Couverture ElectroniqueS n°127

Au-delà de l'augmentation de son effort financier, le ministère de l'Industrie s'attachera cette année à mieux coordonner le financement des projets européens, nous a déclaré Emmanuel Gabla, chef du Service des technologies de la société de l'information (STSI) au sein de ce ministère. Le président de la République a annoncé récemment la poursuite des actions de politique industrielle, en particulier dans le domaine du très haut débit. Dans ce cadre, quel rôle devrait jouer le STSI ?Emmanuel Gabla : En septembre dernier, le ministre délégué à l'Industrie, François Loos, a lancé une étude sur le très haut débit et a constitué un comité de pilotage qui comprend l'ensemble des acteurs concernés, notamment France Télécom, le Sycabel et les collectivités territoriales. Les résultats de cette étude, qui examinera ce qu'ont déjà réalisé d'autres pays, en particulier les Etats-Unis, le Japon et certains pays d'Europe, devraient être connus en mars. Cette étude devrait nous donner des éclairages sur les différents scénarios qui s'offrent aux pouvoirs publics pour que notre pays ait une position motrice dans l'arrivée du très haut débit, les questions réglementaires et l'impact sur l'investissement dans de nouvelles infrastructures, notamment la fibre optique. Des initiatives privées sont en cours, par exemple à Pau et à Paris. Notre cadre réglementaire ne doit pas brider ces initiatives et doit offrir toutes les conditions requises pour permettre aux opérateurs d'avoir les moyens d'investir.Plus généralement, plusieurs initiatives ont été lancées en 2005 pour renforcer la politique industrielle en France : création de l'Agence de l'innovation industrielle (AII) et de l'Agence nationale de la Recherche (ANR), lancement d'appels à projets dans le cadre des réseaux de recherche et d'innovation technologique (télécoms, logiciels, nanotechnologies…).Existe-t-il des actions communes en la matière entre le ministère de l'Industrie et d'autres ministères ?Emmanuel Gabla : Bien entendu, nous veillons à ce que nos actions et celles des autres ministères, notamment celui de la Recherche, soient cohérentes. Pour chacun des grands thèmes retenus dans le cadre des réseaux de recherche et d'innovation technologique (RRIT), désormais gérés par l'ANR, des présidents de réseaux ont été nommés par les ministres de l'Industrie et de la Recherche. Des représentants des ministères de l'Industrie, de la Recherche et de la Défense siègent par ailleurs dans les comités stratégiques de ces réseaux. Luc Rousseau, le directeur général de la DGE (Direction générale des entreprises) , fait partie des membres du conseil d'administration de l'ANR et est commissaire du gouvernement de l'AII.Quelles sont vos actions au niveau européen ?Emmanuel Gabla : Nous intervenons au niveau européen dans le cadre d'IST, qui est le volet dédié aux technologies de la société de l'information au sein du PCRD (programme-cadre de R&D de la Commission européenne). Nous allons nous joindre au travail sur les «JTI » lancées par la Commission dans le domaine des technologies de l'information, dans le but de lancer des projets ambitieux sur des thèmes prioritaires au sein du prochain programme-cadre. Il s'agit notamment de mettre en place une coordination entre les projets issus des clusters Eureka, dont le financement provient des Etats membres et pour lesquels la France est très active, et les projets du PCRD.Les clusters stratégiques Itea2 en logiciels et Medea+ en microélectronique, qui ont été lancés dans le cadre du programme Eureka, sont à la pointe de la réflexion et de la mise en &oelig;uvre de cette coordination. Les consultations concernant le PCRD constituent parallèlement une action très importante pour le ministère de l'Industrie, et nous organisons régulièrement des journées d'information auprès des entreprises afin qu'elles participent davantage au programme-cadre.Nous