Couverture ElectroniqueS n°127

Les trois grands marchés de la carte à puce sont, dans l'ordre d'importance : la téléphonie mobile, le bancaire et le secteur de l'identité et de la sécurité. Mention spéciale pour les cartes sans contact, utilisées dans les transports. D'abord synonyme de carte de paiement, la carte à puce est surtout devenue depuis trois ans, industriellement et commercialement parlant, une carte télécom, la carte SIM (subscriber identity module), à la fois carte d'authentification et plate-forme de services du GSM tels que l'agenda, le pilotage de l'écran et du clavier. Mais avec le déploiement du standard international de paiement EMV (Europay Visa Mastercard), les applications bancaires retrouvent un nouvel élan et la promesse d'une forte croissance, même en France. Dans le même temps, apparaissent les premiers contours d'un troisième grand marché : celui de la sécurité et de l'identité, lié aux technologies de l'information et aux applications d'e-gouvernement (1). Les deux premiers secteurs génèrent en France un marché de plusieurs dizaines de millions de cartes par an, dont plus de 43 millions de cartes bancaires (hors cartes magnétiques) renouvelées tous les deux ans environ, et quelque 35 millions de cartes SIM, renouvelées, elles, de façon plus aléatoire. Précisons que, bien que l'appellation carte à puce désigne indistinctement les cartes à mémoire et les cartes à microcontrôleurs, lorsque l'on parle de cartes bancaires, de cartes SIM ou de cartes pour les marchés de l'identification, e-gouvernement, et sécurité informatique et réseau, il s'agit en majorité de cartes à microcontrôleurs. Les cartes à mémoires sont principalement des télécartes, dont le marché, en légère baisse, tourne autour du milliard de cartes chaque année, et des cartes sans contact (voir encadré I). La croissance est restée régulière dans le bancaire (en dix ans, le nombre de cartes a plus que doublé); mais dans la téléphonie mobile, si elle a connu la même explosion que celle du marché mondial en particulier en 1999 et 2000 où la progression a été respectivement de 53 et 85 %, elle a subi la même brutale retombée l'année dernière. La carte d'identité numérique arrive Mais il est un autre marché avec lequel les grands fabricants vont devoir compter. Il s'agit du marché des cartes d'identité (dont les cartes santé) du secteur public auquel on peut associer les marchés également prometteurs du contrôle d'accès au sens général, qu'il s'agisse de contrôle logique (sécurité des réseaux et des postes de travail, télévision à péage) ou physique (accès à des lieux publics ou privés et transport). Pour SchlumbergerSema, « les perspectives de marché, qui n'en demeure pas moins au stade de démarrage, sont immenses à l'horizon 2004 ». On voit que, en volume, les marchés de l'identité du secteur public obéissent à une logique d'utilisation similaire à celle des marchés du bancaire et de la téléphonie mobile : ce sont les trois applications « maîtresses » de la carte à puce. Le marché français reste en cela l'un des plus représentatifs de cette évolution : chaque Français possède en moyenne trois cartes à puce (une carte bancaire ou plus, une carte santé, une carte SIM). Trois marchés qui totalisaient l'an dernier dans le monde, selon SchlumbergerSema, un volume de 1,79 milliard de cartes. La part du lion en revenait aux applications télécoms (de l'ordre de 1 milliard de télécartes, et quelque 400 ou 450 millions de cartes SIM) avec une part de près de 84 %. La part du bancaire était de 145 millions de cartes, et celle des marchés autres (TV à péage, transport, e-gouvernement, IT, etc.) de 196 millions de cartes. En valeur, faute de chiffres disponibles, on en est réduit à des conjectures, mais on sait qu'il y a déjà deux ou trois ans que le marché des cartes à microcontrôleurs a dépassé celui des cartes à mémoires (pour l'essentiel les télécartes utilisées en publiphonie). En valeur, le marché des cartes SIM reste donc sans aucun doute le premier marché de la carte à puce (autour de 1,5 milliard d'euros). Mais, à terme, les trois grands marchés de la carte à puce (cartes à microprocesseur) devraient se rééquilibrer. Toujours selon SchlumbergerSema, ces marchés qui totalisaient en 2001 741 millions de cartes, étaient formés de 54 % de cartes SIM, 19,5 % de cartes bancaires et de 26,5 % de cartes autres (dont une part encore peu importante de cartes d'identité du secteur public). Les prévisions pour l'an prochain tablent sur une croissance de 52 % (soit plus de 25 % de croissance annuelle), et une distribution des parts de marchés plus resserrée : 48,8 % pour la téléphonie mobile, 19,5 % pour le bancaire, et 31,7 % pour les marchés autres (avec une part déjà plus importante d'applications de egouvernement). (1) Le terme « e-gouvernement » fait référence aux applications administratives qui font appel à des transactions électroniques, sécurisées ou non grâce à des cartes à puce (téléTVA, déclaration d'impôts via le Web, formulaires Urssaff en ligne, etc.). (2) Les chiffres du marché de la carte à puce sont régulièrement fournis par SchlumbergerSema et l'organisation Eurosmart. Cette association internationale basée à Bruxelles regroupe la très grande majorité des industriels de la carte à puce (33 membres, fabricants de cartes, de lecteurs et de terminaux).

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