Couverture ElectroniqueS n°127

Alors que la phase d'édification de la future norme de diffusion numérique terrestre DVB-T2 touche à son terme, les premiers tests d'interopérabilité multifournisseurs donnent déjà des résultats encourageants. La Grande-Bretagne devrait réussir son pari d'un lancement à grande échelle en 2010. Censé répondre aux besoins des diffuseurs TV terrestres qui souhaitent proposer des services inédits lors de l'extinction de la télévision analogique (voir encadré), le standard DVB-T2 va faire ses débuts officiels en fin d'année, c'est désormais une quasi-certitude. Pays moteur en la matière, la Grande-Bretagne compte en effet démarrer la diffusion de premiers programmes TVHD à la norme DVB-T2 dès Noël prochain, étape préliminaire qui précédera un lancement national prévu en juin 2010, juste avant que ne soit donné le coup d'envoi de la prochaine Coupe du monde de football. Les choses, de toute façon, vont bon train. Mi-février, Arqiva – le TDF britannique – a commencé d'émettre un signal DVB-T2 pilote à partir de la tour londonienne de Crystal Palace, afin de valider in situ les modes d'émission préconisés par l'Ofcom, l'organisme de régulation au pays de sa Gracieuse Majesté. Le signal doit également permettre en temps voulu de vérifier la conformité des récepteurs grand public qui seront lancés sur le marché. Des Français en pointeSi la France, comme à son habitude en matière de diffusion TV numérique terrestre, reste pour l'heure sur une position attentiste sur le DVB-T2, plusieurs constructeurs hexagonaux font figure de pionniers de cette technologie. C'est tout particulièrement le cas de la firme rennaise Enensys, dont le modulateur LabMod DVB-T2, disponible dans une version industrielle depuis février, a été retenu par Arqiva pour la chaîne d'émission de Crystal Palace. « Sur le salon IBC de septembre 2008, notre produit, qui était encore à l'état de prototype, était déjà au c&oelig;ur de l'une des deux démonstrations “ live ” de transmissions DVB-T2 », précise Michel Hello, en charge de la gamme d'équipements de transmission chez Enensys, société qui a développé elle-même les algorithmes au c&oelig;ur de son modulateur. La démonstration avait à l'époque été réalisée en collaboration avec Pace, pour le décodeur TVHD, et NXP, pour le prototype du démodulateur. La firme rennaise a également participé à la campagne de tests DVB-T2 organisée début mars au centre de recherche de la RAI à Turin. Une campagne dont l'objectif était de valider l'interopérabilité de différentes implantations de modulateurs et de récepteurs. A cette occasion ont pu être testés six modulateurs conçus respectivement par la BBC, le néerlandais DekTec, l'allemand Rohde & Schwarz, l'italien Screen Service et les français Enensys et Teamcast (ce dernier vient de lancer la première version industrielle de son produit compatible DVB-T2 référencé Power4-T2, voir EI n° 674). La BBC, DekTec, Panasonic, l'espagnol Sidsa et Sony ont, quant à eux, fourni les récepteurs, pour l'heure à vocation professionnelle ou à l'état de prototype. Selon le Projet DVB, une interopérabilité quasi parfaite a pu être démontrée pour les sept modes de fonctionnement DVB-T2 préconisés par l'Ofcom, des modes dits « mono-PLP » (Physical Layer Pipes) moins complexes que les modes « multi-PLP » qui ne sont pas forcément déjà implantés par tous les fabricants(*).« Depuis le gel en mars 2008 des premières spécifications DVB-T2 par le Projet DVB, un certain nombre de choses ont évolué, ajoute M. Hello. En janvier 2009 a notamment été introduite la notion de T2-Gateway, entité qui vient prendre place entre le multi-plexeur statistique et le modulateur ». En corollaire, le Projet DVB a défini l'interface et la syntaxe du flux transitant entre la T2-Gateway et le modulateur DVB-T2 : référencée T2-MI pour T2 Modulator Interface (voir illustration), elle est une sorte d'équivalent de l'interface ASI en DVB-T. « La T2-Gateway a un rôle central dans la chaîne de diffusion et c'est notamment un élément indispensable pour le déploiement des réseaux DVB-T2 isofréquences SFN* », insiste M. Hello. L'un des avantages déterminants de la norme DVB-T2 par rapport à son prédécesseur DVB-T est en effet de disposer de modes de diffusion optimisés pour des réseaux SFN de grande taille. Le déploiement de grands réseaux SFN avec un nombre limité de sites d'émission est alors envisageable, avec pour bénéfice un coût d'installation et un coût opérationnel réduits. « Le plus en avance dans le développement d'une T2-Gateway semble être Screen Service, avance M. Hello. Mais d'autres sociétés travaillent déjà sérieusement sur le sujet et le Projet DVB prévoit pour septembre prochain une campagne de tests d'interopérabilité avec plusieurs T2-Gateways issus de fournisseurs différents ». Enensys, évidemment, espère en faire partie…*Cf lexique page 42 *) En mode « multi-PLP », un multiplex peut être composé de plusieurs sous-multiplex codés chacun de manière différente et ce, afin d'adapter les caractéristiques des flux transportés aux différents services transmis (TVHD, TV de définition standard, etc.). Zoom sur la technologie de diffusion TV numérique terrestre DVB-T2La technologie DVB-T2 a vocation à satisfaire les besoins des diffuseurs terrestres qui désirent proposer des services numériques inédits lors de l'extinction de la TV analogique (trois programmes TVHD, ou plus, par multiplex notamment) ou améliorer la réception sur des téléviseurs portables à l'intérieur des bâtiments ou sur des récepteurs embarqués à bord de véhicules.Par rapport au DVB-T, la norme DVB-T2 est censée doper d'au moins 30 % le débit par canal hertzien (toutes choses égales par ailleurs), ou améliorer la robustesse du signal d'au moins 30 % à débit équivalent, ou étendre la couverture d'un émetteur d'au moins 30 % à puissance d'émission égale (ou réduire la puissance d'émission d'au moins 30 % à couverture identique, réduction des dépenses d'énergie oblige).La spécification DVB-T2 élargit le procédé de modulation OFDM du DVB-T aux modes 1K, 2K, 4K, 8K, 16K et 32K, introduit une constellation par porteuse plus complexe (le 256QAM), recourt à un codage correcteur d'erreurs plus sophistiqué (LDPC). Le DVB-T2 intègre également un mécanisme de codage spatio-temporel de type Miso (Multiple Input Single Output) (voir EI n° 664).

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