) pour restituer des images 3D sans que l’observateur n’ait besoin de lunettes spéciales. Le Coréen a également dévoilé un afficheur de 23 pouces délivrant des images 3D Full HD (1 920 x 1 080 pixels). La société s’est en effet affranchie de la perte de définition liée aux technologies 3D de type stéréoscopique grâce à une génération séquentielle des images décalées. * cf lexique page 42 Cet afficheur LCD-TFT de 23 pouces signé LG Display est capable de restituer des images 3D avec une définition Full HD de 1 920 x 1 080 pixels.

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