Couverture ElectroniqueS n°127

LynuxWorks avec la version 3.0 de sa technologie LynxSecure propose un noyau temps réel et un hyperviseur, étroitement liés, capables de gérer une partition sécurisée entre application et la « pleine » virtualisation d'OS non modifiés, y compris Windows. Dans le monde de l'embarqué, la notion de virtualisation devient incontournable. Son pouvoir d'attraction vient du fait qu'elle permet l'exécution en simultané de plusieurs systèmes d'exploitation différents sur un même processeur. Les avantages sont immédiats : réduction de la facture matérielle puisque, par exemple, un noyau Linux et un OS temps réel peuvent faire tourner leurs propres applicatifs sur un seul CPU ; facilité de migration sur les architectures multic&oelig;urs, puisque, dans ce cas, l'hyperviseur prend en charge la distribution des applications sur les différents c&oelig;urs. D'ailleurs, les fabricants de processeur ne s'y trompent pas et fournissent d'ores et déjà des mécanismes de virtualisation de bas niveau, qui facilitent le travail de portage des éditeurs d'hyperviseur. C'est le cas d'Intel avec ses technologies VT-x (support de la paravirtualisation) et VT-d (support du mappage des E/S), mais aussi de Freescale sur ses récentes architectures QorIQ qui intègrent un hyperviseur pour le partitionnement entre les huit c&oelig;urs du processeur.Avec la version 3.0 de sa technologie LynxSecure, qui fonctionne directement sur le matériel, LynuxWorks offre pour la première fois la possibilité de faire tourner en « pleine » virtualisation plusieurs systèmes d'exploitation simultanément sur un même processeur, au même titre que plusieurs systèmes d'exploitation paravirtualisés, qu'ils soient temps réel ou non, chacun supportant des applications fonctionnant dans une partition sécurisée (photo). Rappelons que la notion de paravirtualisation implique de modifier le système d'exploitation qui tourne au-dessus de l'hyperviseur, alors que la « pleine » virtualisation permet, sans toucher une ligne de code, de se passer d'une couche d'émulation entre l'OS et l'hyperviseur sur lequel il fonctionne.La version 3.0 de LynxSecure apporte donc cette notion, absente de la précédente mouture, ce qui lui permet de faire tourner un système Windows standard à côté d'autres systèmes d'exploitation au-dessus de LynxSecure. C'est une avancée importante, puisqu'il devient possible de développer son application sans avoir accès au code source du système d'exploitation, ou de porter des applications existantes sans les modifier sur exactement le même système d'exploitation. Pour le moment cette technologie est disponible uniquement sur les processeurs Intel, notamment les Core 2 Duo.Aller vers une certification EAL 7Une des caractéristiques de la technologie LynxSecure est qu'elle a été développée à à l'aide de méthodes de modélisation formelle. Ce qui devrait à l'avenir faciliter le difficile travail de certification de cette couche logicielle, auprès des autorités américaines, pour les niveaux de sécurité les plus élevés, EAL 6 ou 7 (1). Cette notion de sécurité qui porte sur le noyau LynxSecure lui-même (on parle de sécurité intrinsèque) est à distinguer de celle qui concerne la séparation des applications entre elles, chacune opérant dans un « container » doté de ses propres règles de protection des données selon les recommandations du standard MILS (Multiple independant levels of security).Notons enfin que l'originalité de la technologie LynuxSecure est qu'elle joue à la fois le rôle d'hyperviseur et de micronoyau. Ce qui la distingue des approches de type « pur hyperviseur », proposées par VirtualLogix, VMware ou, plus récemment, par Wind River (Electronique n° 196, p. 18), et des approches de type micro-noyau développées notamment par Open Kernel Labs et Sysgo avec son système PikeOS (2).(1) Cette démarche de certification est très longue et, pour l'instant, seul Green Hills avec son système Integrity a obtenu le niveau EAL 6+ (Electronique n° 200, p. 9)(2) A noter que Sysgo travaille lui aussi à une future certification de sécurité de haut niveau, type EAL 7, de son noyau PikeOS à travers le projet de recherche allemand VerisoftXT qui porte sur la mise en place de méthodes de vérification formelle.Un banc d'essai pour les hyperviseursLe consortium EEMBC (Embedded microprocessor bench-mark consortium) a créé en 2008 un comité de travail pour l'élaboration d'un banc de test logiciel, baptisé Hyperbench, destiné à comparer les hyperviseurs du marché. La batterie de tests prévue portera sur la taille du code, les performances temps réel, la consommation…. Les sociétés AMD, Arm, Cavium Networks, Freescale, IBM, Intel, Marvell, Mips, Nokia côté fabricants de circuits et LynuxWorks, Open Kernel Labs, Green Hills, VirtualLogix et VMware côté logiciel participent à cette initiative. Et c'est Arun Subbarao, vice-président engineering de LynuxWorks, qui vient d'être élu à la tête de ce comité.

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