Couverture ElectroniqueS n°127

TPS et France Télécom vont proposer un bouquet de programmes TV sur ADSL à Lyon pour Noël. Les autres grandes villes seront couvertes fin 2004, avant l'arrivée de la TNT (voir en première page). Trop de passionnés des technologies de l'information font encore la confusion : la télé sur ADSL, cela n'a rien à voir avec la télé sur Internet ; la transmission a lieu ici à côté d'Internet, dans le flux des 4 Mbit/s autorisés dans 70 % des cas par la technologie ADSL sur nos lignes téléphoniques. La transmission ne se fait pas sous IP comme sur Internet, mais en flux continu, en MPEG-4 (qui va bientôt permettre de transmettre un programme vidéo classique avec seulement 1,2 Mbit/s contre 4 Mbit/s avec notre “ vieux ” MPEG-2) ; la technologie ADSL permettra ainsi à terme de recevoir non seulement Internet, mais aussi le téléphone sur ADSL et deux programmes vidéo par foyer connecté, à choisir parmi 250 environ avec les meilleurs DSLAM qui s'installent actuellement dans les centraux téléphoniques. Nous avons déjà traité longuement dans nos colonnes de l'intérêt de cette technologie, presque parfaitement complémentaire de la réception des bouquets TV par satellite. Nous avons aussi traité longuement de toutes les peaux de bananes glissées sous les pieds des acteurs de cette technologie (voir notre numéro du 28 février pour un tableau des enjeux et nos numéros des 18 et 25 avril pour les peaux de bananes…). Restaient des incertitudes, non pas (pour nous du moins) sur la rentabilité potentielle de cette technique mais sur les retards qu'elle pourrait supporter du fait que le “ qui fait quoi ” n'était jusqu'à présent pas encore bien clair. Or, aujourd'hui, non seulement un accord est signé, mais une date de démarrage a été fixée. Presque sans intervention des pouvoirs publics, donc sans palabres susceptibles de tout retarder. Quelles observations cet accord inspire-t-il ? Une technologie “ ouverte ” Remarquons tout d'abord que l'accord est non exclusif : France Télécom signe aujourd'hui avec TPS mais il aimerait sûrement signer aussi demain avec Canal Satellite ou autres Lagardère. De ce fait, et c'est là un élément nouveau de ce dossier, France Télécom reste maître d'&oelig;uvre de “ son ADSL ”, avec facture associée, normes techniques associées et modem associé. Nous ne sommes pas ici sur un modèle économique de type minitel : l'usager devra régler deux factures séparées, l'une auprès de TPS et l'autre auprès de France Télécom (liaison ADSL + location du modem ; mais il est probable que le coût de la liaison ADSL avec vidéo sera très voisin sinon égal à celui de la liaison ADSL pour Internet, même si France Télécom devra changer les DSLAM les plus anciens de ses centraux téléphoniques au profit de nouveaux modèles, compatibles bouquets TV). En échange de cette indépendance, TPS abandonne une (petite) partie de son métier : alors qu'avec le satellite il “ ferme ” la plupart du temps son offre en louant un décodeur à ses clients, avec l'ADSL, il abandonne toute prétention technologique. D'un côté, il pourra donc éventuellement subir les inconvénients des coûts élevés de France Télécom auprès des clients. Mais d'un autre côté, il n'aura à attendre aucune mauvaise surprise de la part de la technologie, au contraire : on peut imaginer que France Télécom mette un point d'honneur à proposer ce qui se fait de mieux techniquement. Notons que TPS ne prend aucun risque dans l'affaire : le nouvel abonné ADSL ne lui coûtera pas plus cher qu'un nouvel abonné par satellite. Et la télévision numérique terrestre dans tout ça ? Gageons, si elle naît vraiment comme prévu, qu'elle ne sera avant tout considérée par les particuliers que comme une éventuelle source de nouveaux programmes franco-français d'un intérêt secondaire. Sans plus. Nos lecteurs réguliers savent que nous ne la pleurerons pas, car, telle qu'elle est prévue, elle n'est techniquement guère adaptée ni à la mobilité (TV pour les passagers arrière des voitures) ni à la portabilité (réception TV dans une pièce sans prise antenne). Observons aussi le magnifique coup double de France Télécom : non seulement il s'ouvre un nouveau type de marché dans cette affaire mais il sauve aussi et surtout sa vache à lait : la location des lignes téléphoniques. Car si 3 millions d'abonnés ont déjà résilié leur abonnement à une ligne fixe au profit d'un abonnement à un service de téléphone mobile, le mouvement risque de se ralentir fortement si les lignes fixes supportent à la fois Internet et un bouquet de programmes TV grâce à l'ADSL.

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