avons actuellement des discussions avec Bruxelles concernant les pôles de compétitivité et l'AII, et pas seulement sur le montant des aides et le type d'aides accordées (avances remboursables ou subventions). La Commission nous demande aussi de faire des présentations sur ce que nous avons mis en place afin que d'autres pays s'en inspirent, ce qui est déjà le cas notamment des Pays-Bas. L'objectif de Bruxelles est, à terme, de mettre en réseau des pôles de compétitivité de différents pays.Quel budget le STSI a-t-il consacré aux technologies de l'information en 2005 et comment devrait-il évoluer cette année ?Emmanuel Gabla : Tous secteurs confondus, la DGE a consacré en 2005 près de 43 millions d'euros aux pôles de compétitivité, dont 22 millions d'euros dans les technologies de l'information. 10,9 millions d'euros ont notamment été attribués au pôle Systematic, en Ile-de-France, portant sur les systèmes logiciels complexes, et 4,7 millions d'euros au pôle « Images et réseaux », en Bretagne, notamment sur un projet dans le domaine de la télévision sur mobile. Cette année, au moins 60 millions d'euros seront encore consacrés aux pôles de compétitivité ; en plus des pôles que j'ai déjà mentionnés, des pôles comme « Solutions communicantes sécurisées », en Provence-Alpes-Côte d'Azur, aux transactions électroniques en Basse-Normandie, et aux logiciels embarqués destinés au secteur de l'aéronautique, dans la Région Midi-Pyrénées, nous présenteront de nombreux projets à soutenir.Le STSI finance également les projets Eureka dans le domaine des technologies de l'information pour près de 100 millions d'euros : plus de 50 millions d'euros pour Medea+, 24 millions d'euros pour Itea et 10 millions d'euros pour Celtic, le reste revenant à Eurimus II et Pidea+ , qui sont en cours de regroupement. Enfin, le STSI apporte un financement au programme « Nano 2008 » dédié à la nanoélectronique, dans le cadre de l'opération Crolles II. L'ensemble de notre soutien aux technologies de l'information a représenté de l'ordre de 150 millions d'euros en 2005 sur un total de 190 millions d'euros attribués par le FCE (Fonds de compétitivité des entreprises). Il convient d'y rajouter des aides ponctuelles à des projets de R&D stratégiques internationalement mobiles, et de l'intervention, au côté des soutiens de l'Etat, des collectivités territoriales sur ces projets.Au global, notre soutien sera accru cette année par rapport à 2005 car la recherche et l'innovation ont été déclarées prioritaires par le gouvernement. L'AII, qui est gérée de façon indépendante, a ainsi déjà obtenu une enveloppe de 1,7 milliard d'euros sur des recettes de privatisation pour des projets portés essentiellement par des grands groupes. Concernant les PME innovantes, l'Oseo Anvar verra, quant à elle, son budget doubler à 160 millions d'euros en trois ans.(1) France Télécom, qui va lancer une expérimentation très haut débit sur fibre optique d'ici l'été prochain, n'est pas disposé à investir lourdement dans des infrastructures qui seraient mises à la disposition de ses concurrents, sans contrepartie.(2) Rappelons que Medea+ porte sur la microélectronique, Itea sur les logiciels middleware (dits aussi « intergiciels »), Celtic sur les télécoms, Eurimus II sur les microsystèmes et Pidea+ sur l'interconnexion et le packaging.* cf lexique page 48

« Le soutien des pouvoirs publics va être plus important en 2006 »

Couverture ElectroniqueS n°127

IBM grave les premières puces en 2 nm en abandonnant les FinFET

Zeta, le protocole LPWAN made in China, arrive en Europe

Harting invente le connecteur électronique sur mesure

« Le soutien des pouvoirs publics va être plus important en 2006 »

Dans la même rubrique

Couverture ElectroniqueS n°127

IBM grave les premières puces en 2 nm en abandonnant les FinFET

Zeta, le protocole LPWAN made in China, arrive en Europe

Harting invente le connecteur électronique sur mesure