Couverture ElectroniqueS n°127

Les achats de composants sont stratégiques pour une société. Les donneurs d'ordre en ont confié une grande partie à leurs sous-traitants. Mais certains de ces clients OEM procèdent aujourd'hui à des évaluations de performances. Les achats de composants représentent jusqu'à 70 % du chiffre d'affaires des sous-traitants, qui, en dix ans, ont su muscler leurs services en ce domaine. Durant ce laps de temps, leurs clients OEM leur ont transféré des achats de références de plus en plus coûteuses. « Aujourd'hui, les services achats des sous-traitants, même de taille moyenne, sont bien organisés », estime Jean-Marie Marmet, responsable des achats de composants électroniques chez SEB. Mais, malgré cette reconnaissance, SEB, comme d'autres OEM, évalue en ce moment les performances d'achats de ses partenaires sous-traitants. « La délégation n'exclut pas l'évaluation », souligne M. Marmet. « Il nous faut conserver un minimum de compétences et demeurer informés sur les prix », considère, pour sa part, un expert d'un grand nom de l'électronique de défense, qui souhaite garder l'anonymat. C'est d'ailleurs à la suite d'une évaluation de ce type, il y a quatre ans, que Wavecom avait décidé de reprendre en main ses achats de composants (Wavecom travaillait à l'époque avec Solectron). « S'ils savent se servir de leur puissance d'achat, ce n'est pas pour cela que les sous-traitants en font profiter leurs clients OEM », reproche Pierre Teyssier, directeur des achats de Wavecom. « Le business model du sous-traitant peut induire que le service en charge des clients n'utilise pas les données brutes du service achats mais des données retravaillées », dénonce l'expert. Michel Tohier, responsable des achats chez le sous-traitant Asteel et fervent partisan de la transparence entre les acteurs, tient, quant à lui, à souligner que, « s'il ne rétrocède pas les avantages qu'il obtient au niveau de ses achats, le sous-traitant perd l'affaire ». Selon M. Tohier, un transfert d'achats oblige à se poser deux questions essentielles : « Où sont les compétences ? Où met-on les ressources ? Ainsi, à son avis, beaucoup de donneurs d'ordre n'ont plus les structures pour suivre ».« Transférer si le sous-traitant obtient un meilleur prix »Pour M. Tohier, la confiance de chacun dans le savoir-faire de l'autre est impérative et doit déboucher sur la mise en place d'une stratégie claire pour les deux parties. « Il est préférable de transférer progressivement les achats, des commodities aux composants plus complexes », note l'expert de la société de la défense déjà cité.M. Marmet, de SEB, considère quant à lui que la meilleure stratégie repose sur l'axiome suivant : « Il faut transférer au sous-traitant les achats de composants pour lesquels ce der nier obtient de meilleurs prix. Sauf pour les composants stratégiques (composants spécifiques, microcontrôleurs…), qui doivent rester du ressort de l'OEM. Toutefois, il n'y en a pas plus de deux par carte, constate M. Marmet. « L'OEM client conserve, par exemple, la responsabilité d'acquisition d'un micro-processeur, d'un circuit spécifique et d'un afficheur – parce que ce dernier entre dans des arguments de vente marketing », commente M. Tohier. Le donneur d'ordre conserve en outre la main sur certains composants nécessitant des tests particuliers. Ainsi, « pour certains composants électromécaniques, l'OEM fait faire des tests qui lui servent à valider des listes de fournisseurs », remarque M. Marmet.L'entrée en jeu de l'Asie a eu aussi des conséquences sur les achats de composants. « Les sous-traitants de ces pays peuvent obtenir des prix imbattables pour certains composants. Mais ils peuvent aussi avoir des problèmes avec des références peu usitées en Asie, notamment des références résultants de designs réalisés en Europe », explique M. Marmet. Rappelons que, d'une manière générale, le design qui prélude aux achats de composants influence grandement cette dernière activité. « Le vrai débat réside au niveau de la conception des produits : cette étape influe sur les coûts de 80 % des composants », rappelle M. Tohier.C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles le sous-traitant intègre de plus en plus la conception et devient, de fait, un ODM (Original Design Manufacturer), c'est-à-dire un sous-traitant qui assure à la fois la conception et la fabrication.

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