Couverture ElectroniqueS n°127

Si l'on voit le verre à moitié plein, les sous-traitants reconnaissent les efforts réalisés par la distribution. Si on le voit à moitié vide, les sous-traitants demandent toujours une amélioration des délais de livraison et un réel soutien des distributeurs en cas de pépin, notamment des propositions de solutions alternatives. Les relations entre sous-traitants et distributeurs se sont améliorées au fil du temps, mais, de l'avis des sous-traitants, les distributeurs ont encore du chemin à parcourir pour que leur soutien permette à la sous-traitance de satisfaire ses propres clients OEM. « La valeur ajoutée de la distribution augmente ; elle a donc maintenant un devoir d'alerte… qu'elle ne remplit toutefois pas bien », nous a, par exemple, déclaré Dominique Chanteau, directeur des achats de Lacroix Electronique, une société qui réalise 30 % de ses achats de composants hors connectique via la distribution. « En cas d'augmentation des délais de livraison, la distribution a le devoir de nous trouver des solutions alternatives ; or, elle ne le fait pas ou insuffisamment », ajoute M. Chanteau. « En cas de rupture dans les livraisons, nos acheteurs font le tour de la planète pour trouver des pièces ; les distributeurs, eux, ne font rien. Ils nous laissent nous débrouiller, accuse, quant à lui, Marc Pasquier, directeur des achats d'Eolane. La ponctualité des livraisons n'est toujours pas suffisante pour nous permettre de répondre pleinement aux demandes des clients », ajoute-t-il.Par contre, pour Jacques Nadot, responsable des achats chez Pige Electronique, « les délais sont assez bien respectés par les distributeurs : entre 90 % et 95 % des livraisons sont faites dans les temps ». M. Nadot remarque toutefois que le trend des délais de livraison augmente d'année en année. « On en est à 12-16 semaines contre 4 semaines il y a 5 ans… Le sous-traitant s'adapte mais perd des marchés », soupire-t-il.Les fabricants pèsent de plus en plus sur les prixLa situation n'est cependant pas simple : en effet, les achats des consommateurs, comme ceux des entreprises, font l'objet de prévisions de moins en moins précises ou fiables (à cause de l'augmentation de l'éventail des choix de consommation, des possibilités de planification d'investissements des entreprises, etc). Ce manque de prévision aval perturbe l'amont d'autant plus facilement que le travail en flux tendus et le « zéro stocks » deviennent la règle.Par contre, en ce qui concerne les prix, les sous-traitants se montrent plutôt plus satisfaits qu'autrefois des distributeurs. Pour plusieurs raisons. D'abord, « les grands distributeurs disposent d'un avantage compétitif dans la négociation des prix avec les fabricants de composants du fait des volumes qu'ils achètent », rappelle M. Chanteau (Lacroix Electronique). Ensuite, « en cas de fluctuation monétaire, les distributeurs jouent le jeu », estime M. Pasquier. En revanche, M. Benhamou pointe, quant à lui, « des écarts de prix de composants dans les différentes régions du monde ». « Il faut que les distributeurs soient nos avocats auprès des fabricants, d'autant qu'ils subissent, eux aussi, le contrecoup de ces écarts… Il nous faut tendre vers une harmonisation des politiques mondiales de prix », estime le président. « Ce serait déjà bien si cette harmonisation existait entre les pays de l'Europe », note M. Pasquier. Remarquons cependant que ce sont les fabricants, et non les distributeurs, qui sont, dans ce cas, les plus concernés. M. Nadot, pour sa part, accuse ainsi les fabricants de dicter de plus en plus leurs prix : « La marge de man&oelig;uvre pour les négociations entre distributeurs et sous-traitants devient de plus en plus ténue », se désole-t-il.La recherche de composants alternatifs se généraliseLes achats de composants représentant de 60 % à 70 % du chiffre d'affaires des grands de la sous-traitance, la plupart de ces derniers pratiquent de plus en plus le sourcing en Asie, notamment en Chine.« Nous nous sommes dotés d'une cellule de veille mondiale sur les prix. Nous n'étudions pas que la Chine : il nous arrive de trouver, par exemple en Espagne, des petites séries de composants 30 % moins chers qu'ailleurs », indique ainsi Gilles Benhamou, p-dg d'Asteel. « Depuis deux mois, nous disposons d'un bureau d'achats en Chine, notamment pour les composants électromécaniques, de connectique et les circuits imprimés », annonce, quant à lui, Dominique Chanteau, directeur des achats de Lacroix Electronique.« La seconde mission de ce bureau est de dresser des comparaisons de prix entre l'Europe et l'Asie », ajoute-t-il. « L'important est d'adresser le pays qui convient : la Chine est intéressante pour les bobinages, les circuits imprimés, les câbles, les modules d'affichage… tout ce dont la fabrication nécessite de la main-d'&oelig;uvre », déclare Marc Pasquier, directeur des achats d'Eolane. « On commence également à y trouver des solutions techniques développées par des Chinois pour des applications spécifiques », indique-t-il.

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