Couverture ElectroniqueS n°127

Vincent Cellard, vice-président Assets chez Silica, dresse un panorama de l'état d'avancement des travaux sur le sans-plomb chez les différents acteurs de la supply chain. Bilan : si les fabricants ne donnent pas un coup de collier, l'application de la directive pourrait avoir 6 mois de retard… La mise en application de la directive européenne sur le sans-plomb est prévue pour le 1er juillet 2006. Est-ce que cette transition s'annonce bien ?VINCENT CELLARD Beaucoup d'acteurs ont réalisé les changements nécessaires à une transition en douceur et maîtrisée. Toutefois, en l'état actuel des choses, notamment si les fabricants de composants n'accélèrent pas la cadence, il faudra compter de 5 à 6 mois de retard dans la mise en application pratique de la directive. En effet, les fabricants arriveront peut-être à produire sans plomb le 1er juillet prochain ; mais, à cette date, il leur faudra encore, comme aux autres acteurs de la supply chain, écouler leurs stocks de composants au plomb, stocks se montant à 10 semaines environ aujourd'hui. Si on y ajoute les 3 mois de stocks des distributeurs et les quelque 10 semaines des fabricants d'équipements, il faudra autour de 6 mois pour écouler l'intégralité des stocks de composants au plomb de la supply chain.Comment résoudre ce problème ?V.C. La résolution de ce problème appartient aux fabricants de composants, qui doivent accélérer leur production de modèles sans plomb.Si les fabricants de composants ne réagissent pas assez vite, que risque-t-il de se passer ?V. C. Le problème est d'arriver à gérer intelligemment la réduction des stocks de composants au plomb chez tous les acteurs de la supply chain. S'il y a trop de stocks restants au 1er juillet 2006, il faudra agir dans l'urgence, ce qui reviendra à détruire les stocks avec plomb. Les distributeurs seraient les plus touchés, coincés entre des fabricants de semiconducteurs qui refusent les retours de composants au plomb et des clients qui n'en achèteront plus (sauf pour les équipements exemptés).Or, le distributeur a déjà payé chèrement le passage au sans-plomb : la mise en place de nouveaux systèmes informatiques, la mise à jour régulière de la base de données et le contrôle systématique des pièces au magasin lui auront coûté, en moyenne, de 1,5 % à 2,5 % de son chiffre d'affaires.Dans la pratique, qu'avez-vous mis en place chez Silica ?V.C. Nous avons, aujourd'hui, une traçabilité parfaite au niveau du composant pour l'ensemble de notre stock et de notre base articles. Nous connaissons, pour chaque produit, sa conformité ou non-conformité à la directive ou encore l'impossibilité de le classer (cela concerne encore 20 % des composants !). Que le fabricant ait commercialisé ce composant avec une nouvelle codification ou non. Sur l'ensemble de notre base articles, nous ajoutons un code interne qui permet de définir plus finement le statut du composant. Nous avons recensé six cas de figure. Premier cas : le composant est parfaitement conforme.Deuxième cas : le composant n'est pas conforme mais le deviendra sous une nouvelle référence chez le fabricant. Cette référence est alors systématiquement indiquée sur notre système d'information. Troisième cas : le composant sera conforme sans changement de référence mais la conversion n'est pas finie chez le fabricant, qui livre encore des versions non conformes. Quatrième cas : le composant sera conforme sans changement de référence et la conversion est finie chez le fabricant. Silica dispose encore en stock de lots non conformes et peut donc livrer les deux versions selon le besoin des clients. Cinquième cas : le composant, par nature, ne sera jamais conforme. Sixième cas : la conformité du produit est encore inconnue ou incertaine.Indépendamment de l'information donnée par les fabricants, nous relevons visuellement les marquages sur les composants/étiquettes lors de la réception des pièces au magasin. Chaque lot est ainsi classé selon sa conformité et nous assurons donc le suivi jusqu'à nos clients.Y aura-t-il beaucoup de changements de références pour les versions sans plomb ?V.C. Une étude interne Avnet nous montre que, en 2005, 42 % des fabricants n'auront pas changé de références pour leurs composants.Il y a des équipements exemptés pour lesquels il faudra toujours des composants au plomb. Comment répondrez-vous à cette demande ?V.C. Si le fabricant maintient la production des produits plombés, Silica continuera de fournir les clients qui le souhaiteront. Seul le client final est à même de savoir s'il peut légalement utiliser un composant conforme ou non à la directive. Si le fabricant cesse la production de produits plombés, Silica peut constituer des stocks dédiés en tenant compte des coûts de stockage, comme nous le faisons pour des produits en fin de vie. Je pense néanmoins que les fabricants éviteront à terme de garder deux procédés différents pour le même composant.

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