Couverture ElectroniqueS n°127

Le circuit imprimé européen souffre, la concurrence de tous bords, et surtout asiatique, s'exacerbe, le nombre de fabricants ne cesse de diminuer. Radiographie d'une industrie. Vaste dilemme ! Les acteurs du circuit imprimé européen, dont le nombre et, surtout, la part de la production mondiale, a drastiquement diminué depuis une quinzaine d'années, réussiront-ils à résister à la déferlante asiatique ? Ou bien sont-ils condamnés à se résigner, à continuer à perdre du poids au niveau mondial et à voir s'échapper leurs donneurs d'ordres ainsi que, accessoirement, leurs savoir-faire vers d'autres cieux ? La situation actuelle n'est pas nouvelle en soi : le processus de régression de ce secteur est entamé depuis belle lurette. Force est toutefois de constater que les informations les plus récentes du secteur suscitent un pessimisme encore plus vif que par le passé, ainsi que, a contrario, un regain d'enthousiasme chez ceux qui « résistent ».« Les derniers chiffres du fabricant européen de circuits européens Aspocomp, pourtant présent dans les circuits imprimés haut de gamme, font plus penser à une &oelig;uvre de bienfaisance sans but lucratif qu'à une activité industrielle », affirme ainsi un analyste qui préfère garder l'anonymat. La société finlandaise survit en effet à peine, malgré la fermeture de quasiment tous ses sites en Europe et le transfert de sa production, et de son savoir-faire technique, vers des usines en Chine ou ailleurs. L'Espagnol Microser (ex-Tyco) est en faillite.Le Danois GPV a publié un chiffre d'affaires circuits imprimés en baisse en 2006. Aussi, dans le cadre de la conférence d'hiver de l'EIPC, qui s'est déroulée les 8 et 9 février derniers à Salzbourg, l'ambiance très conviviale n'a pas totalement pu cacher un sentiment de morosité. Ce dernier était inscrit en filigrane des diverses présentations qui, majoritairement techniques, ont prouvé, s'il le fallait, la très forte capacité d'innovation de cette industrie en Europe. Les sessions dédiées marché et production ont, elles aussi, montré un aspect plus encourageant. « Il existe des champions cachés en Europe », a ainsi affirmé Hans Friedrichkeit, p-dg de PCB-Network.Des investissements sont nécessairesLe pessimisme ne devrait donc pas rester de mise concernant le futur de cette industrie. Même si l'évolution, déjà dramatique avec la disparition des deux tiers des ateliers de production existants en Europe de 1990 à ce jour, n'aurait, inévitablement selon certains, de corollaire que la continuité de ce processus qui fera que la moitié des ateliers restants sera également rayée de la carte dans moins de cinq ans. Pour Michael Gasch de Data4pcb, il existait encore 560 sociétés en Europe possédant au moins un site de production en 2000 ; en 2005, il n'en restait que 370, dont 320 réalisant un chiffre d'affaires inférieur à 10 millions d'euros. « Mais cette industrie a un futur si les acteurs coopèrent entre eux par le biais de partenariats technologiques », affirme pour sa part Hans Friedrichkeit.« Les acteurs européens se concurrencent depuis trop longtemps au niveau des coûts. Nous produisons de la high-tech et, pourtant, nos clients ont passé vingt ans à faire pression sur les prix. Aujourd'hui, l'industrie doit donc apprendre à vendre un concept global, englobant l'ingénierie et le support technique dès le début des projets », confirme de son côté Michael Gasch. Consensus : si l'Europe veut résister par sa technologie et sa capacité d'innovation, par la proximité et par le travail en commun de tous les acteurs, fournisseurs, fabricants de circuits imprimés et donneurs d'ordres, il doit y avoir une plus forte implication de l'ensemble de l'industrie. Et des investissements conséquents…(*) Ce terme a été employé à l'origine par Michael Cannon, ex-président/CEO de Solectron.Une décroissance annoncéeEn 2006, selon Custer Consulting Group (CCG), la production européenne de circuits imprimés n'aurait plus représenté que 7,5 % de la production mondiale estimée à 48,2 milliards de dollars. La Chine serait devenue le plus grand pays producteur avec 26,1 % (Hong Kong inclus), suivie du Japon avec 23,9 %, Taïwan prenant 14,3 %, la Corée du Sud 10,3 % et les autres pays asiatiques 6,8 %. Les Etats-Unis plafonneraient à 10,5 %.En 2007, selon CCG, la production mondiale de circuits imprimés (rigides et flex-rigides) devrait croître de 6,9 %, contre 1 % pour la production européenne. L'Europe apparaît d'ailleurs en régression partout : seulement 2 % de croissance pour le PNB, contre 3,2 % au niveau mondial, et tout juste 1,8 % de hausse dans la production d'équipements électroniques contre 6,9 % au niveau mondial (Henderson Ventures).En 2006, selon NT Information, les vingt premiers fabricants mondiaux de circuits imprimés comptaient 6 Japonais, 5 Taïwanais, 4 Coréens, 1 Chinois (de Hong Kong) et 3 Américains. Un seul Européen, AT&S, pointait à la 17e place. Après la reprise de Tyco Electronics courant 2006, l'Américain TTM Technologies s'est, lui, installé à la 19e place.Des exemples encourageants en EuropeEn Allemagne, Würth Elektronik, qui a créé son activité circuits imprimés en 1994 en visant essentiellement le prototypage et les échantillons avec des délais très rapides, vient de décider d'investir 13 millions d'euros dans l'extension de son site à Rot am See. Objectif : y installer des machines de haut de gamme pour le perçage, le laminage et les process galvaniques.Créé il y a trente-trois ans, Elekonta Marek (chiffre d'affaires de 8,5 M d'euros) se présente, lui, comme un partenaire de développement et de production de circuits imprimés multicouches de haut de gamme jusqu'à 42 couches, de prototypes, d'échantillons et de mini-séries de 1 à 15 unités, livrables sous deux à dix jours (grâce, entre autres, à un investissement de 850 k d'euros dans l'imagerie directe par laser).Schweizer Electronic a été touché par un important incendie en juin 2005. Au cours de l'exercice 2005, la société de Forêt-Noire a vu ses ventes chuter de moins de 30 %, mais elle est restée bénéficiaire. En 2006, son chiffre d'affaires est resté stable, ses commandes ont progressé de 40 %. Elle devrait retrouver à la mi-2007 sa capacité de production d'avant le sinistre. Investissement total en 2006 : 40 M d'euros (11,5 M d'euros en 2005). Le fabricant italien Somacis (80 M d'euros en 2005) a quant à lui choisi d'investir dans la construction d'une usine en Chine, avec le soutien financier du gouvernement italien et de capital-risqueurs chinois.

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