Couverture ElectroniqueS n°127

Grâce à la Chine, l’Asie est devenue, au 2e trimestre, le premier débouché en composants pour les deux têtes de file de la distribution, Arrow et Avnet. Quant à Taïwan, il devient de plus en plus un pôle central de R&D pour la sous-traitance traditionnelle. Alors que l’Europe demeure empêtrée dans la crise et que les Etats-Unis cherchent de nouveaux fronts, l’Asie s’est déjà relevée. Notamment la Chine qui, au 2e trimestre, a vu son économie croître de 8 % sur un an. Pour ce qui est de l’électronique, durant cette même période, le marché asiatique est devenu le premier débouché pour Arrow et Avnet, les deux têtes de liste de la distribution mondiale de composants. Quant aux ténors de la distribution par catalogue, Electrocomponents et Farnell, ils ont fait de cette région du monde leur priorité. En outre, la distribution asiatique de composants monte elle aussi en puissance. Ainsi, WPG Holding a-t-il ravi, dès 2007, la 3e place mondiale à Future Electronics. Créé en novembre 2005 à partir de la fusion de WPG, de SAC Group, de RichPower et de Pernas, ce groupe commerce surtout avec l’Asie, en particulier avec la Chine, pays où il a réalisé 78 % de son chiffre d’affaires en 2008 (4,54 milliards de dollars). Sa puissance financière lui permet d’essaimer : fin 2007, WPG a ainsi installé une importante filiale aux Etats-Unis qui a racheté une partie de l’activité de distribution de composants de l’américain Jaco Electronics. Ce n’est pas le seul distributeur asiatique à croître rapidement. Ainsi, le chiffre d’affaires de son compatriote Yosun a bondi de 31 % en 2007 et de 23 % en 2008, à 3,37 milliards de dollars. Créé en 1998, basé à Hong Kong, Cytech Technology s’est aussi fait remarquer par la croissance appréciable de ses ventes (+ 16 % en 2007). D’une manière générale, la distribution de composants électroniques joue un rôle majeur en Chine, parce que les fabricants de composants, notamment de semiconducteurs, n’hésitent pas à l’utiliser pour conquérir de nouveaux marchés et parce que les distributeurs sont mieux armés que les fabricants pour livrer partout dans ce vaste pays. En outre, la mentalité chinoise, qui valorise la notion d’intermédiaire et insiste sur les relations personnelles, favorise le recours à la distribution. Or qui dit achats de composants dit production électronique. La sous-traitance progresse à pas de géant en Asie L’ensemble Chine-Taïwan regroupe la quasi-totalité des acteurs de la sous-traitance ODM (sous-traitance avec conception), qui réalisent et fabriquent les cartes mères de PC, les micro-ordinateurs de bureau et portables, les netbooks, les assistants numériques personnels (PDA), les téléphones portables, les codeurs-décodeurs, les boîtiers-décodeurs et, in fine, l’ensemble des produits de grande diffusion de l’informatique, des télécoms et de l’électronique grand public. Taïwan est également le pays du premier sous-traitant mondial traditionnel (par opposition à la sous-traitance ODM), Hon Hai Precision, dont le chiffre d’affaires est environ 1,5 fois supérieur à celui de son challenger, Flextronics. Les taïwanais New Kinpo Group et USI, qui font partie des dix premiers mondiaux de la sous-traitance traditionnelle, montent également vite en puissance, de même que le singapourien Venture. En outre, Taïwan est en train de devenir un centre clé de R&D pour la sous-traitance. En juillet dernier, Flextronics y a ainsi inauguré une usine doublée d’un centre de conception pour PC portables, à Banciao. Il entend recruter quelque 1 500 ingénieurs pour ses trois sites taïwanais dans les années à venir. L’avenir plaide aussi pour une accélération de la progression de la production électronique en Chine et en Asie, puisque cette région a dépassé le statut de lieu de fabrication à faible coût de la main-d’œuvre pour devenir un marché de premier plan. Ainsi, selon Gartner, au 2e trimestre 2009, les ventes de PC en Asie (hors Japon) ont progressé de 2,3 % sur un an, à 20,5 millions d’unités, et, en particulier, de 6 % en Chine, alors qu’elles ont reculé de 1,2 % à 16,4 millions d’unités aux Etats-Unis, et de 10,9 % à 20,6 millions d’unités en Europe. La crise actuelle, qui a permis une remise à plat de la production automobile dans le monde, pourrait également favoriser l’émergence de constructeurs asiatiques qui mettent l’accent sur le respect de l’environnement, ainsi que sur des modèles économiques destinés à des acheteurs de moins en moins fortunés, au moins dans les économies occidentales. A l’image de l’indien Tata qui vient de sortir une voiture d’entrée de gamme, la Nano, dont il devrait décliner des modèles destinés aux marchés occidentaux dans un proche avenir. Les coréens Samsung et Hyundai-Kia l’ont bien compris qui, durant l’été, ont annoncé des programmes visant à mieux respecter l’environnement tant au plan de la fabrication qu’à celui des produits. Samsung a prévu une enveloppe de 4,5 milliards de dollars sur quatre ans pour une diminution de moitié de la production de gaz carbonique dans ses usines, en particulier dans ses sites de production de semiconducteurs et d’écrans LCD, ainsi que pour la réalisation d’équipements électroniques grand public à plus faible consommation (0,5 W en stand-by contre 1 W actuellement, par exemple). De son côté, Hyundai-Kia, qui est le cinquième constructeur automobile mondial, prévoit d’investir 2,3 milliards d’euros d’ici à fin 2013, pour la production de véhicules à hydrogène, ainsi que de voitures hybrides. Enfin, l’Asie devient une plate-forme de lancement des nouvelles technologies. Les Chinois testent déjà la 4G, technologie destinée à remplacer la 3G, qui permet des débits supérieurs à 100 Mbits/ s et autorise ainsi l’utilisation de la vidéo en même temps que d’autres services. Le respect de l’environnement est un impératif clé pour le succès des entreprises de demain. Les Coréens l’ont bien compris comme Samsung et Hyundai-Kia qui viennent de débloquer des milliards de dollars pour soutenir de telles initiatives à visée écologique. Un Chinois au capital d’Elcoteq Le chinois Kaifa Technology du groupe China Electronics Corporation (CEC) va prendre une participation de 50 millions d’euros dans le capital d’Elcoteq. Au terme des négociations qui seront menées entre le sous-traitant et ses créanciers, au cours de ce 3e trimestre, en vue d’une restructuration de la dette de ce dernier, Kaifa pourrait devenir l’actionnaire le plus important de la société finlandaise avec une participation de plus de 30 %. Kaifa Technology fabrique des matériels pour l’informatique et les télécommunications. Il emploie 7 400 personnes et a, l’an passé, réalisé un chiffre d’affaires de 1,44 milliard d’euros.

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