Couverture ElectroniqueS n°127

Le marché français de la distribution de composants renoue avec la croissance : il a progressé de 13 % l'an passé et pourrait croître de 10 % cette année. En particulier, l'aide au design prend de l'ampleur. Commentaires de Jean–Claude Chastanet, président du SPDEI(*). L'an passé, dans l'Hexagone, la distribution de composants a gagné des points. Quelles sont les raisons de ce retournement alors que l'on ne parle que de délocalisations dans la profession ? En 2004, le marché français de la distribution de composants hors produits pour PC a progressé de 13 %. En semiconducteurs (hors composants pour PC), la croissance est même supérieure puisqu'elle a atteint 18 %. Mieux, l'an dernier, les commandes de composants ont progressé de 18 %. C'est un vrai retournement de situation après les chutes en cascade des années 2001 à 2003. Toutefois, si nous raisonnons en nombre de pièces, le marché français de la distribution de composants était déjà reparti à la hausse en 2003 ! C'est dire le poids de la baisse des prix dans nos chiffres d'affaires. Quoi qu'il en soit, l'an passé, nous avons bénéficié d'un regain d'activité de notre clientèle de PME–PMI et de sous-traitants régionaux. Ces entreprises ont, en effet, achevé les recentrages initiés entre 2001 et 2003 et se concentrent aujourd'hui sur des secteurs à haute valeur ajoutée (défense, aéronautique, transports, industriel…). En outre, même si, globalement, les délocalisations sont toujours d'actualité, nos clients produisent surtout en France, ou, s'ils sous-traitent à l'étranger (dans les pays du Maghreb par exemple), ils continuent d'acheter dans l'Hexagone. Quel est ou quels sont les secteurs les plus porteurs (télécoms, informatique, électronique grand public, automobile, industriel, etc.) ? Outre l'industriel préalablement cité et qui progresse régulièrement, nous avons bénéficié du redémarrage des télécoms grâce à la diffusion du haut débit. Le thème “ haut débit ” fait d'ailleurs partie des grands programmes que la Filière électronique, dont nous sommes un des acteurs, présentera, le 8 juin prochain, à l'Assemblée nationale lors de ses assises 2005. L'automobile affiche également une bonne santé. Quels sont les clients de la distribution en France (OEM, sous-traitants, brokers) ? Les sous-traitants représentent, dans l'Hexagone, environ 35 % du chiffre d'affaires de notre profession. Les autres clients sont des OEM et des bureaux d'études indépendants. Les brokers ne représentent qu'une part marginale des ventes de la distribution dans notre pays. Au total, nous comptons quelque 5 000 clients parmi lesquels 1 500 sont régulièrement contactés. Cependant, nous ne réalisons le gros de nos ventes qu'avec 300 à 350 entreprises (à chiffre d'affaires supérieur à 1 million d'euros). Quels sont les produits les plus vendus par la distribution en France ? Les semiconducteurs représentent entre 65 % et 70 % du marché industriel (hors composants pour PC). Les circuits numériques et les circuits analogiques se partagent un peu plus de la moitié de ce marché. Les mémoires comptent pour un quart, alors que les discrets et les composants opto–électroniques atteignent, chacun, 10 % du total semiconducteurs. Comment évolue, en France, l'aide à la conception ? C'est un courant qui ne peut que prendre de l'ampleur au sein de la distribution. A long ou même à moyen terme, être distributeur signifiera apporter l'aide à la conception au client ainsi que “ créer de la demande ” pour le compte des fabricants de composants, c'est–à–dire investiguer de nouvelles possibilités d'applications. Le distributeur local est encore plus concerné que les groupes d'envergure mondiale par ces activités qui l'aident à améliorer sa compétitivité ; en effet, quand le distributeur gagne un design, le fabricant le rémunère en lui consentant des prix préférentiels pour les composants concernés par cette conception. Y a–t–il d'autres formes de rémunérations de l'aide au design pour les distributeurs ? On pourrait imaginer que le distributeur qui a investi pour gagner des designs obtienne des primes de la part du fabricant de composants avec lequel il travaille. Nous discutons à ce sujet avec des sociétés de semiconducteurs. La gestion de l'obsolescence donne de plus en plus de souci à vos clients. Répondez–vous aux attentes exprimées ? Outre l'aide à la conception et les services logistiques, le distributeur est de plus en plus sollicité pour apporter des services quasi financiers. La gestion de l'obsolescence en est un exemple : le stockage physique de composants coûte cher. Il faut investir dans des aires et des matériels de stockage, pouvoir procéder à des contrôles, des étuvages, etc. Ce qui limite le nombre d'acteurs dans ce domaine. Par ailleurs, cette activité inclut une veille technologique pour le compte du client, des accords avec des fabricants de composants obsolètes (Rochester)… Les ventes en ligne décollent-elles ? Aujourd'hui, elles sont principalement le fait de vendeurs par correspondance (RS Components, Farnell InOne…) et concernent les produits courants (commodities). En effet, les composants vendus dans le cadre de soutien au design font, quant à eux, l'objet de négociations traditionnelles. Voyez-vous des changements à venir (rachats, regroupements…) au sein de la distribution en France ? Aujourd'hui, la distribution de notre pays est dominée par Arrow et Avnet, qui, ensemble, réalisent environ 60 % du chiffre d'affaires de la profession. Ceux qui suivent ont des ventes inférieures à 50 millions d'euros. Les changements concernent ce sous–ensemble : des sociétés s'y cherchent alors que d'autres s'y créent (Attitude) ou sont reprises (ISC-Distrel, Mecodis). D'une manière générale, l'aide au design devrait aider de nouvelles entreprises à voir le jour. Que prévoyez-vous pour cette année et pourquoi ? 2005 devrait connaître une progression honnête, de l'ordre de 10 %, du fait de la bonne tenue des PME et de la relance de marchés porteurs (télécoms haut débit, transports terrestres et aériens). Le SPDEI table aussi sur la mise en place de grands programmes initiés par la Filière électronique, notamment ceux concernant le haut débit, la sécurité (incluant la télémédecine) et la domotique, où nous sommes très en retard par rapport à ce qui se passe en Europe du Nord. (*) SPDEI : syndicat français de la distribution de composants électroniques.

« Les clients ont plus que jamais besoin d’aide à la conception »

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