Couverture ElectroniqueS n°127

Les éditeurs de plates-formes open source qui sont capables d'offrir en accompagnement des services d'intégration système ont tous les atouts en main pour répondre aux besoins des concepteurs de terminaux mobiles. Tel est l'avis de Vincent Rérolle, directeur général de la division Linux de Wind River. Voilà maintenant quatre ans que Wind River s'est lancé sur le marché Linux embarqué. Quel est le bilan ?Vincent Rérolle : sur sa dernière année fiscale, close le 31 janvier dernier, Wind River a réalisé un chiffre d'affaires compris entre 65 et 70 millions de dollars avec Linux, tant en termes de produits qu'en termes de services. Ce chiffre d'affaires, qui nous place à deux ou trois longueurs devant notre plus proche concurrent spécialisé dans les distributions Linux embarquées, est en progression de près de 50 % par rapport aux douze mois précédents. L'OS libre, qui est clairement l'un des moteurs de la croissance de Wind River, représente maintenant entre 20 % et 25 % des activités globales de la société. Au sein de notre entreprise, quatre cents personnes sont aujourd'hui dédiées aux activités Linux, ingénierie, support et services compris. Comment expliquez-vous la progression de Wind River sur le marché Linux ?Vincent Rérolle : de manière générale, il faut bien voir que, depuis deux ans, il y a un gros effort des industriels pour une standardisation des fondations logicielles. Linux participe à ce phénomène et le basculement vers des distributions commerciales, comme celle que nous proposons avec Wind River Linux 3.0, se généralise. Car si une entreprise peut aisément créer sa propre infrastructure Linux pour un projet spécifique, cette option se révèle à la longue un handicap, surtout lorsque les projets se multiplient et que les produits se diversifient. Il devient de plus en plus difficile de suivre les évolutions de l'Open Source, de maintenir le logiciel, de le mettre à jour… avec des conséquences néfastes au niveau du temps et du coût de développement. Pour pouvoir se concentrer sur les couches logicielles différenciatrices et leur optimisation, les sociétés se tournent désormais en grand nombre vers des éditeurs de distributions Linux embarquées commerciales capables de faire ce travail à leur place. Comment s'articule aujourd'hui la stratégie Linux de Wind River ?Vincent Rérolle : elle s'articule selon deux axes : un axe purement produit et un axe qui associe plates-formes et services. Les constructeurs de téléphones mobiles, d'équipements d'info-loisirs embarqués dans les véhicules ou de terminaux Internet portables n'ont en effet pas besoin d'une plate-forme logicielle rigide et peu flexible. Sur ces créneaux, le rythme d'innovation et la vitesse d'évolution des logiciels sont trop rapides. Qui plus est, une plate-forme complexe comme Android n'a pas encore atteint un degré de maturité suffisant ; une distribution commerciale clé en main ne convient pas. Ce qui apparaît plus réaliste et plus utile pour les concepteurs, c'est la mise à disposition d'un ensemble de blocs logiciels réutilisables, regroupés au sein d'une version open source stabilisée et de qualité industrielle, puis la location de prestations pour les aider à déployer concrètement cette offre dans leurs produits. Les concepteurs achètent en quelque sorte à la fois des services d'intégration système (portage, intégration de logiciels tierces parties, adaptation, optimisation, etc. ) et une feuille de route, puisque nous leur garantissons, durant toute l'intégralité du projet, un suivi des évolutions des composants open source concernés. C'est la raison pour laquelle Wind River est très impliqué dans des organismes industriels comme la Fondation LiMo ou l'Open Handset Alliance/Android, deux organismes qui définissent des fondations logicielles banalisées pour les terminaux mobiles Linux. Aux côtés de grands constructeurs et équipementiers automobiles, nous avons également cofondé l'alliance Genivi qui développe une plate-forme logicielle ouverte Linux pour les équipements d'information et de divertissement embarqués dans les véhicules. Avec l'environnement Wind River Linux 3.0 (voir encadré), la spécialisation des distributions Linux commerciales par secteur vertical semble terminée. Est-ce le cas ?Vincent Rérolle : Wind River Linux 3.0 représente le second axe de la stratégie Linux de la société, l'offre « produit » clé en main. Jusqu'ici, nous disposions de trois plates-formes logicielles commerciales de ce type, une pour les équipements télécoms et réseaux, une autre pour les biens de consommation, et une troisième dite générique, avec pour chacune le support de processeurs et de BSP différents. Nous nous sommes aperçus qu'il en résultait une complexité au niveau commercial, notamment pour certains grands groupes industriels dont la palette de produits est très large et qui devaient donc se procurer différentes plates-formes. Par ailleurs, nous nous sommes rendu compte que, dans certains secteurs non-télécoms comme l'industriel, les transports ou le médical, les constructeurs avaient parfois besoin des caractéristiques de la plate-forme Network Equipment, Linux Edition, notamment en termes de stabilité, de fiabilité, de tolérance aux fautes. C'est la raison pour laquelle Wind River propose désormais une seule plate-forme consolidée au sein de laquelle il existe toutefois des profils systèmes préconfigurés correspondant aux différents marchés verticaux de l'embarqué. Wind River consolide ses plates-formes Linux en un seul produitWind River proposait jusqu'ici différentes distributions Linux préintégrées et packagées selon les marchés verticaux visés. En lançant Wind River Linux 3.0, l'éditeur met un terme à cet état de fait. Cette plate-forme, qui a vocation à remplacer ses prédécesseurs, fournit un jeu de profils systèmes préconfigurés pour satisfaire les besoins verticaux. Une approche qui, selon l'Américain, « réduit la complexité du processus d'achat et accroît la flexibilité des développements sans coût additionnel ». Basée sur le noyau Linux 2.6.27 et les outils de compilation GCC 4.3, Wind River Linux 3.0 intègre plus de 500 packages logiciels, dont des modules pour technologies multimédias, environnements graphiques ou interfaces utilisateurs, tels que X. org, GTK+, Gnome ou GStreamer. Des caractéristiques propres au support d'architectures multic&oelig;urs, telles que le logiciel de virtualisation KVM, sont également intégrées. La plate-forme de Wind River, qui supporte désormais l'architecture UltraSparc T2 de Sun, est compatible avec les spécifications CGL 4.0 de la Fondation Linux, une caractéristique exigée par les équipementiers télécoms, et sera ultérieurement accompagnée d'une suite d'outils graphiques pour interfaces utilisateurs évoluées, issue de la récente acquisition de la firme canadienne Tilcon.

« Les concepteurs de mobiles Linux ont besoin d’une offre mixte qui associe produits et services »

Couverture ElectroniqueS n°127

IBM grave les premières puces en 2 nm en abandonnant les FinFET

Zeta, le protocole LPWAN made in China, arrive en Europe

Harting invente le connecteur électronique sur mesure

« Les concepteurs de mobiles Linux ont besoin d’une offre mixte qui associe produits et services »

Dans la même rubrique

Couverture ElectroniqueS n°127

IBM grave les premières puces en 2 nm en abandonnant les FinFET

Zeta, le protocole LPWAN made in China, arrive en Europe

Harting invente le connecteur électronique sur mesure