Couverture ElectroniqueS n°127

Une dizaine de sociétés peuvent revendiquer en France le titre de société de semiconducteurs sans usine. Elles ont choisi des créneaux porteurs pour l'avenir, créneaux où la France est en avance, à savoir la télévision numérique terrestre, le sans-contact, le sans-fil et le haut débit filaire. Portraits des plus en pointe. Contrairement à bien des idées reçues, même si les sociétés semiconducteurs fabless* américaines tiennent le haut du pavé et sont huit dans le classement des dix plus importantes fabless dans le monde établi par la FSA (Association des fabricants de semiconducteurs fabless ( voir par exemple EI n° 640), elles ne sont pas les seules actives. Et, par mi les sociétés de semiconducteurs européennes sans usine, les Françaises n'ont pas à rougir devant leurs homologues britanniques ou allemandes. Selon les chiffres qui nous ont été fournis par la FSA et selon nos propres informations, la France abrite en effet une quinzaine de sociétés spécialisées dans le développement de circuits intégrés dédiés et ne disposant pas de leur propre unité de production. Un certain nombre de ses sociétés sont de véritables fabless, en ce sens qu'elles vendent les circuits qu'elles ont développés de bout en bout, qu'il s'agisse de circuits spécifiques ou de FPGA, tandis que d'autres ne sont que des fournisseurs de blocs de propriété intellectuelle ou des sociétés de services en conception (voir encadré). Toutes ces sociétés ont en commun d'être relativement récentes (une seule a plus de dix ans) et d'avoir choisi d'adresser des marchés où la concurrence est faible, ou du moins l'était au moment de leur création. Elles ont aussi choisi des créneaux porteurs pour l'avenir, créneaux où la France est relativement en pointe, à savoir la télévision numérique terrestre, fixe ou mobile, le sans-contact, le sans-fil et le haut débit filaire. Avoir le bon produit au bon moment, c'est l'une des recettes du succès. Mais il y entre aussi une part de chance, avoue le p-dg de DiBcom, Yannick Lévy, qui estime que sa société a eu cette chance au même titre que d'autres fabless comme CSR avec Bluetooth en Grande-Bretagne ou Atheros avec Wi-Fi aux Etats-Unis. « Ce modèle fabless sera-t-il pérenne ? » s'interroge Yannick Lévy. Rien n'est moins sûr. « Il n'est plus possible aujourd'hui de démarrer dans son garage. Dans certains domaines, pour être compétitif, il faut partir en 90 nm », ajoute-t-il. Ce qui nécessite des moyens financiers plus importants et/ou le recours à d'autres approches comme les FPGA qui sont, eux, d'ores et déjà disponibles en technologies Cmos 90 nm et 65 nm. D'autant plus qu'avec les approches réseaux structurés (chez Altera) et autres techniques de conversion (chez Xilinx et Lattice Semiconductor, entre autres), il existe des solutions plus économiques pour les grands volumes sans que tout soit à recommencer. Certaines fabless françaises ont d'ailleurs déjà adopté cette approche. C'est notamment le cas de Let It Wave, spécialiste de la compression d'images à bandelettes (voir par exemple EIH n° 501 et EI n° 624). Les sociétés de semiconducteurs fabless françaises ont connu des fortunes diverses. Certaines, comme MnD, qui a développé une architecture de circuit adaptée au codage et au décodage MPEG-4, se font racheter par une autre fabless (dans ce cas précis, nous n'avons pas réussi à en savoir plus) ; d'autres, comme Stepmind, présente sur un marché beaucoup plus concurrentiel (voir notamment EI n° 615), semblent avoir disparu du paysage. Sur l'ensemble, nous en avons retenu six, remarquables à notre sens, que ce soit par leur réussite, leur approche ou leurs produits. Liste non exhaustive des fabless semiconducteurs françaises En plus des sociétés dont le profil est détaillé dans l'article ci-dessus, nous avons répertorié un certain nombre d'autres fabless dans l'Hexagone. Ateme est, comme beaucoup des sociétés françaises de semiconducteurs sans usine, spécialisée dans la norme de compression vidéo MPEG-4. Elle commercialise notamment un codeur MPEG-4 AVC/H264 compatible main profil SD implanté sur un FPGA (voir EI n° 633). Comsis fut l'un des pionniers, avec l'Américain Airgo Networks, de l'architecture Mimo pour le Wi-Fi à très haut débit (voir EIH n° 603). ID Mos est une société de semiconducteurs fabless, créée en 2001, dont le catalogue comprend, entre autres, des circuits RF, RFID, ainsi que des capteurs. Let It Wave est l'inventeur d'une technique de compression d'images originale à base de bandelettes. La société parisienne, qui a été fondée en 2001 par quatre professeurs chercheurs de l'Ecole polytechnique, commercialise notamment un convertisseur vidéo SD vers HD implémenté sur un FPGA faible consommation (un circuit d'Altera, en l'occurrence). Sequans Communications est spécialisée dans les circuits Wimax fixe et mobile pour stations de base et terminaux portables. La société, qui a été créée en 2004, emploie 80 personnes. Sequans a dans un premier temps validé sa technologie dans des FPGA, mais elle dispose aujourd'hui d'une véritable offre. Spidcom Technologies a été créée en 2002 par Radomir Jovanovic, un visionnaire dans le monde des communications à haut débit par courants porteurs. La société implantée à Bourg-la-Reine (92) commercialise actuellement des circuits et des modules allant jusqu'à 224 Mbit/s. Peuvent être ajoutées à cette liste les sociétés de services en conception de circuits à la demande que sont la Francilienne Acco (analogique, puissance, RF) et l'Iséroise Id3 Semiconductors (modules et composants dédiés à la biométrie, la radio et la RFID, entre autres), ainsi que la Montpelliéraine Cortus qui s'est spécialisée, elle, dans le développement et la fourniture de c&oelig;ur de processeur Risc 32 bits à très faible consommation pour les applications embarquées (voir EI n° 622). Sans oublier la société AED à l'origine du premier c&oelig;ur de processeur Java dédié à l'embarqué (voir par exemple EIH n° 589), Dolphin Integration et bien d'autres.

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