Couverture ElectroniqueS n°127

La sous-traitance française fait largement appel à la Chine pour s'approvisionner en circuits imprimés, tout en demeurant vigilante sur le respect de la qualité, des délais de livraison et des prix. Faire l'impasse sur la Chine pour la sous-traitance de l'Hexagone reviendrait pour la ménagère, à bouder le supermarché du coin. La relation client/fournisseur y est d'ailleurs la même : le premier s'attend à trouver des produits économiques et de qualité correcte, le second table sur un grand volume de ventes pour continuer sa stratégie de prix tirés. « Le premier critère pour l'achat en Asie est évidemment le prix et la réduction des coûts », confirme l'un des répondants à notre enquête sur les achats de circuits imprimés hors Europe de l'Ouest. Car comment s'implanter aujourd'hui sur les marchés de volume autrement qu'en proposant les prix les plus faibles possible ? Aussi, n'est-il pas étonnant que 85 % des personnes interrogées nous aient indiqué qu'elles allaient soit conserver leurs montants d'achats soit augmenter leur sourcing* en Asie. Parmi ces derniers, quelques-uns prévoient simultanément de diminuer leurs achats de circuits imprimés dans les pays du Maghreb plus chers que la Chine. Cependant, pour les productions de grands volumes, les sous-traitants doublent toujours leurs sources d'approvisionnements ; ils s'appuient alors sur deux fournisseurs, l'un en Asie et l'autre au Maghreb. D'autres paramètres peuvent aussi influer sur les approvisionnements de la sous-traitance. « Si le dollar revient à parité avec l'euro, le Maghreb et les pays de l'Est seront à nouveau compétitifs par rapport à l'Asie », remarque ainsi un acheteur.Une offre chinoise adaptée aux moyens et grands volumes« Les fournisseurs asiatiques sont très bons en matière de grandes séries à faible complexité », estime un interviewé. « Il n'y a pas plus de problème avec les Chinois, qui sont équipés de matériels de production haut de gamme, qu'avec les Européens », renchérit le responsable d'une PME qui se fournit à 80 % en circuits imprimés chinois. Toutefois, certains domaines comme l'aéronautique et la Défense, requièrent des certifications ainsi que des validations par les donneurs d'ordre, dont très peu de fabricants de circuits imprimés basés hors d'Europe de l'Ouest sont détenteurs. Sans compter que ces secteurs ne sont demandeurs que de petites séries, alors que l'offre asiatique concerne surtout les moyennes et grandes quantités. Aussi quand ils se fournissent en Chine, les sous-traitants de tels « domaines exigeants » ne le font-ils qu'à la demande du client. Et encore, se montrent-ils alors extrêmement vigilants quant à la qualité des produits. Certains d'entre eux annoncent même avoir relocalisé leurs achats de circuits imprimés à cause de problèmes de qualité ou de variation de la qualité.Se fournir en Chine n'est toutefois pas aussi anodin que faire ses courses au supermarché. Cela s'apparente davantage à la recherche et à la qualification de fournisseurs par les acheteurs de la grande distribution. Les sous-traitants font ainsi appel à leurs antennes locales pour qu'elles visitent et auditent des fournisseurs potentiels. Certaines sociétés confient ces audits à des sociétés tierces ; dans ce cas, les audits sont fréquemment réalisés en liaison avec le sous-traitant et un représentant du donneur d'ordre. Et quand ils n'ont pas de bureaux en Chine, les sous-traitants préfèrent travailler avec des fabricants de circuits imprimés représentés en France. Enfin, dans certains cas, notamment au démarrage d'une collaboration, le sous-traitant effectue des contrôles (visuels et documentaires) des circuits imprimés avant expédition, ainsi que des contrôles plus poussés (trous, pastilles) selon la norme IPC à la réception des produits. L'évolution vers une combinaison « gagnant-gagnant » des protagonistes est donc en marche, qui devrait permettre un jour aux sous-traitants français d'acheter leurs circuits imprimés en Chine avec la même sérénité que celle affichée par le client qui fait ses courses au supermarché.* cf lexique page 46Une enquête du SneseSelon une enquête du Snese, le syndicat français de la sous-traitance, une majorité d'adhérents (53 %) prévoient d'augmenter leurs achats de circuits imprimés hors Europe surtout pour des raisons de moindres coûts (87,5 %). 20 % pensent stabiliser ces achats et 20 % prévoient de les réduire à cause de problèmes de qualité (67,5 %) et/ou de logistique (67 %).La qualité est aussi une histoire de cultureL'adoption d'une démarche qualité est plus ou moins facilitée par la culture ambiante. Si le Japon a, par exemple, appliqué avec davantage de succès que les Etats-Unis, la qualité à sa production électronique, c'est que celle-ci entrait en résonance avec son esthétique du dépouillement et de la pureté, alors que les Etats-Unis privilégiaient la création. La culture chinoise, quant à elle, favorise surtout le mouvement et le commerce…

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