Couverture ElectroniqueS n°127

Les coûts de transport augmentent parallèlement à la hausse du prix du pétrole ; le yuan chinois risque d'être réévalué ; les salaires progressent en Asie comme dans les pays de l'Est. Conclusion des sous-traitants : le Maghreb apparaît plus que jamais intéressant pour délocaliser. Les délocalisations de production sont de plus en plus monnaie courante. Elles sont même parfois devenues un argument de vente. Historiquement, elles ont débuté avec une recherche de coûts de main-d'&oelig;uvre faibles. Des sous-traitants ont aussi accompagné leurs clients sur de nouveaux marchés : Lacroix Electronique a ainsi suivi Philips en Pologne pour y fabriquer des cartes et des sous-ensembles de récepteurs TV, puis Somfy en Tunisie, pour y produire des matériels électroniques destinés aux volets roulants.Depuis deux ans cependant, des problèmes de qualité de fabrication ont provoqué quelques retours de production de Chine en Europe. Les pays d'accueil des productions évoluent aussi. Ainsi, les salaires progressent rapidement dans les pays de l'Est qui ont fait leur entrée dans l'Europe, au point que plusieurs d'entre eux (la Hongrie par exemple) transfèrent à leur tour certaines productions en Chine. Mais dans l'empire du Milieu, les salaires augmentent très vite. En outre, une réévaluation du yuan est de plus en plus probable. Elle est en tout cas souhaitée par les Occidentaux, qui accusent la faible valeur de la monnaie chinoise de fausser, à leur détriment, la compétition internationale.Gagner 20 % sur des coûts logistiquesDans la pratique, Thealec France, par exemple, achète les composants, qui sont ensuite livrés de France, par semi-remorque puis par bateau, dans un magasin tunisien fournissant les deux unités tunisiennes. Les produits finis repartent de Tunisie en France en empruntant le chemin inverse. Eolane, qui, hors France, s'appuie sur une usine au Maroc et une autre en Chine (prototypes et petites séries pour les clients chinois), travaille en ce moment à améliorer sa logistique. Avec pour objectif de « remplacer les contrats signés au niveau des sites par un seul contrat cadre au niveau du groupe », indique Odile Chantreau, experte en logistique pour la Chine chez Eolane. Un contrat cadre qui sera, évidemment, plus avantageux : selon Odile Chantreau, « d'une manière générale, on peut gagner 20 % des coûts d'un secteur logistique non optimisé ». Le sous-traitant Eolane peaufine ainsi sans arrêt sa logistique : les coûts de transports aériens et maritimes font l'objet de révisions semestrielles.Les transporteurs n'ont toutefois pas droit à l'erreur : en effet, comme Thealec en Tunisie, Eolane travaille en flux tendu avec son usine marocaine, c'est-à-dire sans stock tampon. Pas de stock tampon non plus chez Lacroix Electronique, qui installe en ce moment en Tunisie un magasin avancé pour le stockage de composants sous douane, composants qui sont destinés à alimenter son usine de Zebra. Lacroix Electronique, qui vient de finir d'installer un progiciel de gestion d'entreprise (ERP) SAP à Saint-Pierre-de-Montlimart (49), démarre aussi l'installation d'un même outil à Zebra, et a prévu d'en doter son unité polonaise dès la fin 2007. « L'utilisation d'un même ERP sur les trois sites améliorera la gestion des stocks, la productivité, la traçabilité en même temps que les transferts de production », assure Dominique Chanteau, responsable des achats de Lacroix Electronique.Des coûts logistiques en hausse, notamment des coûts de transportLes coûts logistiques progressent d'année en année, selon une étude de l'Aslog (Association française pour la logistique). Ces coûts, qui regroupent le transport (environ 50 %), l'entreposage et l'emballage/manutention (40 %), ainsi que les frais administratifs et financiers (10 %), représentaient l'an passé, en moyenne, quelque 10 % du chiffre d'affaires des sociétés utilisatrices, d'après l'enquête Aslog (portant sur 300 entreprises industrielles et de la distribution), contre 8,8 % en 2004 et 7,7 % en 2002. Ces pourcentages sont cependant à manier avec prudence, car ils concernent des entreprises de secteurs variés (automobile et aéronautique, pharmacie et chimie, bâtiment et travaux publics, agroalimentaire, produits de grande consommation, grande distribution). Le consultant en logistique A22 cite, quant à lui, des coûts logistiques atteignant 10,3 % du chiffre d'affaires pour des sociétés américaines du domaine de l'électronique, chiffre extrait d'une étude de 2004. Nous retiendrons donc une valeur (approximative) de 10 % du chiffre d'affaires avec une progression moyenne de 6 % par an des coûts logistiques.Les raisons invoquées pour la progression des coûts valent, elles, pour tous les secteurs, notamment celui de l'électronique. L'Aslog pointe l'augmentation du prix du carburant et l'allongement des transports du fait de la mondialisation. Les prix des transports auraient ainsi augmenté d'environ 8 % par an entre 2002 et 2006. C'est très supérieur à la progression annuelle des coûts de stockage, qui atteindrait 4 % selon un indice trimestriel créé par la Fédération des entreprises de transport et logistique de France (TLF) et réalisé par le cabinet TL & Associés. Cet indice prend en compte les frais de stockage proprement dits (40 %), les frais résultant notamment des manutentions (50 %) et les frais de structure (10 %).

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