Couverture ElectroniqueS n°127

La Fieec vient de remettre aux pouvoirs publics un rapport contenant vingt propositions qui doivent contribuer à mettre en place une stratégie industrielle autour des besoins sociétaux que sont la santé, la sécurité et le développement durable. La Fédération des industries électriques, électroniques et de communication (Fieec), présidée par Pierre Gattaz, vient de remettre au secrétaire d'Etat à l'Industrie, Luc Chatel, le rapport de propositions commandé par le gouvernement en décembre 2008. Plus de 250 personnalités ont contribué à l'élaboration de ce rapport : un réseau d'experts que la Fieec entend continuer de mobiliser pour apporter au gouvernement les compléments d'information qui seront utiles à la prise de décision sur les grandes orientations technologiques de la France. Ce rapport, intitulé « Une stratégie industrielle pour les marchés du futur – La croissance se construit ensemble » détaille vingt propositions dont la plus importante est, selon les dirigeants de la Fieec, « de se donner les moyens de mettre en place une stratégie industrielle » autour des besoins sociétaux identifiés comme étant les plus forts, à savoir la santé, la sécurité et le développement durable. Pour la mettre en &oelig;uvre, la Fieec – dont les propositions sont soutenues par vingt grands patrons français (1) – demande la création d'un conseil stratégique industriel autour de ces trois grands thèmes « afin de définir une stratégie industrielle moderne et de bâtir une vision partagée autour des marchés du futur ». Ce conseil stratégique rassemblerait des industriels, les administrations concernées (industrie, éducation, santé, environnement…), les universités et laboratoires de recherche. Ce lieu de discussion commun et régulier permettrait de dégager des priorités pour bâtir une stratégie industrielle nationale sur les thèmes les plus porteurs. Les professionnels de l'électronique revendiquent bien sûr la possibilité de participer concrètement aux travaux de cet organe de discussion et de cogouvernance en collaboration avec les pouvoirs publics. Garder une production en France« Notre objectif n'est pas de dicter au monde de la recherche ce qu'il doit faire, mais d'exposer notre éclairage et notre vision du futur. Il s'agit également de donner un sens à nos revendications sur la taxe professionnelle, sur le crédit impôt-recherche et sur les mesures d'attractivité sociales et industrielles que nous préconisons », explique Laurent Gouzènes, responsable de la commission Economie à la Fieec. D'autres fédérations (plasturgie, mécanique, automobile, textile) pourraient par la suite être associées à ces travaux. Le rapport se présente en deux recueils distincts : le premier détaille les vingt propositions au gouvernement, tandis que le second relate l'ensemble des travaux des groupes de travail ayant contribué à l'élaboration du rapport(2). Les propositions sont déclinées en trois parties : les marchés du futur (onze propositions), les conditions du succès (cinq propositions) et une méthode pour gagner (quatre propositions). Il s'agit de créer un écosystème industriel où pourront travailler ensemble, dans de bonnes conditions, des entreprises de toutes tailles. « Nous dénonçons la puissance des acheteurs. Du fait de leur politique, nos marges s'érodent et les entreprises plus faibles disparaissent. Nous avons besoin d'un travail plus constructif qui doit être mené avec les bureaux d'études sur le long terme, afin de proposer des innovations utiles pour la société », explique Pierre Gattaz. « Nous sommes par ailleurs convaincus qu'il faut garder une production en France avec des procédés industriels sans cesse remis en cause et optimisés », ajoute-t-il. « Pas question de prôner la relance à coups d'aides d'Etat de grands programmes nationaux, tels que le plan calcul, qui ont laissé de mauvais souvenirs à notre pays. Nous ne réclamons pas de très gros investissements de la part des pouvoirs publics, nous ne demandons pas des milliards d'euros, mais nous proposons au contraire de faire des économies, grâce à l'innovation technologique, sur les dépenses de santé, sur l'éclairage urbain, sur les dépenses d'énergie dans le bâtiment », souligne Pierre Gattaz. Lorsque l'on parle de faire des économies, l'Etat ne peut être qu'intéressé. Aussi, ces propositions ont-elles attiré l'attention de Luc Chatel, lequel a d'ores et déjà évoqué la constitution, en septembre prochain, d'un comité de suivi pour réexaminer et valider l'ensemble des propositions de la Fieec sous la responsabilité du cabinet du secrétaire d'Etat à l'Industrie et de la Direction générale des entreprises (DGE). C'est ce comité de suivi qui devra juger de la pertinence de créer un conseil stratégique industriel pour les métiers de l'électronique. « Nous sommes confiants, mais il reste encore à vaincre certaines résistances au sein de l'administration où règnent parfois des luttes entre corporations », souligne Pierre Gattaz. (1) Le rapport de la Fieec a reçu le soutien d'Alcatel-Lucent, Whirlpool, Siemens, EADS, Sony, Seb, STMicroelectronics, General Electric, Areva T&D, Nexans, Safran, Schneider Electric, France Telecom, Alstom, Philips, Spie, Valeo, Thales, Legrand et Thomson. (2) L'intégralité du rapport est en ligne sur le site de la Fieec : www.fieec.fr. La Fieec, force de proposition pour la mise en place d'une politique industrielle européenneCe n'est pas un hasard si la présentation du rapport de la Fieec a été faite à la veille de la présidence française de l'Union européenne qui mobilisera les pouvoirs publics tout au long du second semestre 2008. La fédération professionnelle française, qui est régulièrement en contact avec l'Orgalime (l'association européenne de fédérations industrielles de l'électronique et de la mécanique), entend, en effet, également faire passer ses propositions au sein des instances européennes. L'Orgalime, présidée par Robert Malher (précédent président de la Fieec), a d'ailleurs initié le programme Electra, une initiative conjointe entre les industriels de l'Orgalime et la Commission européenne pour améliorer la compétitivité de l'industrie européenne de l'électronique et des matériels électriques. Ce programme a été présenté le 25 juin dernier à Bruxelles. Il fait, lui aussi, vingt recommandations, pour sa part, uniquement dans le domaine du développement durable. Il s'agit d'atteindre en 2020 le triple objectif 20/20/20 : 20 % d'amélioration de l'efficacité énergétique des produits, 20 % de réduction des émissions de CO2, 20 % d'énergies renouvelables dans la consommation énergétique européenne.

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