Couverture ElectroniqueS n°127

Le sous-traitant peine à se remettre de la perte de Nokia. Du coup, il se hâte de monter en puissance en TV à écran plat et en décodeurs satellites. Mais cela coûte cher. Elcoteq vient de céder à Ericsson, au prix de 30 millions d’euros, la plupart de ses unités de production de Tallinn, représentant 1 200 de ses 1 600 employés dans la capitale estonienne et un chiffre d’affaires de l’ordre de 200 millions d’euros. Curieuse négociation d’autant qu’Elcoteq demeure fournisseur de l’équipementier suédois, ainsi que le stipule le communiqué relatif à cette cession, qui précise que, ce faisant, Ericsson sécurise les fabrications de Tallinn. Nokia manque à l’appel Evidemment, le sous-traitant y a licencié 385 personnes en mars dernier dans le cadre d’un plan de restructuration annoncé en janvier et prévoyant 5 000 suppressions d’emplois sur 18 830 dans le monde fin décembre 2008, ainsi qu’une économie annuelle comprise entre 80 et 100 M€. Evidemment, Elcoteq enregistre des pertes nettes depuis deux ans : 45,6 millions d’euros au 1er trimestre 2009, 65,9 millions d’euros en 2008 après 108,4 millions d’euros en 2007, soit presque 220 millions en un peu plus de deux ans ! Evidemment, il a aussi besoin d’argent pour se diversifier et a prévu, pour cela, une augmentation de capital ce 2er trimestre. Mais enfin, la situation d’Elcoteq doit être bien inquiétante pour qu’Ericsson reprenne en main les activités de Tallinn. De fait, Elcoteq ne s’est pas remis de la reprise en main par Nokia de sa production externalisée l’an passé. Le manque à gagner annuel pour le sous-traitant finlandais serait de l’ordre du milliard d’euros. Les conséquences sont d’ailleurs visibles dans les comptes. En 2008, le chiffre d’affaires de la société a reculé de 15 %, à 3,44 milliards d’euros, du fait d’une diminution de 20 % de l’activité “ Personal Communications ” (téléphones mobiles) à 2,22 milliards d’euros. Plus encore, ses ventes du 1er trimestre 2009 ont chuté de 48 % sur un an, à 470 millions d’euros, du fait d’un effondrement du chiffre d’affaires de cette même division (- 67 % à 227,7 millions d’euros). Cette diminution des ventes est en partie à l’origine du recul du résultat d’exploitation de la société (perte de 38,3 millions d’euros au 1er trimestre). Toutefois, le sous-traitant a plusieurs fois annoncé que les retombées de son plan de restructuration ne commenceraient à se faire sentir qu’au 2e trimestre 2009. Dont acte ! Toujours est-il qu’il multiplie les actions en vue de l’obtention de nouveaux clients. Le canadien Research in Motion (Rim), créateur du téléphone Blackberry, est ainsi devenu son premier client. Et, il compte aussi le chinois Huaweï parmi ses donneurs d’ordre asiatiques. Surtout, le Finlandais se hâte de monter en puissance en électronique domestique grand public (décodeurs, TV à écran plat, etc.) : + 19 % en 2008, à 517,3 millions d’euros, et + 43 % sur un an au 1er trimestre 2009, à 116,9 millions d’euros, grâce, notamment, à l’acquisition, moyennant 32 millions de dollars, d’une usine mexicaine de fabrication de récepteurs TV à écran plat (740 employés) de Philips. Basé à Juarez, ce site peut assembler 6 000 TV par jour, utilisant un stock d’écrans LCD installé à proximité de la ville, de l’autre côté de la frontière, au Texas. Il sert aujourd’hui Philips et le japonais Funai, pour un montant total annuel de l’ordre de 250 M$. Il ne lui reste plus qu’à acquérir d’autres sites de grands fabricants jouant la carte de l’externalisation : pas Samsung (1er mondial) ni LG Electronics (3e) ou Hitachi qui veulent conserver la main sur leur production, mais Sony (2e) ou Toshiba, par exemple, qui ont annoncé leur intention de faire davantage appel à la sous-traitance. En Asie, Elcoteq a également obtenu du gouvernement chinois une autorisation de fabriquer des décodeurs satellites pour le marché local dans son centre de production de Pékin. En septembre 2008, Elcoteq a racheté l’usine de production de récepteurs TV à écran LCD de Philips, basée à Juarez au Mexique. Dotée d’une capacité de production de 6 000 TV par jour, cette unité prend en charge les écrans dont la diagonale s’échelonne de 66 cm à 132 cm.

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