Couverture ElectroniqueS n°127

Le suédois Enea a décidé de livrer en Open Source sa technologie Linx de communication interprocess à base de messages de nouvelle génération. Une pierre dans le jardin de Wind River qui supporte une technologie concurrente. Pour les systèmes distribués complexes dotés de plusieurs systèmes d'exploitation, ainsi que pour les puces multic&oelig;urs qui arrivent sur le marché, la technologie de communication entre les différents OS, qu'ils soient identiques ou non, est un élément prépondérant. Enea, l'éditeur suédois du système d'exploitation Ose, qui disposait déjà avec Link Handler d'une technologie de communication interprocess à base de messages, a décidé de mettre dans le domaine public la nouvelle génération de son architecture de communication, qu'elle a baptisée Linx. Cette technologie à base de messages, organisée en couches (figure), est indépendante à la fois du système d'exploitation sur lequel elle est implantée mais aussi du type de média de communication utilisé (Gigabit Ethernet, RapidIO pour les systèmes distribués, PCI ou mémoire partagée pour les systèmes unitaires à plusieurs CPU). Elle est aussi transparente, c'est-à-dire qu'elle autorise les process d'une application, fonctionnant sur plusieurs CPU sous divers systèmes d'exploitation, de communiquer entre eux comme s'ils étaient sur un seul processeur avec un seul OS. L'architecture Linx assure aussi un transfert déterministe des informations tant au niveau commande (control plane) qu'au niveau des données (data plane). Elle supporte en outre des techniques avancées en gestion de réseau, utiles pour les problèmes de reconfiguration dynamique ou de détection automatique des fautes. Enfin, la technologie supporte l'encapsulation des données dans d'autres protocoles (UDP, TCP…) et dispose d'un modèle original du plan d'adressage du réseau. En effet, au sein de Linx, les n&oelig;uds de communication ne stockent que les adresses nécessaires aux connexions locales, limitant ainsi l'empreinte mémoire nécessaire à l'implantation de la technologie (50 ko pour Linux, 33 ko pour le système Ose). Au cours de l'année 2006, Enea souhaite en outre apporter plusieurs améliorations à Linx, parmi lesquelles on peut citer un système de gestion des noms de service, le support de la fonction « multicast » fiabilisé, un système de basculement automatique en cas de panne pour les liens redondants ou encore le support de protocoles de cryptage et de sécurité. Une concurrence s'annonce entre Linx et TIPC Cette annonce d'Enea vient une semaine après la réunion de la toute récente MultiCore association, une organisation axée sur les problèmes de programmation et de débogage des systèmes multic&oelig;urs, qui compte travailler à l'élaboration de standards dans ce domaine. Parmi les sujets choisis, on trouve la proposition de Wind River de standardiser le protocole TIPC (Transparent inter process communication) qui est aussi une technologie de communication interprocess transparente. Issue d'un laboratoire de recherche d'Ericsson, et initialement destinée aux réseaux de télécommunications, cette technologie a été adaptée par Wind River, qui l'a intégrée dans son offre pour fonctionner aussi bien avec Linux qu'avec l'OS temps réel de la société VxWorks. Mais, selon Enea, bien qu'il n'existe pas de mesures de test indépendantes entre les deux approches, la technologie Linx offre des performances supérieures à TIPC : temps de réponse inférieur en moyenne de 25 %, gain en termes de débit de l'ordre de 20 % à 25 %. De plus, à la différence de Linx, la technologie TIPC impose un stockage du plan d'adressage complet du réseau sur chaque n&oelig;ud, ce qui entraîne une empreinte mémoire plus forte et rend les opérations de reconfiguration dynamiques plus complexes. Dans les mois qui viennent, une compétition entre d'un côté la technologie Linx supportée par Enea, désormais disponible en Open Source, et de l'autre la technologie TIPC, supportée activement par Wind River Systems, le numéro un mondial sur le secteur, semble donc se dessiner. L'architecture Linx sera disponible à partir de juin et fonctionnera sous Linux et les noyaux temps réel Ose et OSEck. Dans l'implantation Linux, la couche d'API et la couche session seront disponibles sous forme de licence BSD, alors que la couche transport sera proposée en licence GPL. Quant à l'implémentation de Linx pour le système Ose, elle bénéficiera d'une licence traditionnelle.

Un système de communication interprocess disponible en Open Source

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