Couverture ElectroniqueS n°127

A la faveur d'une étude montrant les forces et les faiblesses de la Région dans le secteur électronique, la Drire Alsace vient d'appeler à la mobilisation de la filière. Quelques idées – veille technologique, aides à l'exportation en Allemagne – sont déjà là. « L'une de nos missions consiste à anticiper l'évolution du tissu industriel et à accompagner sa mutation afin d'assurer à la fois son développement et sa pérennité », avance Caroline Teyssier, responsable de la division développement industriel de la Drire Alsace. Partant, l'étude portant sur la filière électronique régionale qu'elle vient de présenter à un groupe d'industriels concernés analyse autant les enjeux et les opportunités représentés par l'évolution technologique dans ce secteur que les forces et les faiblesses décelables au niveau régional. Plus qu'un constat de l'existant, l'étude se veut donc un véritable outil de travail(*). L'organisme a même lancé un appel à la mobilisation en suggérant des aides possibles pour accompagner les industriels dans leur évolution.Création d'une structure d'animation et de lobbying au niveau régionalA l'opposé, toujours selon l'analyse de la Drire, les forces de la filière alsacienne sont multiples : approche qualité, capacité certaine à innover, automatisation croissante des processus industriels, qualification du personnel, réactivité des entreprises, bon positionnement client, maîtrise des coûts, etc. Les sous-traitants alsaciens figureraient aussi parmi les mieux préparés de l'Hexagone à affronter l'ère « post-RoHS », grâce aux efforts conjugués de la Drire Alsace, de Cap'tronic (programme Jessica), du Snese et de Sony (voir EIH n° 554 et 591), notamment à l'instigation de Jean-François Evellin, ex-p-dg de Thealec et président du Snese. « Dans ce domaine, l'enjeu consiste aujourd'hui à transformer cette position en un avantage concurrentiel », insiste Pierre Bigot, directeur de production chez Sony Ribeauvillé et responsable de la commission sans-plomb du Snese. Mais force est de constater que, hormis sur le thème du sans-plomb, il y a peu de mobilisation collective en Alsace, en partie par manque d'habitude et par crainte de la concurrence intrarégionale.Les pistes cristallisées par la Drire dans son étude portent notamment sur l'innovation marketing, sur la mutualisation des ressources de design, sur la veille technologique, sur des actions de R&D précompétitive en partenariat. L'idée d'une plate-forme commune d'achats et d'aides à l'exportation vers l'Allemagne a également été lancée. Enfin, Sony a proposé d'ouvrir son laboratoire de test et de qualification à d'autres sous-traitants (comme la firme a déjà ouvert ses structures pour des séminaires sur le sans-plomb).« Notre exercice prospectif ne prendra tout son sens que si les entreprises régionales en tirent des conséquences en termes d'orientation stratégique », juge Caroline Teyssier. Et de signaler que la Drire Alsace est prête à soutenir les projets collectifs qui seront initiés par les entreprises en réponse aux enjeux identifiés, ainsi qu'à apporter une aide au démarrage d'une structure régionale représentant la filière. La vocation de cette structure serait d'animer les réflexions et de lancer des initiatives, d'une part, mais aussi de faire du lobbying auprès des collectivités territoriales, d'autre part. Cet appel sera-t-il entendu ?(*) Le document est téléchargeable sur www.alsace.drire.gouv.fr.L'Électronique Alsacienne : quelques chiffresSelon les données Sessi (entreprises de plus de 20 salariés), l'électronique alsacienne représentait, en 2004, 50 entreprises (4 % des entreprises nationales), 6 707 emplois (3 % des effectifs nationaux) et elle réalisait un chiffre d'affaires de 1,9 milliard d'euros (soit 4 % du CA du secteur sur le plan national).L'Alsace n'est donc pas une Région particulièrement typée électronique. Elle présente toutefois une surreprésentation dans certains domaines, notamment dans la fabrication de machines de bureau, grâce aux implantations de Ricoh et de Sharp, et dans la production d'équipements d'instrumentation scientifique et technique, avec des sociétés comme Bei-Ideacod, Bio Rad, Bruker Biospin.Les entreprises alsaciennes connaissent les mêmes difficultés que leurs compatriotes au plan national, difficultés qui entraînent des réductions d'effectifs (Sony, Gimflex), des fermetures de sites (General Semiconductor), des délocalisations et externalisations d'activités (Alcatel Illkirch). En décembre 2005, la Direction régionale du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle (DRTEFP) a recensé un effectif total de 4 760 personnes dans 25 établissements de plus de 50 employés, témoignage d'une relative stabilité de l'emploi, avec une hausse de 1,9 % entre janvier 2003 et fin 2005.

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