Couverture ElectroniqueS n°127

En l'absence de pénurie de composants, les brokers mettent l'accent sur la recherche de moindres prix, ainsi que sur la gestion et la revente de stocks de pièces pour le compte des clients. « De gros efforts ont été faits pour prévenir une catastrophe comme celle de 2000. Actuellement, je ne crois pas qu'une situation vraiment tendue au niveau des délais puisse réapparaître », nous a d'emblée déclaré Martial Desgeorges, directeur général du distributeur indépendant (broker) Azego France (18 personnes, 6 millions d'euros de chiffre d'affaires 2006). Ce qui ne veut toutefois pas dire que les fabricants d'équipements n'aient plus de difficultés pour se faire livrer tous les composants dont ils ont besoin. « Le broker est d'autant plus indispensable aujourd'hui que le travail en flux tendu ne supporte pas la moindre attente », remarque ainsi Vincent Rabotin, responsable des ventes à la sous-traitance et du développement en Asie chez Negotech Electronique (4 personnes, 900 000 euros de CA 2006). « D'ailleurs, les fabricants font appel aux brokers non seulement pour les semiconducteurs, mais aussi pour les composants passifs, de connectique et électromécaniques », ajoute-t-il.« S'il y a moins d'affaires qu'auparavant, celles d'aujourd'hui sont plus importantes et dégagent davantage de marge que celles d'hier », estime, quant à lui, Sylvain Maillard, responsable de la zone Europe centrale d'Alantys Technology (22 personnes, 7 millions de dollars de CA 2006). In fine, la recherche de composants obsolètes ou à délai d'obtention important compte actuellement pour environ la moitié des ventes réalisées par les brokers basés en France.« Le client a constamment le souci d'obtenir des pièces le moins cher possible », rappelle M. Desgeorges. « Le distributeur indépendant, qui a aussi pour travail de rechercher les prix les plus bas qui soient pour son client, demeure donc pour le fabricant d'équipements une alternative au “ quasi-cartel de la distribution franchisée ” (Arrow, Avnet et Future) », insiste-t-il.« De plus en plus, les clients, en particulier les sous-traitants, sont demandeurs de prix toujours plus bas pour les composants de leurs cartes… Au sein de notre société, cette activité d'aide à la réduction des coûts des composants sur carte représente désormais 50 % du chiffre d'affaires », précise, de son côté, Philippe Malon, dirigeant fondateur de B8 Electronics (3 personnes et 350 000 euros de CA en 2006). « En moyenne, chez B8, nous arrivons à proposer des diminutions de prix comprises entre 10 et 15 % pour environ le quart des composants d'une carte », affirme-t-il.Pour pouvoir offrir les meilleurs prix, les brokers cherchent à améliorer la couverture de leur réseau d'achats. « Alantys a des bureaux d'achats-ventes partout en Europe ainsi qu'en Asie, une région avec laquelle nous réalisons le quart de notre chiffre d'affaires », indique M. Maillard. Toutefois, tout n'est pas rose en Asie. « Il n'est pas toujours aisé pour le broker de s'y faire payer », remarque par exemple M. Rabotin. « Nous n'avons plus que dix fournisseurs chinois et nous ne prospectons plus dans ce pays, où même les clients chinois se font avoir », renchérit Didier Bachaumard, le p-dg d'O2xygen Electronics (25 personnes, plus de 10 millions de dollars de CA 2006), pionnier de la lutte anticontre-façon pour les composants électroniques dans le monde (voir encadré).Des objectifs 2007 ambitieuxLa gestion des stocks et la revente de stocks consignés pour le compte du client, ou le rachat de stocks à des sociétés (en vue de constituer des stocks de sécurité, par exemple) restent une autre spécialité des brokers. « Grâce à des rachats de pièces à de grands OEM, O2xygen compte aujourd'hui 70 000 références en stock », nous a ainsi précisé M. Bachaumard. Ce broker constitue notamment des stocks de composants “ plombés ” pour le secteur militaire. La fonction centrale d'achats pour le compte de grands groupes est aussi une activité qui gagne du terrain chez les brokers. C'est notamment le cas chez Azego France. « Pour survivre, le distributeur indépendant doit impérativement diversifier son éventail de services », résume M. Desgeorges.Alors que, l'an passé, Stock'n Source a mis la clé sous la porte et que l'activité de Classic Composants dans l'Hexagone a été reprise en direct par la filiale allemande, les distributeurs indépendants qui sont toujours en vie sont optimistes pour l'avenir. Alantys (7 M$) prévoit une hausse de 60 % de son chiffre d'affaires en 2007. Azego (6 M d'euros) a pour objectif, cette année, de dépasser la barre des 10 millions d'euros et anticipe le recrutement de deux commerciaux. O2xygen (10 M$) veut atteindre les 20 millions de dollars et B8 Electronics (350 000 euros) – qui recherche deux commerciaux – vise les 600 000 euros en 2007.Le Broker, entre contrefaçon et chantage à la contrefaçonLe métier de broker requiert des nerfs d'acier. Il exige d'être sans cesse sur le qui-vive. D'un côté, il faut surveiller les composants en provenance des fabricants, notamment asiatiques. De l'autre, en cas de retour de pièces par le client au motif de contrefaçon, il faut vérifier que les composants en question sont réellement contrefaits. « Il arrive que des clients renvoient des pièces qu'ils disent contrefaites alors que ce n'est pas le cas », nous a ainsi révélé Didier Bachaumard, p-dg d'O2xygen Electronics, un broker américain qui dispose de trois bureaux dans le monde (dont un pour l'Europe, basé à Montpellier).Le distributeur indépendant doit aussi avoir les reins solides. « En cas de pépin sur des composants, le broker rembourse non seulement les pièces défectueuses, mais aussi le coût des arrêts de production occasionnés », poursuit le p-dg. D'où le souci constant d'amélioration de la traçabilité que manifeste le broker. O2xygen vient ainsi de mettre en place un système de photographie des pièces entrantes et sortantes. « Nous avons photographié quelque 45 000 références, ce qui correspond à environ 100 000 photos en mémoire », précise M. Bachaumard.Ce spécialiste de la contrefaçon est toujours en croisade. Il est ainsi sur le point de créer une organisation d'échange d'informations sur les contrefaçons qui sera dédiée aux équipementiers. Baptisée Orafec (Organisation against fraudular electronic components), elle fonctionnera sur le même modèle que Brokerlynx. net, le site Internet d'échange de données entre brokers créé par M. Bachaumard en 2003.

Les brokers diversifient et étoffent leurs offres de services

Couverture ElectroniqueS n°127

IBM grave les premières puces en 2 nm en abandonnant les FinFET

Zeta, le protocole LPWAN made in China, arrive en Europe

Harting invente le connecteur électronique sur mesure

Les brokers diversifient et étoffent leurs offres de services

Dans la même rubrique

Couverture ElectroniqueS n°127

IBM grave les premières puces en 2 nm en abandonnant les FinFET

Zeta, le protocole LPWAN made in China, arrive en Europe

Harting invente le connecteur électronique sur mesure