Couverture ElectroniqueS n°127

Deux études récentes sur les pôles de compétitivité estiment que l'idée de faire coopérer les différents acteurs de la recherche est excellente, mais qu'il convient d'améliorer les méthodes de gouvernance. Un peu plus d'un an après le lancement des pôles de compétitivité en France, deux études récentes dressent un premier bilan de leur fonctionnement et énoncent des recommandations pour améliorer leur efficacité (*). La première de ces études, réalisée par le cabinet de conseil et d'audit KPMG à partir d'entretiens avec les acteurs des pôles, souligne les vertus d'une telle démarche pour se conformer aux objectifs européens en matière de développement de la R&D, mais pointent également plusieurs « défauts de jeunesse ». « Compte tenu de l'évolution rapide des marchés et des technologies, la réflexion stratégique et le pilotage de la coopération dans les pôles doivent être renforcés. Les acteurs ont notamment du mal à se positionner sur des outils de veille fédérateurs », nous a déclaré Marc Jardini, consultant chez KPMG en charge de l'étude.Les pôles de compétitivité ont créé un environnement favorable aux échanges et à la coopération mais, en contrepartie, la grande diversité des acteurs présents – on peut en dénombrer plusieurs centaines au sein d'un même pôle – peut générer des difficultés et des obstacles dans leur fonctionnement. « Des concurrents, ou des clients et des fournisseurs, peuvent en effet se retrouver ensemble, ce qui aboutit généralement à un sentiment de malaise entre certains intervenants et à une situation d'inconfort dans la gestion du secret industriel », nous a expliqué Marc Jardini.« Des PME souvent considérées comme des sous-traitants »Une autre faiblesse importante relevée dans l'étude de KPMG est « l'insuffisante intégration des centres de formation dans les pôles de compétitivité, en particulier des écoles de management, ce qui a pour effet de freiner leur dynamisme ». « Les pôles disposent de compétences pointues en matière technologique, mais ils ne sont pas suffisamment développés sur les aspects financiers, économiques et stratégiques, ce qui prouve que l'intelligence économique n'est pas encore intégrée à la démarche des pôles de compétitivité », ajoute le consultant de KPMG.La seconde étude, conduite par CapInTech, association qui rassemble les acteurs de la création et du développement d'entreprises de technologies innovantes, s'est, elle, penchée sur le fonctionnement des pôles à vocation mondiale. Elle met en exergue les difficultés pour les PME innovantes à se positionner dans ces pôles en tant qu'acteurs de premier plan. « Elles sont souvent considérées comme des sous-traitants de grands groupes et ce rôle ne leur convient pas », nous a expliqué Guy Crespy, animateur du groupe de travail qui a conduit cette étude. Dans le cadre de son enquête auprès de nombreux acteurs des pôles, CapInTech a constaté que les jeunes entreprises innovantes devaient « faire du forcing » pour se faire inviter dans les réunions préparatoires aux projets des pôles de compétitivité et pour que les aspects de propriété intellectuelle soient traités de façon plus équitable.Le groupe de travail recommande ainsi aux PME innovantes de se regrouper et d'être plus présentes face aux grands groupes, qui se sont, eux, très bien organisés pour bénéficier des aides des pouvoirs publics. « Il ne faut pas laisser aux grands groupes le monopole de l'élaboration des projets. Par définition, une start-up se positionne sur une technologie de rupture et les pôles de compétitivité doivent leur donner la possibilité d'être leaders de certains projets mettant en &oelig;uvre ces technologies de rupture », souligne Guy Crespy.Suite à ces deux publications, les pouvoirs publics et les gouvernances des pôles de compétitivité semblent, en effet, avoir d'ores et déjà réagi afin d'apporter des améliorations. Les chiffres et les données qui devraient être publiés au cours des prochaines semaines devront à cet égard être surveillés de près, indique Guy Crespy. Le 7e Programme-cadre de R&D européen a vu son budget augmenter de 63 % par rapport au précédent programme et nous pouvons constater que la France se met en ligne avec les objectifs européens, observe Marc Jardini. A court terme, il sera nécessaire de réfléchir à une coopération interclusters ” afin de mettre en &oelig;uvre des synergies entre plusieurs pôles qui pourraient se regrouper, dans différentes régions françaises ou européennes. Des contacts ont d'ores et déjà été établis en ce sens , mais il serait important d'en développer d'autres pour que la recherche et l'innovation européennes puissent saisir leur chance », conclut-il.(*) Ces deux études peuvent être téléchargées sur les sites suivants www.see.asso.fr/bulletin/actu/2007/02/01.htm et www.capintech.com.

En matière d’innovation, les pôles de compétitivité peuvent mieux faire !

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